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Monday 01 September, 2025
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LA TRANSHUMANCE POLITIQUE, UN PHENOMENE QUI DEGRADE LA DEMOCRATIE

Auteur: Erwan Davoux

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Les exemples ne manquent pas à l’approche des élections législatives…. Aminata Touré en est un exemple marquant. Elle ne fut rien moins que Premier ministre et ministre de la Justice du Président Macky Sall et fit un caprice de diva lorsqu’elle ne parvint pas à la Présidence de l’Assemblée Nationale. Loin d’être reconnaissante à celui qui lui avait permis d’occuper de très hautes fonctions, elle finit par voler au secours de la victoire du Pastef. Désormais quel est son objectif ? Ce ne peut être rien moins que la Primature ou la Présidence de l’Assemblée Nationale ? Mise-t-elle sur une dissension entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko pour se frayer un chemin ?
Ce cas n’est pas isolé, citons par exemple l’ancien ministre de la Justice Malik Fall ou, plus récemment, Adji Mbergane Kanouté, investie sur la liste de l’opposition Takku Wallu. Ancienne vice-présidente du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, son départ est l’un des plus incompréhensibles.
Figurer sur une liste officielle puis changer de camp en cours d’élection est le comble du déshonneur. Peut-être que légiférer sur la question serait souhaitable afin d’interdire de tels comportements qui font fi du choix libre et sincère de l’électeur.
Ces comportements, loin d’être anodins, sapent les fondements démocratiques. Ils témoignent que certaines figures politiques sont plus attachées aux postes et aux honneurs qu’aux idées. Qu’on ne peut leur faire confiance car ils n’ont pas de convictions. Que leur personne passe avant l’intérêt général ou national. La démocratie suppose un choix clair sur des programmes clairs et non de transhumer pour sauver sa petite personne… Des alliances de partis politiques sont de nature à entrainer les électeurs dans une dynamique positive.
En revanche, les débauchages individuels, eux, ont rarement produit les effets escomptés. D’abord parce que les politiques ne sont pas propriétaires de leur voix. Mais, au-delà, cela créée de la sympathie pour ceux qui sont fidèles à leurs idées. Le Sénégal est loin d’être la seule nation dans ce cas. L’opportunisme politique sévit partout. Mais il est rarement bénéfique à celui qui s’en rend coupable, sur le moyen ou long terme.
Je me souviens d’avoir assisté, alors étudiant, en 1994 à un meeting de campagne de Jacques Chirac, loin d’être favori, qu’il conclut ainsi « vouloir à tout prix être dans le sens du vent, c’est se condamner à avoir un destin de feuilles mortes ». Celui qui avait été trahi par nombre de ses proches qui lui devaient tout, tint bon et fut élu président de la République Française. Ces trahisons loin de le desservir lui attirèrent une grande sympathie des électeurs voyant un homme tracer son chemin, pour le bien de son pays, malgré les coups de poignards dans le dos.
Erwan Davoux est conseiller senior en Affaires internationales.
Auteur: Erwan Davoux

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