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Ambroise Sarr, entraîneur national: « Je conseillerais à Yékini d'arrêter la lutte…»

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Ambroise Sarr, entraîneur national: « Je conseillerais à Yékini d'arrêter la lutte…»
La bonne humeur d'Ambroise Sarr est communicative. Ainsi, après avoir réussi ses 72h à Palmarin, le week-end dernier, l'entraîneur national a accepté de nous accorder cette interview. L'ancienne gloire de la lutte tire le bilan de sa manifestation et décortique les grandes affiches en vue.  

Quelles sont vos impressions à l'issue de vos 72h de lutte ? 
Je suis très satisfait. J'ai vraiment une superbe impression. D'ailleurs, j'ai reçu beaucoup d'appels d'encouragements. Mais je dis à tout le monde que c'est le résultat d'un effort collectif. Je dois cette réussite à l'ensemble des personnes qui m'ont épaulé et soutenu. Sunu Lamb en fait partie. Maintenant, le mérite que j'ai, c'est d'avoir créé l'événement. 
  
Êtes-vous satisfait de la qualité des prestations des athlètes qui étaient en lice pendant ces 3 jours de lutte non-stop ? 
Absolument ! Il m'est même arrivé de vouloir terrasser la personne assise à mes côtés. Je tente des actions en même temps que le lutteur au point que je me vois terrasser son vis-à-vis. La qualité de la lutte que j'ai découverte ici est d'une rare beauté. J'ai été très ému du talent de ceux qui étaient en lice. Les athlètes ont pu s'exprimer techniquement parce que c'étaient des compétitions par catégories de poids. 
  
Khalifa Sow soutient qu'il est convaincu qu'on peut avoir jusqu'à 10 équipes nationales à Palmarin du fait des athlètes talentueux qu'on y trouve. Quel commentaire en faites-vous ? 
J'adhère à cette remarque de Khalifa Sow. Lui au moins ne peut jamais contester les choix que je fais. Il est très au fait de ce qui se passe dans cette zone. Il est vrai qu'on peut avoir 10 ou plusieurs équipes pour les compétitions de l'équipe nationale. Seulement, en le faisant, il y aura trop de bruit. C'est ce que j'évite en réalité. 
  
Qu'envisagez-vous de faire pour soutenir les champions de Palmarin ? 
La mairie de Palmarin a promis de nous trouver un cadre pour utiliser le tapis olympique que nous avons. On nous avait prêté un local pour y mettre le tapis. Mais après, ce local a été repris par la mairie. On n'a pas un autre local pour poser le tapis et travailler là-dessus. C'est pour cela que la nouvelle équipe de la mairie a promis de nous trouver un autre local pour nous permettre de travailler avec le tapis qu'on a. 
  
Allez-vous composer l'équipe nationale avec des athlètes qui ont brillé lors de vos 72h ? 
Un des vainqueurs de ces 72h faisait partie de ceux qui étaient en regroupement la dernière fois. Aussi, on ne veut pas précipiter les choses avec lui. Il a le temps pour apprendre. Il peut nous servir dans l'avenir. 
  
Palmarin compte plus de 15 champions d'Afrique, ne regrettez-vous pas qu'ils n'aient rien gagné de l'État sénégalais dont ils ont vaillamment défendu les couleurs ? 
Tout le monde sait comment les choses se passent avec l’Etat sénégalais.  L'État a promis une prime de 30 millions FCFA à chaque joueur de l'équipe nationale de foot, s'ils gagnent la Coupe d'Afrique. Je ne dis pas qu'ils l'auraient mérité  mais   il   y   a des athlètes qui ont remporté beaucoup de coupes sur la scène internationale sans jamais être récompensés à la hauteur  de   leurs succès. Nous sommes laissés en rade par l'État du Sénégal. On mérite des récompenses. 
  
