Le coach des Lions, 41 ans, est le premier technicien sénégalais à avoir décroché une qualification en Coupe du monde comme joueur puis comme sélectionneur. Une performance qu'il doit à son ardeur au travail, ses qualités de meneur d'hommes, mais aussi à une pointe de chance.
Une image, une scène, un geste explique, peut-être, tout. Accueillis par une foule en délire, ivre de joie après la fabuleuse épopée du Mondial-2002, les Lions qui se sont inclinés en quart de finale, les armes à la main, paradent dans les rues de Dakar. Meilleur récupérateur du monde, le Président Abdoulaye Wade s'exhibe aux côtés des héros du moment et profite à fond de chaque seconde du bain de foule.
Près de lui, le capitaine de l'équipe. Digne et stoïque. Tout en retenue et crinière au vent. Ce garçon flegmatique, c'est Aliou Cissé. Malgré le parcours hors normes, qui a stupéfié la planète foot, le teigneux milieu de terrain n'a pas l'air satisfait. Tout est là : le caractère bien trempé et l'esprit de gagneur, digne de celui qui ne se contente pas de peu.
Aujourd'hui entraineur des Lions, Cissé a fait une petite entorse à son flegme de lord britannique lorsque ses joueurs l'ont porté en triomphe après leur époustouflante qualification pour le Mondial prévu l'été prochain en Russie. Pour cette fois, on le verra sourire. Et même se déhancher sur du mbalax. Parenthèse vite fermée.
Gagneur né… sous la bonne étoile
Visage verrouillé à double tour, le regard vif et inquiet, le sélectionneur national se laisse rarement aller. Même la clémence du tirage de la Coupe du monde, qui loge le Sénégal dans le groupe H avec la Pologne, le Japon et la Colombie, ne lui fera pas sortir une once d'émotion. Il est apparu à la télé très zen, serein parmi ses collègues présents à Moscou où se tenait la cérémonie. Obnubilé par ses objectifs : aujourd'hui, conduire les Lions le plus loin possible au Mondial et gagner la Can prévue en 2019.
Seize ans après Corée-Japon, l'histoire va continuer en Russie. Aliou Cissé, 41 ans, joueur puis sélectionneur, meneur d'hommes à tous les coups, est le seul Sénégalais à avoir décroché deux qualifications au Mondial de football. L'une en short-dossard-crampons, l'autre en costard. Mais, cette culture de la gagne n'explique pas tout. Des joueurs d'exception, hier El Hadji Diouf et Cie aujourd'hui Sadio Mané et ses amis, non plus. Il a aussi ce truc en plus, cette bonne étoile qui éclaire son chemin.
Comme joueur, en sélection, Cissé aura réussi une grosse prouesse : briller au milieu des étoiles. Il n'a ni l'aisance de Diouf ni la finesse et la précision de Fadiga, mais réussit à s'imposer comme titulaire et à prendre le brassard de capitaine à Pape Malick Diop. La suite est connue.
Ces premiers grands succès, Aliou Cissé les a obtenus comme joueur. Sous les couleurs du Paris Saint-Germain, il décroche le titre de vice-champion de France en 2000 avant de signer la saison suivante à Montpellier. En 2002, au terme d'une Coupe du monde de feu, cap vers l'Angleterre. Birmingham City et Portsmouth (2002-2006) l'accueillent tour à tour. Après quatre ans outre-Manche, retour en Ligue 1. Il renoue avec l'équipe de ses débuts, Sedan. Deux ans plus tard, il décide de rejoindre Nîmes (Ligue 2) pour une saison. Il n'est pas reconduit à la fin du championnat. Clap de fin.
Un coach précoce
Au terme d'une carrière professionnelle de 15 ans, Cissé embrasse très tôt la carrière d'entraineur. À 36 ans. Mais là où les grands commençants usent souvent leurs pantalons sur les bancs des clubs, au mieux derrière un titulaire inamovible, au pire dans les catégories de jeunes, Cissé choisit une sélection. Au bercail.
D'abord, il prend la direction de l'équipe du Sénégal des moins de 20 ans (Jeux de la Francophonie de 2013), puis monte comme adjoint de Karim Séga Diouf chez les Olympiques (Jo de Londres-2012) avant d'être bombardé au poste de sélectionneur de l'équipe A le 4 mars 2015 succédant ainsi à Alain Giresse.
Entraineur charismatique, Aliou Cissé a fini par faire de la Tanière son affaire. Pour atteindre ses objectifs, il s'est entouré d'hommes de confiance, Regis Bogaert, son ancien coach à Lille, et ses anciens coéquipiers, des figures de la Génération 2002 : Omar Daf, Tony Sylva et Lamine Diatta.
Aliou Cissé, c'est aussi une affaire de pénalty avec le Cameroun. D'abord, en tant que joueur, en finale de la Can-2002. Il manque son tir, comme El Hadji Diouf et Amdy Faye. Les Lions s'inclinent. Ensuite, en tant que coach, en quart de finale de la Can-2016. Son équipe est éliminée. C'est la cavalcade, la meute se rue sur Cissé, qui en prend plein la figure. Ses détracteurs se comptent parmi ses anciens coéquipiers.
