Premier league - Parti de Bordeaux pour Newcastle : Où est passé Henri Saivet ?

Parti de Bordeaux en janvier, Henri Saivet se morfond à Newcastle depuis son arrivée. Explications.

Les Bordelais vivent une saison à oublier. Même ceux qui sont partis à mi-chemin... Alors que les Girondins viennent seulement de valider leur maintien en Ligue 1, Henri Saivet a lui, disparu de la circulation dans son nouveau club, Newcastle, qu’il a rejoint en janvier. Constat et raisons.

Deux semaines de plaisir, puis le banc et la réserve
A l’heure actuelle, l’aventure anglaise de l’international sénégalais est clairement un échec. Avec seulement trois matchs joués en Premier League depuis son arrivée le 12 janvier, le Sénégalais est loin d’avoir un rôle aussi important qu’à Bordeaux, où il avait joué 17 des 20 premières journées (et inscrit deux buts) entre août et janvier. Celui qui fêtera ses 26 ans en fin d’année avait pourtant connu un beau départ, rentrant en jeu lors de la victoire à domicile contre West Ham (à la 57e, 2-1), et se montrant très heureux de ses débuts : «C’était vraiment fantastique. Je n’ai jamais vécu cette ambiance dans ma carrière. Je ne suis ici que depuis quelques jours mais tout se passe très bien.»
Puis il enchaîna sur deux titularisations, sur les pelouses de Watford puis Everton. Hélas, ces deux déplacements furent autant de défaites (2-1 puis 3-0), et de remplacements à l’heure de jeu. 
Mais depuis le 3 février, plus rien ! Pas une minute. Le compteur de Saivet reste bloqué à 147 minutes sur le rectangle vert. En bientôt quatre mois… 
Un sort qui peut surprendre, surtout le principal intéressé. Si le montant du transfert (6M euros) était raisonnable, cela tenait au fait que son contrat aux Girondins approchait de son terme (2017). Ce qui manifestait réellement l’envie de Newcastle de s’appuyer sur lui était la durée du contrat : 5 ans et demi, jusqu’en 2021.
Quoi qu’il en soit, Steve McClaren, alors en poste, a très rapidement cessé de l’aligner et même de le convoquer. Ainsi, le 8 avril dernier, Henri Saivet affrontait Arsenal avec… les U21 ! Aux côtés de Sylvain Marveaux notamment, le droitier cherchait à maintenir sa forme tant bien que mal, à l’ombre. Et il se rapproche dangereusement du groupe guère prisé des Français qui ont échoué chez les Magpies, tels Gabriel Obertan ou Yoan Gouffran.
Un sacré trou d’air pour celui qui faisait office de baroudeur dans l’Hexagone. A 25 ans, le joueur comptait déjà 183 matchs professionnels disputés avec les Girondins, sans oublier la vingtaine de rencontres disputées en prêt à Angers ou ses 14 capes avec le Sénégal. Sans aller jusqu’à dire qu’il allait s’imposer tout de suite, Saivet devait avoir sa chance. Mais son expérience n’a pas pesé. La preuve, Jonjo Shelvey -recruté lui aussi en janvier (à Swansea, contre 15M euros)- a disputé bien plus de matchs : 13, dont 11 titularisations. Mais on parle ici d’un Anglais, plus habitué aux joutes de Premier League. Ceci explique peut-être cela...

Un contexte difficile
Alors qu’il vivait dans son douillet cocon bordelais depuis 13 ans, dont 9 comme professionnel, son départ fut soudain. L’enfant du club remercia son club formateur, avant de traverser la Manche. Et de se retrousser les manches !
Homme de base de Willy Sagnol pendant la première partie de saison, Saivet se retrouva dans la peau d’un joueur qui doit faire ses preuves. Tout le chemin parcouru depuis ses 16 ans à Bordeaux, il allait devoir le refaire. Alors que son éclosion a été lente et difficile en Ligue 1, la logique voulait qu’il en soit de même voire pire en Premier League. Un Cham­pionnat où l’intensité est bien plus élevée. 
Autre raison, et non des moindres, Newcastle lutte pour le maintien. Une saison cauchemardesque qui a déjà coûté sa place à Steve McClaren, viré le 11 mars, avant la 30e journée.
Appelé à la rescousse -après avoir été lui aussi licencié, du Real Madrid-, Rafa Benitez ne fait pas beaucoup mieux. Dans l’urgence, l’entraîneur espagnol s’appuie au milieu sur des hommes rôdés à la Premier League : Jack Colback (27 ans) et Cheik Tioté (30 ans). Le premier est né à Newcastle, le second y joue depuis 2010. Et le poste de numéro dix est occupé par Moussa Sissoko, un joueur idoine au combat physique et aimé des supporters, qui porte désormais le brassard de capitaine.

La faute au changement de poste ?
Lorsqu’il a signé son premier contrat professionnel à seize ans, il terrorisait les défenses en tant qu’attaquant supersonique, dribbleur et tueur de sang-froid. Mais dans l’élite, il n’a jamais eu le même succès. Puis des blessures (fractures du pied gauche en 2008, puis du droit en 2009) ont perturbé sa progression.
L’enfant du club resta longtemps un espoir, mi-remplaçant de luxe, mi-titulaire décevant. Le natif de Dakar connaît sa première saison de titulaire en 2013-14 sous les ordres de Francis Gillot. Parfois ailier, parfois second attaquant, il lui manque toujours la vitesse et l’adresse nécessaires pour devenir plus qu’un homme utile : un homme fort.
Son repositionnement au poste de milieu défensif remonte au mois d’août dernier, lorsque Willy Sagnol tranche. L’ancien international juge que la vision du jeu et la qualité de passe du bonhomme feront davantage de bien dès la relance, que ce soit dans un milieu à deux ou à trois, en pointe basse. Henri Saivet semblait s’y plaire et rendait de fiers services. Mais il ne faisait que découvrir le poste, depuis six mois. Apparemment loin d’être suffisant pour s’imposer en Premier League...