Visite du dispositif anti-inondations : Ousmane Ngom en banlieue sous haute protection

En attendant les fortes pluies d’août et de septembre, Ousmane Ngom et Oumar Sarr, qui visitaient les ouvrages contre les inondations, pavoisent en banlieue. 

Le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom et son homologue de l’Habitat, Oumar Sarr, sont visiblement ravis des ouvrages de lutte contre les inondations, réalisés dans la banlieue dakaroise. Les deux ministres, qui ont visité ces ouvrages hier dans les zones inondables des Maristes, de Thiaroye, de Guinaw rail, Diacksao, Sicap Mbao, Mbeubeuss, Keur Massar, Yeumbeul, Wourouwaye, Thiouroure, etc, ont exprimé leur satisfaction. ‘Les ouvrages promis par le président de la République sont réalisés et les autres sont en cours de réalisation. Donc, le président Abdoulaye Wade a respecté ses engagements envers les populations. Ces dernières qui, à pareille époque, avaient abandonné leurs maisons, sont là, aujourd’hui, sous le soleil’, déclare Ousmane Ngom, à Gouye Sapout, rappelant que Wade de passage dans la zone en 2007 avait promis de sortir ces populations de l’eau. ‘Grâce à ces travaux, il n’y aura pas, cette année, d’inondations comme les autres années’, renchérit Oumar Sarr.

Les principaux ouvrages sont terminés ou sont en cours de finalisation. Il s’agit des tranchées et des ouvrages de pompage et d’exutoire aux Maristes, des canaux d’évacuation des eaux le long de la route nationale, au niveau de Sicap Mbao plus précisément. Les travaux d’un canal de 2 à 3 mètres de profondeur de la construction d’une station de pompage pour le drainage des eaux de quatre points bas sur cinq à Tally Mame Diarra, Gouye Sapout et Ndiago bar sont en cours de réalisation. De même que les travaux d’interconnexion du bassin de Wakhinane Nimzatt au lac Thiouroure, sont effectués à hauteur de 80 %, selon les techniciens.

Toutefois, l’optimiste des deux ministres est apprécié diversement par les ingénieurs et les techniciens qui ont réalisé ces travaux. Certains murmurent que ces ouvrages vont réduire considérablement les inondations, sans pour autant les arrêter définitivement. En cause, la nature des sols, selon eux. ‘Ces quartiers sont bâtis sur des zones d’eau. Donc, les inondations sont inévitables’, nous confie un technicien. En plus, les opérations d’expropriation des terres pour le confinement des eaux tardent à être effectives. C’est le cas par exemple à Guinaw rail, derrière la mairie, où les travaux sont arrêtés à cause d’un conflit foncier opposant l’Etat à un tiers. Chez les habitants aussi l’optimisme n’est pas aussi tranché que celui des ministres.

A Tally Mame Diarra, Gouye Sapout et Ndiago bar, d’aucuns se réjouissent des travaux, espérant qu’ils mettront fin définitivement aux inondations, d’autres par contre préfèrent attendre les pluies pour juger de leur efficacité. Mais, pour d’autres, l’Etat a inversé les priorités. ‘Tous ces travaux sont nécessaires pour lutter contre les inondations. Cependant, il ne sert à rien d’évacuer l’eau des ruelles alors que nos maisons sont inondées’, peste Khardiata Dia, une habitante de Gouye Sapout. ‘Quand les maisons seront pleines, les gens vont inévitablement déverser l’eau sur la route. Alors, l’Etat devrait commencer par assainir les maisons avant d’assainir les rues’, appuie son voisin. Les bassins de rétention construits dans les quartiers Bagdad et de Médina Gounass, dans le département de Guédiawaye, sont déjà pleins. Certains commencent même à déborder de leur lit, installant ainsi la psychose alors que l’hivernage n’est qu’à ses débuts dans la capitale.

Une visite sous très haute surveillance

Les menaces de perturbation de cette visite par le syndicat des éleveurs de la nouvelle génération du foirail de Sicap Mbao, et celles de certaines populations de la banlieue qui disaient attendre Ousmane Ngom de pied ferme ont été prises très au sérieux. Et c’est sous très haute surveillance que le ministre de l’Intérieur et son homologue de l’Habitat se sont déplacés en banlieue. Des Gmi armés de lance-grenades, des policiers et des gendarmes veillaient sur la sécurité du convoi. En outre, trois éléments de la brigade d’intervention polyvalente (Bip) étaient venus renforcer la garde rapprochée du ministre de l’Intérieur. Un dispositif sécuritaire loin d’être comparable à celui d’il y a de cela deux semaines, quand le ministre de l’Intérieur inaugurait les commissariats de police de Golf sud et de Malika. Une visite émaillée d’incidents entre des policiers et le sous-lieutenant Sow de la gendarmerie.

MBEUBEUSS : Accueil tout en rouge pour Ousmane Ngom

Dans la localité de Mbeubeuss, une cinquante de personnes qui accusent l’Etat de les avoir expropriés, en faisant passer un canal d’évacuation d’eaux de pluies dans leur terrain, ont brandi des brassards rouges contre les ministres. Cependant, quand on leur a demandé de montrer les pièces attestant que le terrain leur appartient, ces manifestants n’ont pas été en mesure de fournir à la délégation ministérielle les documents nécessaires.