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Pour venir à bout de la violence extrême caractérisée par les actes terroristes, le Chef d’État major des armées françaises a préconisé l’union des forces, mais aussi le partage de renseignements. Étant un des panélistes du Forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique intervenant à la première plénière portant sur « Les défis du terrorisme en Afrique », le Général Pierre de Villiers a partagé quelques réflexions. Il s’agit, de deux lignes de forces qui, selon lui sous-tendent le terrorisme et trois idées pour lutter contre ces difficultés d’une vision qu’il dit partager avec le ministre français responsable de la défense, Jean-Yves Le Drian.
« La première ligne est le caractère transfrontalier et transnational de ce terrorisme. Les groupes armés terroristes profitent de la porosité de nos frontières. Ils accaparent de ses frontières et c’est à nous d’aller les déloger dans ses zones qui sont souvent difficiles à contrôler », a dit l’officier supérieur. Ce dernier d’ajouter que « la mondialisation offre également des conditions matérielles et immatérielles à l’échelle mondiale qui démultiplient les moyens pour recruter des jeunes sans expérience. C’est aussi un moyen de partage de message de haine de la part de Aqmi, de Boko Haram, de Daesh. Des messages disponibles pour tous et partout. Cette propagande place la violence au cœur de nos sociétés. Au bilan, je dirais que la menace terroriste est de plus en plus difficile, à gérer, en terme clair. Elle nous incite à un plus grand partage de renseignements entre les différentes armées ».
« Nous avons la responsabilité d’inscrire nos actions dans la durée »
L’évolution des modes d’action du terrorisme constitue la deuxième ligne. « Ils sont redoutablement armés et s’adaptent : cyberattaques, mines, éléments explosifs improvisés. Les moyens sont d’autant plus dangereux qu’ils sont finalement trop coûteux et se combinent avec son idéal de morts que ceux qui nous combattent veulent promouvoir. Cette violence extrême et inédite que nous rencontrons au quotidien, selon certaines stratégies délibérées de rupture, de surenchère de la terreur qu’ils s’expriment ». Il en veut pour preuve que « Boko Haram, Daesh, tous font preuve d’une grande mobilité, réactivité, adaptabilité ».
À partir de ces deux lignes de force, il a relevé trois éléments pour structurer la réflexion. Il s’agit d’emblée de pérenniser les actions contre le terrorisme. « Nous avons la responsabilité d’inscrire nos actions dans la durée. Finalement la résolution des crises ces dernières années, c’est en moyenne, depuis une quinzaine d’années environ de constance, de persévérance, inscrivons nos actions dans la durée, dans une stratégie de moyen et long terme ».
Le deuxième élément structurant, est selon lui, « le respect du droit international. Face au terrorisme, plus que jamais nous ne devons réunir nos forces pour nous opposer à la violence extrême. Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu notamment dans les actions au sol, ne cédons pas à cette violence et à cette discrimination ».
« Gagner la guerre ne suffit pas, il faut gagner la paix »
Troisième et dernier élément, c’est, selon lui, « ce que nous appelons l’approche globale. Gagner la guerre ne suffit pas, il faut gagner la paix. Ces dernières années, nous avons pu le voir, en Libye, en Irak et ailleurs. Il faut penser au-delà des cibles militaires et c’est le chef militaire qui le dit. La paix nécessite aussi le succès sur le plan de la gouvernance et du développement. Il n’y a pas de développement sans la sécurité, mais il n’y a pas de sécurité sans développement. Avant tout engagement militaire, il faut avoir ce que nous militaires appelons l’effet criard recherché. À l’issue de l’engagement, il faut une stratégie et des objectifs clairs, en amont de l’engagement militaire pour lutter efficacement contre le terrorisme ».
En définitive, il dit ainsi être « persuadé que ces deux lignes de force et ces trois réflexions permettront, à terme de s’opposer à la violence terroriste. In fine, l’objectif à tous, dans cette salle, c’est faire régner une paix durable. Face au terrorisme, nous sommes engagés dans un combat commun, un même combat, nous n’avons pas le choix. Ce combat nous amène à approfondir notre combat stratégique. Ne baissons pas la garde. Je souligne l’importance de la collaboration active entre nous. C’est ce que nous faisons entre les différentes Chefs d’État major et nous y tenons. Lorsque la force avance, la violence recule. Et lorsque le dialogue progresse, comme aujourd’hui à Dakar, la paix avance », conclut-il.
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