De retour des Etats-Unis où il était parti se préparer en vue de son combat contre Serigne Ousmane Dia «Bombardier», le chef de file de l’écurie Ndakaaru, Yakhya Diop «Yékini» s’est soumis au jeu des questions-réponses de nos reporters à l’hôtel Radisson. À bâtons rompus, il n’a pas fait dans la langue de bois pour fustiger certains propos qu’il juge discourtois tenus, selon lui, par son adversaire du 2 janvier 2011. Entretien à vous couper le souffle avec le meilleur lutteur du cinquantenaire.
Vous étiez aux Etats-Unis pour vous préparer, sur quoi était axée cette préparation ?
J’étais parti pour augmenter ma musculature et mieux améliorer ma boxe.
Contre Tyson, vous aviez diminué votre poids, ce qui n’est pas
le cas aujourd’hui. Quelles sont les raisons et quel est votre poids
actuel ?
Oui, c’est vrai, c’est l’une des raisons qui m’avaient poussé à me
rendre aux Etats-Unis. En toute honnêteté, je n’ai pas cherché à savoir
depuis quelque temps.
C’est en fonction de l’adversaire donc.
Oui, je rencontre un poids lourd, donc il est très normal que
j’axe mon travail à ce niveau où j’ai travaillé de la musculation avec
des moniteurs très qualifiés.
Pourtant vous avez croisé le fer avec «Bombardier» à deux reprises, ne le connaissez-vous pas mieux que quiconque ?
C’est vrai, mais comme c’est une grande gueule qui passe son temps
à contester mes victoires. Je veux le battre afin qu’il ferme sa gueule
pour de bon.
Nous avons l’impression que vous en voulez à «Bombardier» pour les propos qu’il a tenus.
Non, loin de là ! Il n’est pas mon ami, mais plutôt mon adversaire
et je ferai tout pour lui clouer le bec une bonne fois pour toutes.
Votre adversaire soutient qu’il y aura de la lutte mais aussi de la bagarre. Vous préparez-vous en conséquence ?
C’est de bonne guerre, tout lutteur qui descend dans l’arène a
l’habitude de faire des déclarations d’intention. À chaque fois que je
le bats, il parle des sacs, alors que c’est lui qui a toujours fui pour
se réfugier derrière les sacs. Donc, quand vous rencontrez un lutteur
bavard qui conteste toujours une chute, vous devez tout faire pour qu’il
devienne muet à jamais.
Nous avions connu un Yakhya Diop «Yékini» très pondéré dans ses
déclarations, mais aujourd’hui, c’est un nouveau visage qu’on découvre
avec un discours à la limite même de chiffonniers. Pourquoi avez-vous
changé de ton ?
C’est à cause de mon adversaire. Même lorsque j’étais en
préparation aux Etats-Unis, il tenait toujours des propos discourtois et
même très désobligeants. Maintenant, il faut que je le rejoigne sur son
terrain.
Donc, c’est œil pour œil, dent pour dent.
Il y a des adversaires, quand je les rencontre, on sent qu’il y a
cette sorte de gentleman agreement entre nous et c’est le combat qui
nous lie. Par contre, mon adversaire du 2 juillet est quelqu’un de très
bavard.
Comment comptez-vous lui clouer le bec ?
Lui faire ce que je n’ai jamais fait à un lutteur. «Daan ko jeèl buma mësul daan kenn».
Vous demandiez aux organisateurs d’apporter une ambulance. C’est pour qui, «Bombardier» ?
Mon adversaire parle de chez «Ardo», moi je préfère qu’on apporte
une ambulance. Et mon souhait est de le corriger. Je dis bien mon vœu.
En tout cas, je demande au promoteur Gaston Mbengue de prendre en compte
cette dimension.
Vous préparez-vous en conséquence à cette bagarre ?
Je n’ai même pas d’arrière-pensée à ce sujet. Si vous vous
souvenez, lors de mes trois aux quatre derniers combats, je ne suis
parti attaquer personne. Ce sont mes adversaires qui sont venus à
l’offensive et je les ai battus. Cela veut tout dire. Donc, je prêt pour
la bagarre comme pour la lutte pure.
Est-ce que Yékini est toujours dans cette dynamique de ne pas connaître la défaite ?
Attention, soyons très clairs. Je n’ai jamais tenu de tels propos.
Je reprécise ce que j’ai dit au cours d’une interpellation de Malick
Thiandoum.J’ai dit bel et bien «Gëmu ma daanu». Je ne parle pas à la
place de Dieu. Je ne crois pas en la défaite.
Donc si je comprends, vous voulez dire que vous ne croyez qu’à vos qualités.
Exactement. «Dama gëm sa ma bopp». Je suis un athlète qui est prêt
à tous les niveaux. Face à certains de mes adversaires, je
n’emploierais jamais ces propos. Mais face à celui du 2 janvier, il faut
que je lui montre de quel bois je me chauffe, surtout après deux
victoires sur lui.
