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Battus et insultés, des rescapés racontent leur détention au Darfour

Auteur: AFP

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Battus et insultés, des rescapés racontent leur détention au Darfour

"Ils nous traitaient comme des esclaves", raconte Hussein, rescapé de geôles improvisées où sont détenues des centaines de personnes par les paramilitaires soudanais des FSR qui ont pris le contrôle de la grande ville d'El-Facher.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR) ont pris le 26 octobre ce dernier verrou stratégique qui échappait à leur contrôle au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan à la superficie comparable à celle de la France métropolitaine.

Depuis, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les violences à caractère sexuelle, les attaques contre des humanitaires dans et autour de cette ville du nord du Darfour.

Au point où le chef de la diplomatique allemande Johann Wadephul a qualifié ce weekend d'"absolument apocalyptique" la situation sur place, où les télécommunications restent largement perturbées.

Des témoins néanmoins joints par l'AFP ont fait état de centaines de jeunes hommes arrêtés par les FSR à El-Facher et ses environs. C'est le cas de Hussein, arrêté avec environ 200 personnes par les FSR à Garni, un hameau situé à 25 km au nord-ouest d'El-Facher.

"Ils nous ont rassemblés et emmenés dans un secteur à proximité. Là, ils nous ont enfermés dans une école. Au bout de quatre jours, certains ont été libérés. Mais chaque jour, ils amenaient de nouvelles personnes", témoigne-t-il en requérant l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Dans cette prison improvisée dans une école, les détenus étaient battus, insultés et ne recevaient qu'un repas par jour, dit-il. "Ils nous frappaient avec des bâtons et nous traitaient comme des esclaves".

"Le prix de ma vie"

Au total, plus de 65.000 civils ont réussi à fuir El-Facher, dont environ 5.000 à Tawila, ville située 70 km à l'ouest, selon l'ONU estimant que des dizaines de milliers de personnes restent encore piégées.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'inquiète Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez Médecins sans Frontières (MSF).

"D'après ce que disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", ajoute-t-il.

Des images satellites analysées vendredi par le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université Yale suggèrent d'ailleurs des personnes déplacées vers Garni.

Abbas al-Sadek, un professeur à l'université d'El-Facher, faisait partie des personnes détenues sur place, selon un proche qui aussi requis l'anonymat.

Peu avant sa disparition l'universitaire lui avait envoyé une vidéo dans laquelle il le suppliait de lui transférer 900 dollars USD sur un compte bancaire.

"Cette somme est le prix de ma vie", déclare, dans cette vidéo visionnée par l'AFP, M. Sadek qui a été libéré après paiement dans ce cas apparent d'enlèvement pour rançon.

"Chacun cherche un proche"

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, qui contrôle le nord et l'est du pays, dont les villes de Port-Soudan et Khartoum, et les FSR de Mohamed Daglo, désormais maîtres du Darfour (ouest).

Cette guerre fait craindre une nouvelle partition du pays, déjà amputé en 2011 par l'indépendance du Soudan du Sud, et des violences à caractère ethnique comme dans le conflit au Darfour du début des années 2000.

D'autant que les paramilitaires des FSR sont eux-mêmes issus des milices arabes Janjawids mobilisées à l'époque par le gouvernement central pour mater des mouvements rebelles du Darfour dont les chefs étaient des tribus non arabes Four, Massalit ou Zaghawa.

Une semaine après la prise d'El-Facher par les FSR, de nombreuses personnes sont toujours portées disparues. "Chacun cherche un proche", résume Sylvain Pénicaud, coordinateur des opérations de MSF à Tawila.

"Le plus terrifiant, c'est d'entendre comment des gens étaient traqués alors qu'ils fuyaient pour sauver leur vie ou attaqués simplement parce qu'ils étaient Noirs".

"Mort ou vivant"

Zahra, une mère de cinq enfants qui s'est réfugiée à Tawila, a dit à l'AFP que les RSF ont enlevé ses deux fils, âgés de 16 et 20 ans. "Ils ont relâché le plus jeune, mais je ne sais pas si Mohammed (le plus vieux) est mort ou vivant", témoigne-t-elle.

Sur la route près de Garni, Mohammed, un père de quatre enfants, a dit "avoir vu les cadavres et des blessés abandonnés sur place car leurs familles n'étaient plus en mesure de les porter".

"Les RSF nous ont dépouillés et ont arrêté les jeunes hommes qui voyageaient avec nous. Nous ne savons pas ce qu'ils sont devenus", raconte-t-il.

Adam, un autre rescapé, a dit avoir été arrêté avec ses fils de 17 et 21 ans à Garni par des RSF qui l'ont accusé d'être un soldat, donc de combattre pour les forces rivales du général Burhane: "ils ont tué mes fils sous mes yeux".

Auteur: AFP
Publié le: Lundi 03 Novembre 2025

Commentaires (5)

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    ali il y a 2 jours

    Où sont passés les Pastefiens, les Panafricons, Amnesty International et tous les autres qui s’acharnaient sur la Côte d’Ivoire parce que quelques badauds avaient été gazés pour avoir participé à une marche interdite ?
    Mais au Soudan, où plus de 5 000 personnes ont été tuées, aucun de ces soi-disant panafricains ne pipe mot.

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    @ali il y a 1 jour

    C'est leur maitre du Kremlin et ses mercenaires qui se battent dans le camp des FSR donc ils ne disent rien.

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    Un penseur il y a 2 jours

    Les africains pleurent pour tout le monde sauf pour eux-mêmes. Ceux qui pleurent pour les palestiniens font comme si rien ne se passe

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    Inf il y a 2 jours

    Selon bbc le RSF estrain de faire un nettoyage ethnique des communautés non arabes

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    Dégouté il y a 1 jour

    A l'époque c'était la Chine qui soutenait le génocide des non arabes au Darfour et maintenant c'est la Russie... C'est ça les BRICS ?? Personne ne nous respecte !

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    Janet D. Dixon il y a 2 jours

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    Mieux valait il y a 1 jour

    Mieux valait laisser oumar el bechir au pouvoir. La même chose, à peu de choses près est arrivé au Sénégal. Mieux valait laisser Macky Sall faire des chantiers et les finir plutôt que de suivre des malades ( réellement) ,qui s'étaient même dévoilés par un langage ordurier, des actes violents et mortels jusqu'à les porter au pouvoir. Pas de différence entre sonko et diomay. Diomay est resté avec pastef tout le temps que celui-ci faisait brûler l'UCAD, et Auchan et les stations d'essence et les femmes qu'on a brûlées vives dans un bus ( on sait maintenant que l'une d'elles était enceinte de 4 mois) . Quels horreurs dont diomay est aussi responsable que sonko et tous les sudistes qui se sont infiltrés pour faire mal au Sénégal.

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