Son speech lors des visites à la Maison des esclaves ne laissait personne indifférent. Conservateur de la Maison des esclaves durant plus de 40 ans, Boubacar Joseph Ndiaye a fini de lier son nom à ce lieu historique. Par sa détermination de lutter contre l’oubli de ce commerce, le vieux sage de Gorée, avec son charisme dans la narration de cette histoire, touchait la sensibilité des visiteurs. 4 années après sa disparition, Le Quotidien revient sur la vie et l’œuvre d’un homme qui a su faire de sa mission contre l’oubli de l’histoire, un sacerdoce.
On ne peut pas évoquer la Maison des esclaves de Gorée sans penser à lui. Durant plus de 40 ans, Boubacar Joseph Ndiaye a été la mémoire de l’histoire de la traite des Noirs. Nommé conservateur de la Maison des esclaves en 1962, cet homme, plus connu sous le nom de Joseph Ndiaye, a bien rempli cette mission qui lui était confiée jusqu’à sa mort le 6 février 2009. Du plus petit touriste à la plus grande des autorités qui ont visité ces lieux, ils ont tous été émus par l’histoire de ce commerce qui leur a été rapporté par ce vieux sage. Durant les quatre décennies de sa vie qu’il a consacrée à ce lieu historique, il racontait avec charisme l’enfer quotidien des esclaves qui étaient détenus en ces lieux.
Celui qui fut le maître de ces lieux ne laissait aucun visiteur indifférent. Dans cette mission qui lui était assignée, il a su poser des pierres contre l’oubli et l’indifférence. Des maux qu’il n’a jamais cessé de fustiger à chaque fois que l’occasion se présentait. Pour lui, le fait de raconter cette histoire était un devoir de mémoire, sa conviction était qu’on ne peut pas balayer «d’un revers de main trois siècles de traite des Noirs». Il estimait qu’on ne parlait jamais assez de la traite des Noirs et que sa dévotion à la Maison des esclaves de Gorée était une tâche qu’il exerce dans le «sacerdoce» le plus extrême. D’ailleurs, si la Maison des esclaves a été restaurée par l’Unesco, c’est en partie grâce à sa détermination.
Ses écrits, un testament pour la postérité
Dans le but de lutter contre l’oubli de cette histoire, Joseph Ndiaye a même publié un livre intitulé Il fut un jour à Gorée. Un livre destiné aux enfants et qui comprend les différentes péripéties de cette page sombre de l’humanité. Dans cet ouvrage, le vieux sage de Gorée y raconte «la capture des africains, les marchés où on les vendait comme des animaux, les soutes pestilentielles des bateaux qui les emmenaient en Amérique et notamment aux Antilles, les plantations où ils travaillaient sous la menace du fouet, les récalcitrants ayant le jarret coupé».
De même, il y relate aussi «les grandes révoltes noires qui ont préservé la dignité de ce peuple humilié, et les luttes acharnées qui menèrent à l’abolition de l’esclavage». Ce livre apparaît ainsi comme la continuité de la narration des grandes lignes de la traite négrière dont ce conservateur avait décidé de «parler toute sa vie». Le vieux sage de Gorée a ainsi reçu dans cette maison de nombreux visiteurs de marque, notamment des chefs d’Etat, comme le Sud-africain Nelson Mandela, l’Américain Bill Cliton, mais aussi le Pape Jean Paul II et d’autres célébrités du monde de la culture qui ont eu à fouler le sol sénégalais.
Le mérite de cet homme a même dépassé les frontières sénégalaises, il avait été invité à la grande émission Tout le monde en parle sur France 2 le 6 mai 2006. Dans le même cadre, des hommes du 7ème art se sont aussi inspirés de son personnage, notamment le réalisateur algérien Rachid Bouchareb dans Little Sénégal : un vieux guide de la Maison des esclaves part en Amérique à la recherche de ses ancêtres. Par ailleurs, Joseph Ndiaye a lui-même joué son propre rôle dans le long métrage documentaire américain The Healing Passage : Voices from the Water (2005), de Saundra Sharp et dans Retour à Gorée, un film suisse mettant en scène le chanteur Youssou Ndour (2008).
Né le 15 octobre 1922 à Rufisque (28 km de Dakar), il fut ancien tirailleur, il a participé à la seconde guerre mondiale et à la guerre d’Indochine. Avant, il avait exercé la profession de compositeur typographe. A la fin de sa carrière militaire, il s’était lancé dans le commerce avant d’abandonner cette activité pour se consacrer à la Maison des esclaves. Il avait deux épouses et sept enfants. Avant sa mort, il a été distingué à l’Ordre national du Lion et fait chevalier de l’Ordre du Mérite sénégalais.
8 Commentaires
Thug
En Février, 2013 (14:48 PM)Malcom X Womenne
En Février, 2013 (15:00 PM)ak lislahe AMINE
Ndayane
En Février, 2013 (15:02 PM)Al Gor
En Février, 2013 (15:34 PM)Mami
En Février, 2013 (16:28 PM)Aboubacar Eros Sissoko
En Février, 2013 (17:56 PM)A plusieurs reprises j'ai pu entendre parler de lui ça et là
De telle sorte que mon admiration n'a jamais cesser de grandir pour lui
Joseph N'Diaye etait un grand homme comme dit les senegalais un JAMBAR
Djaradjof notre père et grand père
Inchallah il est au paradis
Fanch
En Février, 2013 (18:01 PM)Le vieux N'Diaye, prévenu par un visiteur Sénégalais fit venir des gros bras pour me foutre dehors, ce fut un bon moment de verité, il avait réellement peur que je mette un grain de sable dans sa petite entreprise de repentance et de mendicité...
Paix à son âme, les affaires continuent...
Vae Victis.
Glo
En Octobre, 2014 (08:03 AM)Participer à la Discussion