Quelles est la différence entre «Bombardier» en 2000, 2004 et 2010 ?
La différence est surtout liée à son attitude très bavarde. Il n’est plus le même que j’avais connu les années passées.
Mais nous voulons une explication.
Peut-être qu’il voulait en découdre avec moi pour une troisième fois.
«Bombardier» souhaite un corps à corps entre vous deux. Êtes-vous prêt ?
C’est pourquoi je vous ai tantôt posé la question pour demander
si, lors de mes derniers combats, vous m’avez vu attaquer un de mes
adversaires. Je suis toujours dans cette dynamique.
Donc vous n’allez jamais l’attaquer.
Je ne dis pas que je ne vais jamais l’attaquer. Mais ce serait
trop facile de venir le terrasser sans pour autant le corriger. « Daanko
mu ñibi dafay yomb torop». Vous savez quand vous êtes bien entouré, il
est très facile de tenir certains propos. Et c’est trop facile. Je ne
veux pas que ce combat soit aussi facile qu’on puisse le penser. Il doit
au moins durer afin que les amateurs soient satisfaits. Il n’a qu’à
assumer ce qu’il dit et l’on verra.
Ne prenez-vous pas trop au sérieux ce combat ?
Jamais, dans ma carrière, je n’ai pris aussi au sérieux un tel
combat. Il a dépassé même le cadre d’une conquête. «Romb na xare».
Donc vous mettez de côté l’aspect sportif.
Il dépasse de loin ce cadre, parlons d’autre chose.
C’est quoi donc ?
C’est un combat d’un vaillant guerrier qui va à la guerre.
Certains techniciens soutiennent que Bombardier est le seul
lutteur pouvant terrasser «Yékini». Est-ce à dire que vous voulez aussi
mettre fin à toutes ces palabres ?
Cela n’engage que ceux qui le disent. Je ne me préoccupe nullement
de ces gens. C’est le combat face à «Bombardier» qui m’intéresse, mais
les commentaires ne m’intéressent pas.
L’Association nationale de la presse sportive vous a élu meilleur lutteur du cinquantenaire. Que représente un tel titre ?
Permettez tout d’abord de dédier ce titre aux lutteurs de ma
génération avec qui j’ai lutté. Et si je l’ai obtenu c’est grâce à eux.
Cette consécration me motive à plus d’un titre et je dois gagner ce
combat du 2 janvier 2011 pour confirmer que je mérite une telle
récompense. Ce titre, vous ne le recevez qu’une seule fois dans votre
vie et il est heureux que ce soient les journalistes de mon pays qui me
l’ont décerné. Il vaut plus qu’un titre de roi des arènes. Je vais vous
raconter une anecdote. Une fois, un grand sportif avait décroché un
grand contrat et les journalistes lui avaient demandé si un tel contrat
ne pouvait pas le démotiver, du fait qu’il avait tout ce qu’il voulait.
Il a répondu tout de go, non. C’est ça qui me motive. Donc moi, c’est ce
titre que m’a décerné l’Anps qui me motive. Il vaut plus que le titre
de roi des arènes. Le titre de roi des arènes, on doit maintenant le
décerner à la nouvelle génération.
Donc vous répondiez aussi à vos détracteurs et le Cng qui disaient qu’il n’y a qu’un seul roi des arènes ?
En tout cas, tous ceux qui avaient contesté ce titre de roi des arènes vont s’y retrouver.
Vous avez battu vos aînés, les lutteurs de votre génération et
même la nouvelle génération. Qu’est-ce qui vous motive encore à rester
dans la lutte ?
C’est la gestion de la performance, la constance, la régularité.
Certains sportifs, dès qu’ils arrivent au sommet, ne se battent plus
pour se maintenir. Ce qui n’est pas mon cas. Je suis un gagneur, un
vainqueur et je veux toujours gagner ; donc pour se maintenir, il faut
faire d’énormes sacrifices.
Votre adversaire souhaite que la chute ait lieu au milieu de l’enceinte. Que répondez-vous ?
Si jamais nous quittons l’enceinte, c’est lui et pas moi. Je peux
même rester dans une circonférence d’un ou deux mètres de rayon.
Comment parvenez vous à concilier la lutte avec vos activités et votre vie de famille ?
Je fais d’énormes sacrifices pour concilier tout cela, car la
lutte est très difficile. Bécaye Mbaye de la 2STv m’avait posé une
question sur ce combat, je lui avais dit que je ne voulais pas prendre
d’avance pour le moment, car souvent, la préparation nécessitait
beaucoup de temps et cela demandait de gros efforts et de nombreux
sacrifices. Mais le promoteur m’a convaincu et j’ai signé. Mais durant
toute la préparation, tu es souvent sous pression, car en sachant que
j’avais pris beaucoup d’argent, il me fallait prendre des risques et me
sacrifier, sans compter aussi le souhait de battre mon adversaire. Mon
souhait est de préparer mes combats dans une période de trois mois et
pas plus.
