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Patrimoine, éducation et intelligence artificielle : le legs africain d’Audrey Azoulay

Auteur: Moustapha Toumbou

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Patrimoine, éducation et intelligence artificielle : le legs africain d’Audrey Azoulay

À quelques semaines de la fin de son mandat, Audrey Azoulay a voulu parler d’héritage. Huit années passées à la tête de l’UNESCO s’achèvent, et c’est face à des journalistes d’Afrique francophone que la Directrice générale sortante a choisi d’évoquer le chemin parcouru. Son successeur, l’Égyptien Khaled El-Enany, prendra officiellement ses fonctions le 14 novembre prochain.

« J’approche la fin de mon mandat à l’UNESCO après huit ans passés à la direction générale depuis ma première élection. C’est aussi le moment de faire un certain nombre de bilans et de se retourner sur ce qui a pu être fait », a-t-elle déclaré d’emblée, avant d’ajouter que ce bilan portait « particulièrement sur notre priorité pour l’Afrique ».

Cette priorité, inscrite dès 1989 comme dimension globale du mandat de l’UNESCO, -rappelle-t-elle- entre en droite ligne dans une longue histoire de coopération et de dialogue intellectuel avec le continent. Audrey Azoulay a rappelé les noms de personnalités africaines qui ont marqué l’organisation en citant notamment l’ancien Directeur général sénégalais Amadou Mahtar Mbow et les penseurs Amadou Hampâté Bâ ou Joseph Ki-Zerbo.

Mais selon elle, les huit dernières années ont marqué un « changement de dimension ». « Ce qui était une attention particulière est devenu une mobilisation. Nous sommes passés de l’attention à la mobilisation pour réinventer ce partenariat, afin de faire de cette priorité une réalité mesurable et structurante », dit-elle.

La responsable a mis en avant l’effort budgétaire consenti par l’organisation ces dernières années : « Les ressources de l’UNESCO ont été multipliées par deux entre 2017 et aujourd’hui. Mais le budget consacré à l’Afrique, lui, a quadruplé ». Il est passé, a-t-elle précisé, « de 95 millions à 383 millions » de dollars pour le biennium en cours, représentant désormais 27 % du budget de programme.

La directrice générale sortante de préciser que ce changement d’échelle s’est traduit par un soutien accru dans plusieurs domaines. L’éducation d’abord, où l’organisation a accompagné des réformes d’envergure. « En Côte d’Ivoire, nous avons soutenu le processus depuis les États généraux jusqu’à la mise en œuvre des réformes sur les sciences, l’ingénierie et les mathématiques », a-t-elle expliqué. Des coopérations similaires ont été engagées au Tchad, au Liberia et au Cameroun.

L’UNESCO revendique aussi la formation de « près de 40 millions de jeunes à la santé et à l’égalité des genres dans 35 pays », en partenariat avec les ministères de l’Éducation et de la Santé. Après la pandémie de Covid-19, l’organisation a lancé EducaTV, une chaîne éducative diffusée dans une vingtaine de pays africains.

L’intelligence artificielle figure parmi les autres axes de travail structurants. « Nous avons soutenu 29 pays africains dans le développement de leur politique sur l’intelligence artificielle et formé des milliers de fonctionnaires, de juges, de chercheurs et d’enseignants », a-t-elle indiqué. Douze pays, dont le Sénégal, le Gabon et le Kenya, ont déjà finalisé leur stratégie nationale avec l’appui de l’UNESCO.

Audrey Azoulay a rappelé que l’organisation avait tenu dès 2018, au Maroc « sa première réunion mondiale sur l’éthique de l’intelligence artificielle ». Ce partenariat a débouché sur la création d’un centre international dédié à l’IA en partenariat avec l’université marocaine Mohammed VI Polytechnique. En septembre 2024, l’UNESCO a également coorganisé, avec l’Union africaine et l’Afrique du Sud, une conférence continentale sur l’IA à Cape Town.

Dans la continuité de ces travaux, la dirigeante a évoqué les discussions en cours sur les neurotechnologies : « Notre objectif est de co-construire également avec l’Afrique le premier instrument normatif mondial dans ce domaine ». Ce texte sera soumis à la Conférence générale de l’UNESCO à Saint-Marin dans les prochains jours.

Dans sa déclaration, Audrey Azoulay a rappelé que la culture demeure au cœur du mandat africain de l’organisation. « L’Afrique a longtemps souffert d’une inégalité historique dans nos dispositifs culturels mondiaux, notamment sur la liste du patrimoine mondial », a-t-elle reconnu.

Pour corriger ce déséquilibre, l’UNESCO a mis en place une stratégie de long terme à savoir la formation de nouveaux experts, les chantiers de sauvegarde et la création de chaires universitaires dédiées au patrimoine culturel africain.

Pour Audrey Azoulay, cette politique vise à « replacer l’Afrique à sa juste place, au cœur de l’agenda pour le patrimoine mondial ».

Auteur: Moustapha Toumbou
Publié le: Mardi 21 Octobre 2025

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