
Village presqu’île, Youtou est situé dans le département d’Oussouye (région de Ziguinchor). Pour les observateurs de la crise casamançaise, il est l’une des localités les plus affectées par les conséquences du conflit en Casamance qui dure depuis près de 30 ans.A partir du pont de Nyabalang, il faut une heure à bord d’une pirogue pour rejoindre Youtou. Depuis 1995, ce village se vide de ses habitants, qui fuient le conflit casamançais. «Nos voisins s’étaient presque tous réfugiés en Guinée-Bissau et en Gambie», indique le chef de village, Nicolas Diédhiou.Le décor donne raison à notre guide. Puits abandonnés et demeures en ruine retiennent d’abord l’attention du visiteur des lieux. «Ici, c’était le foyer des jeunes de Youtou. Là-bas, c’est une maison. Son propriétaire s’était réfugié en Guinée-Bissau où il est décédé», indique le chef du village d`une voix tremblante.Pour fuir l’ampleur des violences de la crise en Casamance, les populations de Youtou, qui comprend six quartiers, avaient choisi la fuite. La proximité de la Guinée-Bissau, située à l’autre rive d’un marigot, facilitait les flux de populations.Nicolas Diédhiou n’a pas échappé aux mouvements. Mais contrairement à la plupart des habitants de Youtou, il avait choisi de s’installer dans la commune d’Oussouye, à l`intérieur du Sénégal.Depuis le début de l’année, les populations ont commencé à regagner le village. Les nombreux bâtiments en construction en témoignent. Les populations s’en réjouissent.«Pour le moment, nous avons construit 116 maisons qui doivent abriter les déplacés qui sont revenus», explique Mexant Sambou, habitant de Youtou. François Diédhiou, un autre villageois, de souligner avec enthousiasme : «Les constructions vont se poursuivre.»Les activités agricoles reprennent aussi petit à petit. Armé de son Kadiandou (instrument avec lequel on cultive le riz), Ernest revient des champs. «J’étais parti défricher ma rizière», lance-t-il. Ce qui n’était pas possible, il y a peu.Au milieu du village, beaucoup de jeunes se sont regroupés pour tisser des pagnes. «Nous préparons la danse Essanuéy qui précède l’initiation», informe Pierre, un candidat au rite. «Nous attendons cet événement avec impatience», révèle son copain Etienne.
Auteur: Yara Diedhiou
Publié le: Mardi 27 Avril 2010
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