Lors de votre combat contre Mohamed Ndao «Tyson», vous aviez perçu
un cachet de cent millions et contre «Bombardier», vous percevez moins.
Comment expliquez-vous un tel recul ?
Après le combat contre «Tyson», j’ai bel et bien dit au promoteur
de ne plus dévoiler mon cachet en public. Car le fisc était à nos
trousses et nous a créé d’énormes problèmes.
Mais parlant du fisc, une enquête que nous avons menée révèle
qu’avec Lac de Guiers 2 vous êtes les seuls lutteurs à respecter vos
engagements avec les impôts.
Je ne parlerai à la place de personne, encore moins citer des
noms. Mais tout citoyen doit payer des impôts. Cependant, je déplore la
manière dont les agents du service des impôts ont procédé. J’ai toujours
déclaré mes revenus.
Vous disiez une fois que vous n’alliez plus accorder de
revanche aux lutteurs que vous avez battus. Donc vous comptez offrir une
chance aux lutteurs de la nouvelle génération. Mais lesquels ?
Vous les connaissez et je ne citerai pas de noms. Après mon combat
du 2 janvier 2011, je serai à l’écoute pour une nouvelle proposition.
Lors de votre troisième confrontation avec Balla Bèye, vous
disiez souhaiter abandonner la lutte dans trois ans. Ce souhait tient-il
toujours ?
C’est en 2008. (Et il compte du bout des doigts 2008, 2009 et 2010). Attendons de voir.
Donc cette saison 2010-2011 sera votre dernière année de pratique.
Je ne parle jamais dans le néant et attendons de voir. Je tiens
toujours parole. Ce que j’avais dit hier, je le maintiens toujours.
Donc c’est clair qu’à la fin de la saison, Yakhya Diop «Yékini» va tirer sa révérence.
(Rires). Je maintiens toujours ce que j’avais dit.
Peut-on avoir les nouvelles d’Antoine Bakhoum qui vit aux Etats-Unis ?
Il a tourné le dos à la lutte. Il y a des lutteurs, dès qu’ils
quittent la lutte, c’est pour de bon et Antoine est de cette race. Il
mène sa vie aux Etats-Unis. Il ne reviendra plus dans la lutte. C’est un
homme de principe.
On ne voit plus vos poulains Mbagnick Ndiaye, Youssou Ndour et surtout «Yékini Junior».
«Yékini Junior» avait quelques difficultés, il est en train de se
préparer et il va revenir en force. Mais il faudra aussi savoir que
certains de mes poulains vont bientôt descendre dans l’arène. Il y a
Malick Niang, Boy Ngaye, Brise de mer, Séni et autres.
Après votre retraite, allez-vous donc passer le témoin à votre homonyme ?
Non, tout dépendra de celui qui va s’imposer. Je n’ai pas le droit
de choisir mon successeur et cela se fera le plus naturellement.
Quel message voulez-vous lancer à vos fans ?
Rien d’autre que ce qu’ils avaient l’habitude de faire. Respecter
le camp de l’adversaire, ne répondre ni à la provocation, encore moins
aux insultes.
22 Commentaires
Didokhdidem
En Novembre, 2010 (15:46 PM)Tapha 01
En Novembre, 2010 (15:58 PM)Kiser
En Novembre, 2010 (15:59 PM)Alakan
En Novembre, 2010 (16:04 PM)Lospou
En Novembre, 2010 (16:08 PM)[email protected]
En Novembre, 2010 (16:16 PM)tu es capable de tout
Abdou Lenoir
En Novembre, 2010 (16:18 PM)Jo
En Novembre, 2010 (16:47 PM)Fisa
En Novembre, 2010 (16:51 PM)alla
Mantova
En Novembre, 2010 (16:56 PM)Mamadou
En Novembre, 2010 (17:17 PM)Pierre Ndong
En Novembre, 2010 (17:25 PM)Casamancais
En Novembre, 2010 (17:30 PM)Kheus
En Novembre, 2010 (17:59 PM)Abou
En Novembre, 2010 (00:12 AM)Millo
En Novembre, 2010 (03:01 AM)Prince Julio
En Novembre, 2010 (10:08 AM)g du respect pr yekini pr ce kil a fait ds la lutte mais cet foi ci il est aller tro loin teh yallah beugoul kouy bakku et j pe parier bouko yobu ambulance dey sopp rekk il cherchera la facilite et ki connai yekini c k lou yomb rekk
Iba
En Novembre, 2010 (11:31 AM)Djibydaga
En Novembre, 2010 (18:20 PM)Ardo
En Novembre, 2010 (21:09 PM)Sow
En Novembre, 2010 (10:30 AM)Binta
En Décembre, 2010 (10:43 AM)Participer à la Discussion