Crise frontalière : Comment Abidjan gère les incursions des VDP burkinabè
Alors que les incursions des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) burkinabè se multiplient dans le Nord-Est ivoirien, le gouvernement d'Abidjan privilégie la retenue militaire face à la porosité de la frontière. Ce contexte tendu est exacerbé par des activités criminelles croissantes.
Le Nord-Est ivoirien en état d’alerte sous la pression des VDP
La tension demeure élevée dans le département de Téhini en Côte d’Ivoire, où les incursions d'éléments burkinabè sont devenues monnaie courante. L'incident le plus récent date du 29 octobre à Handa, où un contingent de l'armée burkinabè et ses supplétifs VDP ont franchi la ligne non démarquée. Les Forces armées de Côte d’Ivoire (Faci) sont rapidement intervenues, forçant le retrait des intrus, une séquence désormais habituelle dans cette zone frontalière.
Ces incursions ne sont pas isolées. Des mouvements de VDP ont été signalés près de Kielo-Korenko et Kodagninin. Le 27 octobre marquait déjà une alerte : 30 à 40 hommes à moto, identifiés comme VDP, avaient tenté un passage en force à Handa, provoquant un échange de tirs avec les soldats ivoiriens avant de devoir battre en retraite.
Entre Orpaillage, enlèvements et doctrine de non-escalade
Ces tensions militaires se superposent à une recrudescence de la criminalité transfrontalière dans le département de Téhini. Les réseaux s'activent autour des trafics de produits pétroliers et des marchandises diverses, sans oublier l'orpaillage clandestin, activité très présente dans cette région minière. La découverte en juin d'un important gisement d'or à Doropo met en lumière l'enjeu économique de cette zone.
Au sommet de l'État, le ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara et le chef d’état-major général des armées, le général Lassina Doumbia, pilotent la réponse. L'axe stratégique, rapporté par une source militaire, est clair : éviter l'affrontement direct, car Ouagadougou chercherait délibérément à provoquer une escalade régionale.
La zone floue permet également des opérations ciblées contre les structures ivoiriennes. Six agents de la DAARA, chargés du recensement des réfugiés burkinabè, ont été enlevés à Tougbo le 24 août et transférés à Ouagadougou, soupçonnés d'espionnage. De plus, l'occupation de deux villages par les VDP depuis février (Moussokantou et Kalmondjan) illustre une pression continue sur le terrain.
Une source sécuritaire ivoirienne maintient toutefois la ligne : la Côte d’Ivoire est résolue à préserver la paix, l'adversaire principal restant le terrorisme et les groupes jihadistes.
L'épée de Damoclès des relations diplomatiques
Ces frictions militaires se déroulent sur fond de relations glaciales entre Abidjan et Ouagadougou depuis l'accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré. Ce dernier maintient son accusation selon laquelle la Côte d’Ivoire serait la "base arrière des ennemis du Burkina Faso".
Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, avait catégoriquement démenti ces allégations, affirmant qu'elles n'avaient "pas de sens", notamment dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique en juillet 2024, comme l'a aussi rapporté le confrère.
Un signe d'apaisement potentiel réside dans la réactivation de la commission mixte de délimitation de la frontière, travaillant depuis sa rencontre en avril 2024. Cependant, un diplomate ivoirien met en garde : "Tant que les deux pays ne s’assoient pas pour discuter et que Ouagadougou ne revient pas à la table des négociations, les incidents deviendront récurrents et le pire pourrait se produire."
Commentaires (4)
La CI doit tout faire pour degager. ce traore du pouvoir pourqu' il y ait paix.
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