"La faute revient à l'entraîneur, assène El Hadji Diouf. Avec de bons choix, jamais le Sénégal n'allait perdre face au Cameroun. Aliou Cissé croit qu'il a toujours raison."
Khalilou Fadiga acquiesce : "Aliou Cissé a toujours été comme ça. Il est toujours certain de ses choix. Ce serait bien qu'il échange avec certaines personnes pour pouvoir enlever cette carapace."
"Yaya Jammeh"
Le coach est borduré. Son départ est réclamé. En coulisses, on murmure que les méthodes d'Aliou Cissé seraient celles d'un dictateur. Un obsédé du travail, soucieux du moindre détail, un zélé. Dans la Tanière, les joueurs l'auraient affabulé du sobriquet de "Yaya Jammeh", ancien Président gambien, en bonne place au rayon des dictateurs sanguinaires. Diao Baldé en sait quelque chose.
Mais rien ne semble l'atteindre réellement. "Les critiques sont là, on ne peut pas les empêcher, minimise-t-il. Toute ma vie, j'ai été dans le milieu. J'ai été critiqué en tant que joueur, maintenant c'est en tant que sélectionneur. Ce n'est pas quelque chose qui m'empêche de vivre. Je ne donne pas de l'importance à ces choses-là."
Pour comprendre Aliou Cissé, il faut visiter son royaume d'enfance à Ziguinchor où il né le 24 mars 1976. Ses proches retiennent de lui, un homme au tempérament de feu, un "indomptable", précise son oncle maternel Mamadou Dème. "Il n'a peur de rien, dit ce dernier dans Wiwsport. C'est ce qui justifie qu'il ne rentrait jamais sans s'être bagarré avec quelqu'un. Il était très turbulent. Il ne pouvait se retenir devant une injustice. Il agit parfois sans même comprendre ce qui se passe en vérité."
Mamadou Dème se souvient d'un garçon pétri de courage. Qu'il n'a jamais vu courber l'échine devant un adversaire. Qui jouait aux justiciers. "Quand deux de ses amis se bagarraient il n'hésitait pas à prendre parti pour le plus faible. Il avait tellement confiance en sa force qu'il jouait le rôle de justicier avec tout le monde. Il était d'un courage extraordinaire."
Mais en dépit de son caractère bien trempé, Cissé est un "homme au grand cœur", se souvient Chérif Boubacar Massaly, son ami d'enfance. Son père, Mamadou Cissé, loue surtout son "franc-parler" : "Tel père tel fils", glisse un proche.
À l'école, Aliou Cissé était réputé moyen. Rien de plus. Dans un entretien avec Sport221, il avoue : "Je me contentais juste de passer en classe supérieur." Devenir footballeur, était son unique but : "Je n'ai jamais pensé à faire autre chose que le football. Pour moi, c'était clair dans ma tête, football ou rien. Mes parents étaient en France et je suis parti très tôt les rejoindre (à 9 ans, nous dit-on). Des recruteurs sont venus dans le quartier où je jouais en 1994. Ils m'ont engagé chez les pupilles après chez les minimes et ensuite ils m'ont amené à Lille où j'étais dans un centre de formation."
Londres, Paris, Dakar
Aliou Cissé est très peu disert sur sa vie privée. Marié à une Burundaise et père de 3 filles, il concède juste quelques bribes. "J'ai une famille dispersée, confie-t-il. Ma femme est en Angleterre, ma maman est en France, mon père est basé à Dakar. Et j'ai une fille qui vit aux États-Unis."
Lui, que les devoirs d'époux, de fils, de père et professionnels baladent entre l'Europe, l'Amérique et l'Afrique, vit donc entre deux avions. Décrit comme un mari attentionné, un papa affectueux, un ami fidèle, il ne rate jamais une occasion de retrouver les siens pour des vacances ou les fêtes de fin d'année.
Aujourd'hui, le Sénégal n'a d'yeux que pour lui. Seneweb l'a choisi comme Homme de l'année 2017. En 2014, en plein débat pour la succession d'Alain Giresse, nous l'avions désigné comme le meilleur choix pour diriger les Lions. Nous n'avions pas tort.
18 Commentaires
Moches Rastas
En Janvier, 2018 (12:14 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:28 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:30 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (12:36 PM)Seninfolive.com
En Janvier, 2018 (12:53 PM)Seninfolive.com
En Janvier, 2018 (12:54 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:12 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:14 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:20 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:39 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:52 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (14:08 PM)Sport : ok ppur Aliou Cisse
Politique : ok ppur Sonko
Social ; a voir
Intellectuels : Felwine Sarr
Affaires : a voir
Anonyme
En Janvier, 2018 (14:43 PM)Raymond
En Janvier, 2018 (15:24 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (15:46 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (19:01 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (20:14 PM)Anonyme
En Janvier, 2018 (13:19 PM)insuffisant pour faire une bonne coupe du monde ou CAN....
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