Ne pensez-vous pas créer une association pour la reconversion sociale des anciens champions d'Afrique? 
Personnellement, je n'envisage pas de faire cela. La raison ? Si l'État ne sait pas ce que je fais pour le pays, ce n'est pas à moi de poser des actes pour nous faire entendre. 
Vous vous êtes appuyé sur quels leviers pour réussir ? 
Vous savez, il est bon de penser à son avenir au moment où on travaille. C'est cela qui vous mettra à l'abri des besoins dans le futur. Maintenant pour réussir, il faut se préparer à ça, prendre les devants. Il est beau de gagner de l'argent dans sa jeunesse, mais si tu n'investis pas, tu le regretteras un jour. C'est ce qui n'est pas souhaitable. 
  
Quelle appréciation technique faites-vous de la lutte à Palmarin ? 
On pourrait imaginer que je tire la couverture à moi, mais j'ai une bonne crème à Palmarin où il y a de talentueux lutteurs. Seulement, ce sont des lutteurs qui ne sont pas souvent sûrs de remporter les tournois qu'on organise ici. C'est pourquoi ils préfèrent aller ailleurs pour com­pétir. Je parle des Fodé Sarr, Babacar Mbissine, etc. Eux seuls peuvent vous donner la bonne réponse. 
  
Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir la lutte comme métier ? 
Ici à Palmarin, on devient lutteur dès sa naissance. Parce que c'est une zone de lutte. Mieux, mon propre papa ainsi que ses deux jeunes frères sont tous des anciens lutteurs. Mon père disait dans son bakk que sa maman a mis au monde 4 lutteurs en citant leur unique sœur comme étant la 4ème. Celle-ci avait le gabarit d'un bel athlète. Bref, j'ai hérité la lutte avant de l'apprendre. Mon père du nom de Thioul Yandé, son frère Diog Yandé, etc. ont tous pratiqué la lutte. 
  
Quel était le combat le plus difficile de votre carrière ? 
C'était mon combat contre Birahim Ndiaye. On avait fait match nul. Les amateurs qui avaient fait le déplacement au stade Demba Diop en étaient tellement satisfaits qu'ils ne voulaient même pas qu'il y eut un vainqueur. C'était un affrontement très agréable. Nous, les anciens lutteurs, passions d'abord par les mbappat. On était déjà très techniques. Aujourd’hui, les promoteurs préfèrent les mastodontes qui ne sont pas forcément de bons lutteurs. Pourtant, ce sont les poids moyens ou les plus jeunes athlètes qui sont talentueux. C'est eux qui produisent de très beaux combats. 
  
Quelle appréciation faites-vous du tournoi de la RDV devant regrouper Zoss, Tapha Tine, Ama Baldé et Gouye Gui ? 
C'est bien de participer à un tournoi. Le plus souvent, ça permet aux lutteurs de se révéler au grand public. En terminant premier d'un tournoi, on peut rapidement atteindre le sommet et gagner beaucoup d'argent. Les promoteurs de Dakar ont une politique qui fait qu'ils n'engagent pas souvent les vrais champions. Palmarin et d'autres zones regorgent de champions qui ont du talent et qui peuvent faire de meilleures prestations. Lors d'un regroupement de l'équipe nationale, Cheikhou Ousmane Sarr a plusieurs fois terrassé un lutteur qui fait du buzz dans l'arène. Ils ne sont pas meilleurs que les champions de la lutte simple. 
  
Est-ce qu'il ne s'agit pas de Gouye Gui ou Sa Thiès parce qu'on a appris qu'ils ont été une fois présélectionnés ? 
(Rires) Oui, c'est Sa Thiès. Il y avait aussi Gouye Gui de même que Sa Cadior 2. Depuis lors, ils ne viennent plus en équipe nationale. Dans l'arène, il y a plus de frappe que de lutte pure. C'est ce qui fait que parfois, il est difficile de voir de la technicité. 
  
