Ancré mais volatile : le paradoxe du franc CFA
Le franc CFA, ce roi à la cour bien réglée, a pour parrain le Trésor français, garant d’une parité fixe avec l’euro, comme un pacte ancien scellé entre deux continents. Sur le papier, il paraît solide, immobile, une forteresse monétaire, intouchable, intègre. Mais dans l’arène du marché, loin des salles feutrées des banques centrales, ce monarque dévoile ses caprices et ses mystères.
Car derrière cette façade d’ordre, la réalité est tout autre. Le pouvoir d’achat du CFA vit une existence parallèle, oscillant au rythme des caprices du marché mondial. Les prix à la pompe, les denrées de première nécessité, le carburant et même le riz se plient à la danse effrénée des cours internationaux, aux spéculations des traders, aux soubresauts du dollar qui souffle comme un vent chaud sur notre économie.
Dans le circuit interbancaire régional, là où se croisent les flux d’argent et les décisions invisibles, la stabilité affichée masque la volatilité sournoise qui s’infiltre jusque dans les poches des ménages. Le franc CFA, ce roi de papier, est imperturbable dans ses registres officiels, mais sur le terrain, dans le panier du Sénégalais, il devient un souverain capricieux, imprévisible, qui parfois s’effrite et parfois se renforce, sans prévenir.
Il est un paradoxe vivant : une monnaie qui rassure les économistes et inquiète les marchands, une force stable sur le papier mais une ombre fugace dans le porte-monnaie. Pour le citoyen lambda, ce roi sans trône est un compagnon de route aussi fidèle qu’instable, un partenaire aussi rassurant qu’esquivo, dans cette quête quotidienne du pouvoir d’achat.
Commentaires (22)
Elle est bonne en FRANÇAIS .Ça oui , les senegalais adorent .
Quand on veut sa souveraineté, il faut créer sa propre monnaie et se défaire du F.CFA qui ne nous apporte rien du tout. Il faut sortir de cette monnaie coloniale et récupérer notre stock d'or qui se trouve à la Banque de France. Un exemple, un commerçant qui achète en Europe ou en Chine est obligé de payer en euros ou en dollar US, le franc CFA n'a aucune valeur en dehors du Sénégal.
Merci,
Je pense que, tout comme le meilleur n’est pas garanti, le pire n’est pas non plus garanti, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Il existe bel et bien des moyens d’éviter une trop forte instabilité monétaire ou une trop forte inflation qui en est l’un des aspects. D’ailleurs dans le cas le plus connu à l’issue d’une création de nouvelle monnaie, celle de la Guinée, l’hyperinflation n’a pas résulté juste de l’existence d’une nouvelle monnaie. On oublie trop souvent de dire que la Guinée n’a pas été confrontée à une hyperinflation juste parce qu’elle a créé sa propre monnaie indépendante. Non. Au contraire, tout allait bien après la création de la nouvelle monnaie. L’hyperinflation qui a suivi a été artificiellement créée et entretenue par la France qui a fabriqué des milliards de fausse monnaie et en a inondé le marché guinéen. Donc, ce n’est pas parce que la Guinée a créé sa propre monnaie qu’elle a été confrontée au problème de l’hyperinflation. C’était un problème sciemment créé par la France. Et la France compte sans doute refaire la même chose avec l’AES. A n’en pas douter.
Mais nous ne sommes plus dans les années 60. La France n’a plus les leviers de commande comme autrefois. L’environnement monétaire est devenu beaucoup plus complexe et moins centralisé. Sans compter qu’aujourd’hui, dans tous nos pays, nous disposons de toutes les expertises imaginables et de nouveaux partenaires possibles. Nous avons donc de multiples moyens d’échapper à cette ’’malédiction’’ programmée, cet épouvantail qu’on agite pour nous faire peur et nous empêcher de prendre le chemin de la liberté. En tout état de cause, l’hyperinflation n’est ni inévitable, ni nécessairement fatale.
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