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Monday 01 September, 2025
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Développement : le modèle chinois, une voie inspirante mais « non transposable » pour le Sénégal

Auteur: Ousmane Dicko, envoyé spécial

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De la pauvreté extrême à une puissance mondiale : tel est le parcours fulgurant de la Chine, qui, en quelques décennies, a transformé son économie, sa société et son rôle sur la scène internationale. Pourtant, malgré l’admiration que suscite ce succès, des voix appellent à la prudence quant à l’idée de transposer le modèle chinois dans les pays africains, notamment au Sénégal.
Dans les années 1950, la Chine comptait parmi les nations les plus pauvres du globe. Aujourd’hui, elle est la deuxième économie mondiale. Ce redressement spectaculaire repose sur un modèle de développement unique : planification stratégique, investissements massifs dans les infrastructures, l’éducation, un contrôle centralisé de l’économie et une « démocratie à la chinoise ».
Mais cette réussite ne doit pas faire illusion, car le contexte chinois est profondément différent de celui du Sénégal, prévient Yang Baozhen, ancienne consule de Chine en France et ex-responsable de projet à l’Agence canadienne de développement international.
« Le Sénégal peut s’inspirer de la Chine, mais il ne faut pas copier notre modèle. Nos deux pays n’ont ni les mêmes croyances religieuses, ni la même idéologie », affirme-t-elle. Selon elle, le danger réside dans la tentation d’importer des modèles étrangers, qu’ils soient chinois ou occidentaux, sans les adapter aux réalités locales. La diplomate chinoise pointe également ce qu’elle considère comme une certaine hypocrisie occidentale, notamment sur la question de la démocratie. « Les Français, par exemple, peuvent se permettre de débattre longtemps, car ils sont riches. Mais les pays pauvres doivent être plus pragmatiques. Ils n’ont pas de temps à perdre. Il faut travailler davantage pour combler le retard », insiste-t-elle.
Ce discours met en lumière une différence fondamentale de perception entre les modèles de gouvernance. Là où les démocraties libérales valorisent le pluralisme et les débats, la Chine privilégie une approche plus centralisée.
Pour Yang Baozhen, l’essentiel reste la confiance en soi et la définition d’un modèle propre, enraciné dans les réalités sénégalaises. Selon elle, le pays ne doit ni attendre une validation extérieure, ni s’aligner aveuglément sur des recettes venues d’ailleurs.
La Chine reste une source d’inspiration pour de nombreux pays en développement. Mais si le Sénégal veut tracer sa voie vers l’émergence, il devra le faire en s’appuyant sur ses propres valeurs et contraintes, entre autres.
Auteur: Ousmane Dicko, envoyé spécial

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