Il se dit que Tapha Tine est celui qui a pris de gros risques dans ce tournoi. Qu'en pensez-vous ? 
On ne doit pas remettre en cause la participation de Tapha Tine dans ce tournoi parce qu'il est au sommet. Les jeunes aussi doivent s'expliquer avec leurs aînés. Tapha Tine en a eu l'opportunité avec d'autres qui lui ont tendu la perche. La question qui mérite d'être posée, c'est celle de savoir si ces jeunes qui ont la chance de se frotter à leurs aînés réussiront à escalader les escaliers pour arriver au sommet. 
  
Modou Lô que vous avez sélectionné à deux reprises en regroupement de l'équipe nationale a-t-il la chance de s'en sortir face à Bombardier ? 
Vous parlez du combat passé de Bombardier ou bien ? 
  
Non, son combat contre Modou Lô est ficelé... 
Ah Modou Lô a pris Bombardier ! Ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas pour rien que les Toubabs catégorisent les athlètes. Maintenant, la lutte a ses réalités. Elle crée parfois des surprises. Chacun d'eux peut battre son adversaire. Celui qui commet la moindre erreur va tomber (kou teureuf daanou). Mais aussi, s'il est dit dans ton destin que tu dois tomber, tu chuteras forcément. Peu de gens avaient misé sur Balla Gaye 2 contre Yékini. Au final, c'est Balla Gaye 2 qui est sorti vainqueur. Aucun lutteur n'échappera à une défaite si c'est son destin. 
  
Justement, Balla Gaye 2 va affronter Eumeu Sène qui, comme lui, sort d'une défaite. Quelle analyse faites-vous sur ce choc ? 
C'est Eumeu Sène / Balla Gaye 2 qui sera le grand choc de la saison. En effet, et cela n'engage que moi, celui qui perdra risque de passer deux ans de galère. D'aucuns pensent que le vaincu peut en pâtir pendant un an, mais je crois qu'il mettra 2 ans à se réhabiliter. C'est ce qui fait que Balla Gaye 2 comme Eumeu Sène feront tout pour se tirer d'affaire. 
  
Il se dit que Siteu a pris le risque de s'attaquer â Zarco. Comment appréciez-vous ce duel ? 
Siteu et Zarco sont deux techniciens. Je les connais. Zarco était à Foundiougne lors des éliminatoires du drapeau du chef de l'État. J'ai vu comment il aborde ses combats. Je me suis aussi fait une idée sur Siteu et sa façon de lutter. Ils se valent. Je ne peux pas dire que tel ou tel est favori dans ce combat. Zarco peut battre Siteu tout comme ce dernier peut bien le vaincre. Siteu a l'avantage de son allonge. Maintenant, lors de leur combat, les conseils de leurs coachs respectifs seront assez déterminants. 
  
J'ai comme l'impression que vous n'avez aucune relation avec Yékini. Qu'en est-il ? 
Yékini est notre lutteur, nous les Sérères. C'est un parent. S'il a un combat, c'est lui que je supporte et je prie pour sa victoire. Cependant, il faut noter qu'on n'a pas les mêmes fréquentations. 
  
Que dites-vous de son retour après sa seule défaite face à Balla Gaye 2 ? 
Si on demande mon avis, je lui conseillerais de mettre un terme à sa carrière. Il a fait ce qu'aucun lutteur n'a réalisé dans l'histoire. Il a un immense et riche palmarès. Il a battu toute sorte d'adversaires avec la manière. Aujourd’hui, il prend de l'âge. Si ça ne dépendait que de moi, il arrêterait sa carrière. Il n'a enregistré qu'une seule défaite dans sa carrière, mais il n'a plus rien à prouver. 
  
Qu'est-ce qu'il peut faire après sa retraite sportive ? 
Il peut créer son école de lutte pour encadrer des jeunes. Il peut faire d'autres activités. Pour terminer, permettez-moi de vous remercier de votre déplacement. J'aimerais, à chaque fois qu'on organise, que vous reveniez couvrir nos événements. Je remercie aussi le proviseur Khalifa Sow. Il va au-delà de ses préoccupations éducatives en tant que proviseur pour m'appuyer dans tout ce que je fais. 

Source : Sunu Lamb


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