La police de la station balnéaire de Guardamar del Segura, sur la Costa Blanca, en Espagne, a instauré une interdiction temporaire de baignade pour une raison inhabituelle: la présence de dragons bleus. Ces créatures marines de très petite taille sont fascinantes, mais tout aussi dangereuses. “Soyez prudents”, insistent les autorités.

Glaucus atlanticus, également appelé glaucus atlantique, dragon bleu ou hirondelle de mer, est un mollusque gastéropode. Il s'agit d'une petite limace de mer, décrite comme élégante par ses formes et ses couleurs, mêlant le blanc et le gris perle à différents tons de bleu. Ces petits dragons, en apparence inoffensifs, ne se nourrissent que de méduses.

Des toxines redoutables

Mais c’est là ce qui fait toute sa particularité: en se nourrissant d’animaux gélatineux urticants, et même de la très grande et très dangereuse physalie, ou galère portugaise, ce gastéropode conserve leur venin pour son propre usage.

Le dragon bleu est ainsi un véritable maître dans l’art d’utiliser les toxines d’autres animaux pour se défendre et survivre. Il est lui-même immunisé aux toxines des méduses, et il stocke leurs nématocystes, leurs cellules venimeuses, dans des petits sacs répartis sur sa peau. En cas de danger, il les vide.

Cela le rend encore plus dangereux pour nous que ne le sont ses propres proies, car ce petit animal attire, en particulier les enfants. Et on ne sait pas toujours quel type de toxine il a pris à ses proies auparavant, voire quel cocktail il est prêt à administrer à qui viendrait l’embêter.

Une douleur terrible

Selon les autorités côtières espagnoles, sa piqûre peut provoquer de violentes douleurs, ainsi que des nausées et des vomissements. Elles recommandent de consulter immédiatement un médecin en cas de piqûre. Dans les cas les plus graves, elle peut entraîner un choc anaphylactique, une réaction allergique exacerbée qui, dans la plupart des cas, a de graves conséquences et peut engager le pronostic vital.

Il vaut mieux ne jamais toucher l’animal, même avec des gants. Dans certains cas, même l’eau autour du dragon bleu peut devenir urticante, s’il s’est senti menacé et a relâché les toxines stockées sur sa peau.

Assez rare en Méditerranée

Cette limace est rarement observée en Méditerranée, bien qu’elle soit commune dans les océans Atlantique et Pacifique. Toutefois, d’après les médias, huit spécimens avaient déjà été repérés à l’été 2021 au large de Guardamar et de la ville voisine de Torrevieja, à une trentaine de kilomètres au sud d’Alicante.

Dans son annonce de l’interdiction de baignade, la police locale évoquait hier une “apparition massive” de dragons bleus près de Guardamar del Segura. Selon la presse espagnole, 11 km de plage ont été fermés au public.

Drapeau jaune

Depuis, la baignade a de nouveau été autorisée: “La baignade est permise, mais avec prudence”, a indiqué la police espagnole dans une mise à jour jeudi. “Le drapeau jaune est hissé.”