A Mon Ami Ndongo Fall, REPOSE EN PAIX (Par Ousmane Sané Balama)
Lorsqu’aux environs de minuit j’ai lu le message sur WhatsApp que m’a envoyé notre jeune frère commun Cheikh Béye, de ton rappel au Seigneur, je me suis immédiatement rabattu sur les appels de mon téléphone pour m’apercevoir que ta belle-famille m’avait effectivement appelé à 21 heures et laissé également un message audio pour m’annoncer la triste nouvelle. J’ai immédiatement rappelé et j’en ai eu la confirmation. J’ai été tout simplement bouleversé, mais je tenais encore bon. Les choses ont commencé à se compliquer pour moi lorsqu’il m’a été communiqué l’heure et le lieu de la levée du corps et de l’enterrement. J’étais en face d’une dure réalité contre laquelle je ne pouvais rien. En ce moment, je ne pouvais plus me retenir et j’ai craqué. Je réalisais que Ndongo Fall, mon ami que j’appelais affectueusement Boy Coki et qui me lançait à son tour du Boy Diola, n’est plus de ce monde. Il est effectivement parti et j’ai pleuré. Oui, j’ai beaucoup pleuré, tout seul. Vers 5 heures du matin, ma solitude a été brisée par les nombreux appels et messages de soutien de ma famille et de mes amis dont la plupart des magistrats qui connaissait la profondeur de nos relations. Ndongo était un homme foncièrement bon, discret, affable, honnête, policé, fidèle en amitié et très sensible ; hé oui, sensible ! Il était un magistrat compètent, intègre, d’une grande acuité intellectuelle, courageux, que rien ne pouvait ébranler dans son engagement professionnel. Il était pareil sur le plan personnel. Lorsqu’en 1979, j’ai pris service au tribunal de première instance de Kaolack en qualité de juge au siège, c’est Ndongo qui m’a accueilli chez lui dans la villa qu’il occupait déjà avec feu Lamine Bousso, substitut du Procureur de la République. Nous faisions et partagions tout, ensemble : petit déjeuner, déjeuner, dîner, sorties nocturnes, déplacements sur Saint-Louis pour visiter notre grande sœur Dior Fall (PR), Cheikh Tidiane Mara (Substitut), mon jumeau Ass Tall (Juge d’instruction). Je revois encore notre petite bande d’amis composée de Mandiogou Ndiaye, substitut, feu Ali Sarr, juge d’instruction, Grand Mbaye Ndao, Douane, le Commissaire feu Alassane Samb, bande qui s’élargissait les week-end avec feu Modou Awa Balla, Douane, Ousmane Dièye, Douane, Malick Camara Ndiaye, Trésor, Ass Tall, juge d’instruction à Saint-Louis et mon autre jumeau Laye Seck, substitut à Ziguinchor. Ça grouillait de vie et de bonheur. C’était un conglomérat de jeunes cadres de l’administration solidaires, à l’esprit ouvert, bruyants, mais déterminés tous dans l’accomplissement de leurs missions respectives. De tout ce monde, Ndongo était le plus calme, celui qui n’élevait presque jamais la voix et que personne, sauf moi, n’interpelait joyeusement. De son côté, il ne manquait aucune occasion pour m’envoyer des « gentillesses » et chacun de nous menaçait l’autre d’envoyer des « dossiers » au journal Le Politicien ou à Promotion. Oui, tous nos amis et collègues me reconnaissaient cette outrecuidance affectueuse envers certains de nos amis « intouchables » que je secouais souvent, au grand dam de certains de nos proches. Il en était ainsi avec mon frère Abdou Latif Coulibaly, qui nous recevait souvent à sa table avec son frère Cheikh Tidiane, volait tout le temps à son secours lorsque j’attaquais - à tort beaucoup plus souvent qu’à raison il est vrai – Ndongo, en me disant : « Grand bayil Ndongo tranquille, boul déconné, suis pas d’accord ». Oui Latif aimait profondément Ndongo - qui le lui rendait bien - et n’acceptait pas du tout une « attaque » contre son grand frère. Mais Cheikh Tidiane passait tout son temps à rire aux éclats, sachant qu’entre Ndongo et moi, c’était comme ça.
Cette outrecuidance pleine d’affection, je l’ai encore manifestée lors du rappel à Dieu de feue Khady Badiane, épouse de Ndongo, une femme exceptionnelle de piété, de bonté, de discrétion, à l’image de ses parents et de son époux et qui n’a jamais changé d’un iota vis-à-vis de ses « maris ».
De retour de son inhumation à Touba, j’appelais Cheikh Tidiane Coulibaly pour lui présenter mes condoléances lorsqu’il me fit savoir que Ndongo était à ses côtés dans sa voiture. M’adressant à ce dernier, je lui fis : « Ndongo, je suis vraiment triste et dévasté par cette nouvelle. Je te présente mes condoléances ci lu nu bokk. Mais je dois te dire une chose : si le tout-Puissant a rappelé à Lui notre chère Xady Badiane, c’est pour qu’elle t’ouvre grandes ouvertes les portes du Paradis lorsque tu la rejoindras (Yala Na Yeex). Il en est de même pour la plupart d’entre nos amis, car si nous partons les premiers, nous les hommes, nos dossiers seront tous renvoyés sine die en attendant la comparution de nos épouses » . Je venais ainsi de détendre Ndongo et Cheikh Tidiane, son frère, qui se mirent à rire après cette douloureuse circonstance. C’était en fait le but recherché. Depuis plus d’une année, je suis rentré définitivement au Sénégal et me suis installé dans le village de Djibelor, Ndongo et Bira Gueye, un autre ami fidèle de Ndongo, m’avaient promis de venir passer une semaine dans ma ruralité. Après plusieurs reports, ils ne sont jamais venus. Allah en avait décidé autrement. Ndongo Fall demeura jusqu’à mon dernier souffle, un homme, un magistrat, un père de famille modèle que je porterai toujours dans mon cœur. De Boy Coky dans nos moments de turbulence, il était devenu pour moi Serigne Coky. Mes sincères condoléances à sa famille éplorée, à Ameth, le fiston policé, Ndèye Cissé, Mame Faty, à toute la famille judiciaire, en particulier à Cheikh Tidiane et à Abdou Latif Coulibaly, à Bira Guèye, à tous nos amis communs. Qu’Allah l’Accueille En Son Paradis, aux côtés de sa douce moitie Khady Badiane, de Ameth Fall et de son attachante et pleine d’humilité belle-sœur Mously Diop arrachée à notre affection il y a seulement quelques jours. Ndongo, REPOSE EN PAIX Ousmane Sané Balama Djibelor, Ziguinchor, Sénégal
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