Plus de 200 squelettes disposés soigneusement dans des fosses communes vieilles de plusieurs siècles ont été mis au jour sous un supermarché, en plein cœur de la capitale.
Les clients du supermarché ignoraient certainement que quelques mètres sous leurs chariots se trouvaient plusieurs centaines de squelettes. En plein centre de Paris, dans le IIe arrondissement, près du métro Réaumur-Sébastopol, des fouilles dans le sous-sol d'un Monoprix, menées par une équipe de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), ont permis d'exhumer des fosses communes vieilles de plusieurs siècles.
À cet endroit, on sait que se trouvait le cimetière de l'Hôpital de la Trinité fondé au XIIe siècle et détruit à la fin du XVIIIe siècle. Au moment de sa désaffection, les restes des défunts avaient été transférés en partie aux Catacombes de Paris où ils sont toujours. «Mais apparemment, le travail n'a pas été bien fait», note l'archéologue Isabelle Abadie, qui dirige les fouilles.
«L'occasion de fouiller ce type de contexte est peu fréquente alors que de nombreux aspects des pratiques funéraires associées aux hôpitaux médiévaux et modernes restent méconnus», indique l'Inrap sur son site Internet.
Huit fosses
Sur la zone fouillée de 100 m2, huit fosses communes ont été découvertes. Sept d'entre elles comptent entre cinq et vingt individus, déposés sur deux à cinq niveaux. La huitième fosse, la plus impressionnante, a permis de découvrir plus de 150 squelettes, disposés sur plusieurs niveaux. «Mais il reste encore une autre couche en dessous», indique l'archéologue.
Sur un terrain sablonneux, des dizaines de squelettes bien conservés sont alignés les uns contre les autres. Les individus semblent avoir eu les bras croisés et les jambes serrées, laissant penser qu'ils étaient enveloppés dans un drap ou un linceul. «Ce qui est étonnant, c'est que les corps n'ont pas été jetés mais déposés avec soin, de façon organisée. Les individus, hommes, femmes, enfants, ont été placés “tête-bêche” sans doute pour gagner de la place», explique l'archéologue Isabelle Abadie. «Cela laisse à penser qu'il y a eu beaucoup de décès d'un coup. «La fouille des sépultures permet de mieux comprendre les pratiques funéraires mises en place en milieu hospitalier aux époques médiévale et moderne, indique l'Inrap. Elle offre notamment l'opportunité d'observer la gestion des morts par les vivants en cas de crises de mortalité.»
Course contre la montre
Reste à pourquoi autant de personnes sont mortes dans un temps aussi rapproché: épidémie, fièvre ou famine? Paris a été frappée par plusieurs épidémies de peste au XIVe, XVe et XVIe siècles. La capitale a aussi été touchée par la variole au XVIIe.
Les restes osseux ne présentent pas de lésions permettant d'identifier la cause de ces décès en masse. Des prélèvements ADN sont en cours pour tenter de la déterminer. Ils permettront aussi d'établir d'éventuels liens génétiques entre les individus. Des datations au Carbone 14 vont également être réalisées pour comprendre à quand remontent ces fosses communes. Les archéologues ont trouvé quelques morceaux de céramique médiévale de période plus récente.
«Dans le cadre du réaménagement du magasin, nous avons décidé de supprimer un promontoire qui se trouvait au deuxième sous-sol, ce qui a déclenché des fouilles préventives», explique Pascal Roy, directeur du magasin. «Nous nous attendions à ce qu'il reste quelques ossements dans la mesure où cela avait été un cimetière mais pas à trouver des fosses communes», ajoute-t-il. A présent, une course contre la montre est engagée pour les archéologues: ils doivent avoir terminé les fouilles d'ici au 20 mars, afin de permettre au magasin de mener ses travaux. Il reviendra ensuite à l'État de donner une sépulture définitive à ces défunts.
5 Commentaires
Sms
En Mars, 2015 (10:58 AM)Billyjoe
En Mars, 2015 (14:36 PM)Djibs
En Mars, 2015 (19:59 PM)Lez
En Mars, 2015 (00:21 AM)Oh Hoooooo
En Mars, 2015 (07:55 AM)Participer à la Discussion