En pleine discussion budgétaire, Moody's rend son jugement sur la France
L'agence de notation Moody's rend vendredi son verdict saisonnier sur la France et une rétrogradation, ou au moins un abaissement de perspective, paraissent probables.
Moody's sera la quatrième en un mois et demi à apprécier la note souveraine française, et les trois autres l'ont déjà abaissée d'un cran.
Fitch, le 12 septembre, a abaissé la note de AA- (dette de bonne qualité) à A+ (dette de qualité moyenne supérieure). S&P Global a fait de même vendredi dernier. Morningstar DBRS avait également abaissé la note française en septembre.
Toutes soulignent l'instabilité politique depuis la dissolution, qui pèse sur les finances publiques et paralyse partiellement deux moteurs de croissance, la consommation des ménages — leur taux d'épargne atteignant 18,9% de leur revenu au deuxième trimestre — et les investissements, qui ont baissé en 2024 de 5,6% pour les ménages, selon l'Insee, et de 2,4% pour les entreprises.
La croissance est désormais attendue par le gouvernement à 0,7% cette année, et 1% en 2026.
Avec une note Aa3 assortie d'une perspective stable, Moody's est désormais un cran au-dessus de ses principales concurrentes, S&P et Fitch.
En avril, Moody's indiquait qu'un "retour en arrière sur les réformes telles que (...) la réforme des retraites", était un critère de baisse de la note.
Or le gouvernement vient d'accorder à l'opposition une suspension de cette réforme, pour espérer sauver son budget au Parlement.
De plus, les possibilités de croissance de l'économie française "se sont bien détériorées", soulève Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, depuis les dernières estimations de Moody's, qui pronostiquait en décembre dernier une croissance de 1% en 2025 et 1,4% en 2026.
"Nous avons le déficit public le plus élevé de la zone euro (5,4% du PIB prévu en 2025), la dette publique la plus importante en masse à près de 3.500 milliards d'euros, la troisième de la zone en pourcentage du PIB (derrière la Grèce et l'Italie) à 118% l'an prochain", a énuméré mercredi sur RTL Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP).
"Ҫa ne va pas du tout", a-t-il dit, soulevant un risque de "problème de soutenabilité de la dette" française.
Il a aussi évoqué le "problème de crédibilité" de la France sur les marchés, où elle paye son argent "plus cher que l'Espagne, l'Irlande, la Grèce", trois pays en grande difficulté pendant la crise des "subprime" mais qui se sont relevés.
Pour Paul Chollet, chef économiste de la salle des marchés du Crédit mutuel Arkéa, "les marchés traitent actuellement la dette française au niveau d'une note A ou A-".
M. Dor jugerait "assez logique" que Moody’s révise à la baisse la note de la France. Abaisser simplement la perspective "serait moins facile à expliquer" et maintenir note et perspective inchangées induirait pour Moody's "une forte perte de crédibilité", selon lui.
M. Chollet mise plutôt sur un simple abaissement de perspective, Moody's ayant sous les yeux, contrairement aux autres agences ces dernières semaines, "un gouvernement qui peut tenir quelque temps, (surtout) si un budget venait à être voté le 31 décembre".
Pierre Moscovici souligne que le déficit public de l'an prochain doit être "très clairement en dessous de 5%" du PIB, pour tenir la trajectoire promise à Bruxelles d'un retour sous 3% en 2029.
Les premières discussions budgétaires s'en éloignent. La Commission des Finances de l'Assemblée nationale a rejeté la partie recettes du projet de loi de Finances dans la nuit de mercredi à jeudi.
Mais avant cela, elle avait allégé le texte de 7 milliards d'euros de fiscalité, obligeant à réduire d'autant la partie dépenses pour ne pas dégrader l'objectif gouvernemental d'un déficit public de 4,7% du PIB l'an prochain.
Ce rejet augure en outre de débats budgétaires difficiles pour le gouvernement dans l'arène de l'hémicycle, à partir de vendredi.
Commentaires (3)
Espérons que Moody's va oser révéler la note de la France qu'il avait mise sous le coude.
Ces agences de notations sont les spécialistes de notations spéculatives en direction de l'Afrique. Ces notations permettent à des spéculateurs d'imposer aux emprunteurs africains des taux d'intérêt qui en font des esclaves de l'économie mondiale dans un cercle vicieux de payer des dettes sans pouvoir accumuler les ressources nécessaires à leur développement.
Un exemple de note de complaisance un pays européen: dette PIB 115, 6% est noté de AA- à A+
Un pays africain: dette publique PIB 119% est noté par Moody de B3 à Caa1 avec une perspective négative,
Comparaison n'est certes pas raison mais on voit nettement une notation de complaisance en faveur du pays européen et une notation que je peux qualifier de spéculative pour permettre à des préteurs européens de s'enrichir sur le dos de l'Afrique avec des intérêts amassés qu'ils ne peuvent avoir en Europe.
Quand aux perspectives des dettes sur l'exemple que j'ai mentionné la perspective négative est plus du coté du pays européen que du pays Africain.
Depuis les années 60 l'Afrique est pris dans le piège des remboursements de dettes aux taux d'intérêts qui ne permettent pas d'accumuler des ressources pour investir. Dans certains pays 80 à 85 % servent à payer des dettes et rien n'est disponible pour les investissements .
Alors l'Afrique doit se réveiller et envisager des solutions pour faire face à ce système financier qui les mène à la ruine.
Excellent commentaire!
Que les africains arrêtent de se plaindre, se mettent sérieusement au travail, règlent leurs bisbilles politiques et ne mendient plus à l'international.
lorsque un pays n'a pas sa propre monnaie, alors il est oblige d'aller emprunte4r aux autres....negre de m....!
Repars à l’école!!! Si on suit ta logique donc la Mauritanie, la Guinée, le Ghana et le Nigeria n’ont pas de dettes et n’empruntent pas puisqu’ils ont leur propre monnaie? Arrêter de raconter des bêtises dans le net please !
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