Mali : nette amélioration à Bamako de l'approvisionnement en carburant
L'approvisionnement en carburant s'est nettement amélioré à Bamako ces derniers jours, après plusieurs semaines de pénurie due à des attaques jihadistes du JNIM sur les convois de camions-citernes ravitaillant le Mali, pays enclavé d'Afrique de l'Ouest.
En imposant dès le mois de septembre un blocus total sur plusieurs villes maliennes, et en attaquant les convois de carburant, les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, ont asphyxié plusieurs semaines l'économie du pays jusqu'à sa capitale.
L'arrivée de convois de carburant escortés par l'armée et des mercenaires russes a permis une accalmie à Bamako, même si des sources évoquent l'existence d'une trêve avec le JNIM sur le point d'expirer.
Les files d'attentes interminables aux stations-services auxquelles les Bamakois s'étaient habitués au plus fort de la crise ont disparu du paysage de la capitale depuis quelques jours.
"Je n'arrive pas à y croire. Ici, la file d'attente s'étendait à au moins deux kilomètres. Mais là, j'ai été servi en quelques minutes", s'est réjoui un automobiliste de la capitale, parlant à l'AFP vendredi sous couvert d'anonymat en raison du contexte sécuritaire.
La circulation avait presque retrouvé son rythme normal vendredi, même si certaines stations fermées depuis le début de la crise n'ont pas encore rouvert, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- Escortes militaires -
"On espère que le problème est résolu une fois pour toutes. Mais je continue de faire le plein chaque fois que j'en ai l'occasion parce que je ne suis toujours pas très rassuré", a témoigné un autre Bamakois.
La couverture en électricité demeure toutefois très réduite par rapport à avant la crise. La plupart des quartiers sont fournis environ six heures par jour, parfois moins.
Cette accalmie est permise par l'arrivée de convois de carburant à Bamako, escortés par l'armée et les paramilitaires russes de l'Africa Corps et sous surveillance aérienne.
Les autorités maliennes ont largement relayé l'arrivée depuis le Niger de 82 citernes escortées par l'armée nigérienne, pays allié de la junte au pouvoir à Bamako au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES), aux côtés du Burkina Faso. Ces trois pays sont dirigés par des juntes souverainistes.
"Ce mécanisme va assurer l'approvisionnement correct et régulier du Mali", assure à l'AFP un membre du gouvernement.
Le gouvernement a également signé un accord avec les importateurs de produits pétroliers pour accélérer les procédures douanières et administratives.
"Ces entrées coïncident aussi avec une certaine inactivité du JNIM contre les citernes et une opération spéciale militaire d'envergure lancée par l'armée qui ratisse toute la zone", souligne une source sécuritaire.
"La question est de savoir si cette stratégie d'escorte, extrêmement coûteuse en terme de moyens, est viable sur le long terme", s'interroge cette même source.
- Trêve officieuse -
Mais des sources invoquent toutefois l'existence d'une trêve officieuse passée entre les jihadistes et le gouvernement, qui explique l'accalmie ressentie dans la capitale.
"Le gouvernement a signé une trêve avec les jihadistes", affirme un membre du Conseil national de transition (CNT), l'organe législatif des militaires au pouvoir.
Cet arrangement négocié il y a un mois lors de la libération par le JNIM d'un otage émirati contre la somme record de 50 millions de dollars est toutefois sur le point d'expirer.
Dans la perspective de la fin de cette trêve, qui n'a jamais été reconnue par les autorités, les jihadistes avaient annoncé la semaine dernière qu'ils allaient intensifier leurs actions.
"Nous sommes inquiets. La trêve négociée entre les jihadistes et le gouvernement a permis cette reprise, or nous apprenons que cette trêve s'achève", indique à l'AFP un élu de la région de Sikasso (sud-est).
"S'il le faut nous allons signer une vingtaine de trêves si c'est utile pour le bonheur de nos populations", lance de son côté à l'AFP le membre du CNT.
Les vols humanitaires, interrompus au plus fort de la crise faute de carburant, ont repris environ trois fois par semaine "à destination des régions du nord et du centre", a indiqué à l'AFP une source au sein d'une ONG.
La situation reste encore difficile dans le reste du pays, où plusieurs localités du sud et du centre sont sous blocus jihadiste et où les convois de carburant tardent à arriver.
A Sikasso (sud-est), relativement épargnée ces dernières semaines, "la situation s'est empirée", témoigne un habitant.
"Hier (jeudi) soir, seulement quatre stations servaient du carburant, créant de longues files d'attente. Nous avons l'impression que tout a été conduit vers Bamako", poursuit-il.
A Ségou et Mopti (centre), le rationnement est toujours pratiqué sur le carburant.
Un habitant de Mopti joint par l'AFP affirme que "depuis septembre, aucune station n'a été approvisionnée". "Nous n'avons pas d'électricité et des problèmes d'eau sont venus s'ajouter à tout cela", dit-il.
"Le Mali ne se limite pas à Bamako", peste-t-il.
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