Gouvernance et hydrocarbures : Thierno Thioune appelle à une transformation des revenus pétrogaziers en leviers productifs
L’économiste, professeur Thierno Thioune, s’est exprimé sur les défis de gouvernance et les attentes autour des hydrocarbures. Invité de l’émission "Point de vue" de ce dimanche 7 décembre 2025 sur la RTS, il a appelé à une transformation des revenus pétrogaziers en leviers productifs, afin d'éviter la « malédiction des ressources » et de consolider la base industrielle du pays.
«Le Sénégal doit impérativement éviter le piège dans lequel sont tombés plusieurs pays producteurs », a-t-il dit, citant comme exemple le Nigeria, premier producteur du continent, mais dont 70 % de la population vit encore dans la pauvreté.
«Le Sénégal a opté pour une gestion prudente». Mais, dit-il, cette prudence doit s’accompagner d’un ancrage stratégique solide, afin que les ressources ne deviennent pas un fardeau macroéconomique, mais un levier de transformation.
Pour l’économiste, le “mécanisme de fonds intergénérationnel”, inspiré de modèles comme la Norvège, n’est pas pertinent pour un pays encore en transition vers le statut de revenu intermédiaire supérieur.
«Garder des ressources dans un fonds qui rapportera peu, alors que l’économie souffre de déficits structurels, ce n’est pas optimal », explique-t-il.
Il ajoute qu'"investir ces revenus directement dans l’industrialisation permettrait d’impulser une transformation profonde de l’économie nationale, de moderniser l’agriculture, de créer des emplois et de renforcer la base productive du pays».
«Le pétrole et le gaz sont des ressources épuisables. Leur existence doit donc être perçue comme une fenêtre d’opportunités pour diversifier l’économie et non comme une rente durable sur laquelle fonder tous les espoirs de développement», insiste-t-il.
Il a aussi rappelé que la contribution de ces ressources au PIB reste marginale à ce stade. «Le risque serait de surexposer l’économie à une manne encore incertaine et volatile».
Thierno Thioune a indiqué que l’un des premiers bénéfices concrets du gaz doit résider dans la conversion des centrales électriques. Un basculement qui, selon lui, permettra de réduire les coûts de production de 30 F CFA à 50 F CFA par kilowattheure et d’atteindre un prix de vente de l’électricité autour de 100 F CFA.
«Un tel gain aurait un impact direct sur le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi sur la compétitivité des industries nationales».
Le Pr. Thioune a salué les efforts de renégociation engagés par les autorités, appelant ainsi à la lucidité : «Mes marges sont limitées. Les compagnies pétrolières ont consenti des investissements risqués qu’elles chercheront légitimement à rentabiliser, ce qui limite les possibilités de revoir substantiellement les termes contractuels», a-t-il déclaré.
«L’enjeu n’est pas de croire à une refonte totale des contrats, mais d’optimiser l’utilisation des revenus attendus et d’orienter les ressources vers les secteurs les plus porteurs», ajoute-t-il.
Selon l’économiste, la construction d’une seconde raffinerie, entre 2027 et 2029, est une nécessité. «La population pourrait approcher les 40 millions d’habitants, à l’horizon 2050. À ce rythme, une seule raffinerie ne suffira ni à répondre à la demande nationale ni à soutenir une stratégie d’industrialisation ambitieuse », estime-t-il.
Revenant sur les revenus du pétrole et du gaz, il déclare : «Il faut utiliser ces ressources pour transformer l’économie, non pas pour attendre des retours financiers modestes dans un fonds d’investissement lointain.»
Selon lui, l’objectif est clair : «Renforcer les capacités productives, soutenir l’industrie, créer de la richesse et bâtir une économie résiliente, au-delà de la volatilité des hydrocarbures», a-t-il conclu.
Commentaires (2)
Tu veux trouver une femme pour une nuit? Viens sur - Hot21.fun
Guinée-Bissau : La Garde nationale a intercepté une pirogue avec 103 migrants, dont 26 Sénégalais
Participer à la Discussion