On ne cache pas le soleil avec une main. Personne n’ignore l’identité de l’agresseur dans la guerre qui oppose depuis trois ans l’Ukraine à la Russie. On peut débattre autant qu’on veut de la légitimé ou non de cette agression, cela n’enlèvera rien au fait qu’un Etat souverain a été brutalement attaqué par un autre, imbu de sa toute puissance militaire.
Que des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en viennent à soutenir cette invasion parce que Moscou leur apporte une aide militaire contre le terrorisme, est une faute.
« L’ami de mon ennemi est mon ennemi »
Il n’échappera à personne que le Mali a voté en février 2023 contre une résolution onusienne appelant la Russie à « retirer ses forces » armées de l’Ukraine.
Comment veut-il que l’Ukraine digère une prise de position aussi claire et tranchée ?
Bamako accuse Kiev de soutenir des groupes terroristes au Sahel, mais ne dit-on pas que l’ami de mon ennemi est mon ennemi. Le Mali et les autres pays de l’AES espéraient-ils que l’Ukraine les caresse dans le sens du poil alors que leur allié la Russie, la bombarde nuit et jour et tue des milliers de personnes ?
Regardons la situation avec une certaine froideur. Il est vrai que Kiev n’a absolument pas le droit de soutenir des mouvements terroristes contre l’AES, mais si tant est qu’il l’a fait, sa posture peut se comprendre.
Si « l’Ukraine est un Etat terroriste », qu’en est-il de la Russie ?
Récemment, les trois ministres des Affaires étrangères de l’AES se sont rendus à Moscou pour une session de consultations avec leur homologue russe Sergueï Lavrov. Dans la capitale russe, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a accusé l’Ukraine d’être un Etat terroriste.
« Pour nous, l’Ukraine est un État terroriste. L’Ukraine soutient le terrorisme, il faut l’arrêter » a-t-il déclaré.
M. Diop a peut-être raison, mais qu’en est-il de son allié, la Russie ? Qu’en est-il des millions d’Ukrainiens que Moscou terrorise depuis le début de cette invasion?
Plus aberrant, on entend Serguei Lavrov emboucher la même trompette. Pour lui, le « nouveau régime de Kiev soutient ouvertement les groupes terroristes dans cette partie de l’Afrique, tandis que ses sponsors occidentaux ferment les yeux ».
De toute évidence, c’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Sans s’en douter, les pays de l’AES confortent Moscou dans sa position de prédateur dans le conflit ukrainien. Ils font semblant d’ignorer que si Kiev a soutenu des groupes terroristes au Sahel comme ils le prétendent, ce n’est pas parce qu’il a des comptes à régler avec eux. C’est la Russie qui est clairement visée.
Au vu des propos qu’ils tiennent, ils n’auront probablement jamais cette hauteur d’esprit pour le reconnaître, parce qu’ils veulent plaire au tsar de Moscou. Ces pays de l’AES filent un mauvais coton.
« Moscou ne sera jamais le messie de l’Afrique », encore moins celui de l’AES »
La Russie n’est pas l’ange, malgré tout le soutien militaire qu’il peut leur apporter dans leur lutte contre le terrorisme. Kemi Seba a l’habitude de dire : « Moscou ne sera jamais le messie de l’Afrique », encore moins celui de l’AES.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger gagneraient à avoir une posture prudente en ce qui concerne les questions internationales. Pourquoi ne pouvaient-ils tout simplement pas se garder de prendre fait et cause pour la Russie dans ce conflit ukrainien ?
Des pays comme le Bénin entretiennent de bons rapports avec la Russie, mais le président Patrice Talon a toujours dénoncé l’agression russe en Ukraine.
« L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne »
Certains diront que comparaison n’est pas raison mais le Bénin subit aussi des attaques terroristes, peut-être pas dans les mêmes proportions que les pays de l’AES.
Ces États sahéliens doivent semble-t-il éviter de danser sur la musique jouée par l’orchestre du Kremlin . L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne, c’est une brèche par où passe la lumière. Ce n’est pas tout accepter, mais tout questionner.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion