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Tuesday 02 September, 2025
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Entre fiction et société : quand les séries sénégalaises questionnent les normes

Auteur: Aïcha FALL

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Entre fiction et société : quand les séries sénégalaises questionnent les normes

Les productions télévisuelles sénégalaises connaissent un engouement grandissant, bien au-delà du territoire national. Des feuilletons comme Maîtresse d’un homme marié, Virginie, Infidèles, Cœurs brisés ou Emprises cumulent des millions de vues sur YouTube, avec une audience qui dépasse les 6 millions sur certains épisodes. Près de 35 % des spectateurs sont situés hors du Sénégal, notamment dans les pays voisins d’Afrique francophone et dans la diaspora. Ces fictions, souvent diffusées sur les plateformes de streaming, accompagnent désormais le quotidien de nombreux foyers, tout en devenant objets de discussions passionnées.Ces séries s’emparent de sujets sensibles comme l’amour hors mariage, les tensions conjugales, les conflits entre générations ou encore les ambitions féminines face à des structures sociales parfois rigides. Pour certains, elles reflètent une réalité qu’on ose enfin raconter à l’écran, donnant une voix à des vécus longtemps tus. Elles apparaissent alors comme le miroir d’une société en pleine mutation, où les jeunes générations réinterrogent les normes établies. Pour d’autres en revanche, ces scénarios véhiculent des messages perçus comme contraires aux valeurs culturelles et religieuses dominantes. Des scènes jugées trop explicites ou des intrigues trop libérales en matière de mœurs ont nourri des critiques virulentes, certains y voyant une banalisation de comportements déviants, voire une menace pour la cohésion morale.Mais au-delà des polémiques, il serait réducteur de résumer le paysage audiovisuel à ces seules représentations controversées. Plusieurs créations abordent avec justesse des maux profonds de la société sénégalaise. La série bete bete, par exemple, évoque avec audace la question des castes et des discriminations héritées, tandis que Borom Keur (à venir) s’attaque au sujet sensible du partage des héritages et des injustices familiales qu’il peut susciter. Ces programmes permettent ainsi de mettre en lumière des enjeux sociaux parfois passés sous silence, en servant de support à la réflexion collective. Entre dénonciation et catharsis, ils s’imposent comme des espaces d’expression, où le divertissement croise la critique sociale.Loin de faire l’unanimité, ces feuilletons populaires divisent. Pour certains, ils participent à une dégradation des repères culturels ; pour d’autres, ils révèlent des réalités souvent enfouies et donnent matière à débat. Leur succès, leur influence et les réactions qu’ils suscitent témoignent d’un fait : ils occupent désormais une place centrale dans l’imaginaire collectif et la fabrique du discours social.
Auteur: Aïcha FALL

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