À peine un mois après la baisse des prix des denrées de première nécessité, voilà que la mesure prise le 14 juillet par l’actuel régime commence à être compromise. Le sucre se fait de plus en plus rare et la situation se terminera à coup sûr par une spéculation qui risque de porter le prix du kilogramme de sucre à 700 F CFA, voire plus au lieu des 600 F CFA officiel et jusqu’ici appliqué. La différence de cette baisse avec celles de l’ancien régime est que l’application a été effective jusqu’ici et sur tous les prix. Mais nos commerçants qui sont enthousiastes à toute hausse et allergiques à toute baisse commencent déjà à trouver les moyens de revenir sur la mesure.
Dans une chronique sur le sujet publiée le 28 juin dernier, nous avions attiré l’attention sur ce qui est en train de se produire actuellement. « Si Diomaye et Sonko veulent que les prix annoncés soient effectifs, il leur faudra beaucoup de rigueur, de sérieux et de fermeté. Ils en ont déjà eu une idée avec la résistance avortée des meuniers. Seulement, si le gouvernement a vite maîtrisé ces industriels (du moins jusqu’ici), il en va autrement du côté des commerçants, notamment les détaillants. (…) les commerçants ont l’habitude de refuser de s’approvisionner chaque fois qu’ils ne veulent pas appliquer des prix homologués. Cela crée une tension et provoque une pénurie artificielle. Ce qui crée une hausse des prix, et donc le contraire de ce qui a été escompté ».
Ici, ce sont surtout les grossistes qui sont pointés du doigt. Certains de ces commerçants véreux interpellés par la RTS sur le sujet ont refusé de se prononcer. Ils sont accusés sur un point sur lequel nous avions attiré l’attention : le non-respect des poids. Les détaillants affirment avoir reçu des sacs de sucre dont le poids varie entre 45 à 48 kg à la place des 50 kilos. Et pour cette raison, ils refusent eux aussi de s’approvisionner. Une chose est donc sûre, le problème se situe entre ces deux maillons de la chaîne de distribution.
Ce qui est paradoxal, c’est que cette pénurie certainement artificielle arrive quelques jours après que le chef de l’État annonce d’autres baisses dans les semaines à venir. C’était lors de son face-à-face avec la presse à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir.
L’État aura donc besoin d’une grande fermeté pour que cette première baisse soit aussi respectée dans la durée. La négociation et la sensibilisation a assez duré avec ces commerçants, il faudra des sanctions et des mesures drastiques pour les amener à la raison. Il ne sert à rien de prendre des mesures qui sont appliquées à la lettre, mais juste pour quelques semaines.
Surtout que le gouvernement affirme avoir renoncé à plus de 50 milliards F CFA. Déjà, en février 2022, lors d’une baisse décidée par l’ancien régime, le gouvernement d’alors avait renoncé à une somme presque équivalente. «Ces importantes mesures, au bénéfice des populations, auront un impact aussi bien au niveau de la mobilisation des recettes qu’au niveau budgétaire pour un montant global annuel de près de 50 milliards F CFA », indiquait le communiqué du Conseil des ministres.
Voilà donc plus de 100 milliards perdus par l’État entre 2022 et 2024 en termes de renonciation, sans compter les mesures précédentes qui avaient aussi un impact fiscal. Malgré tout cela, les commerçants continuent à faire croire qu’il n’est pas possible de baisser les prix. Où sont donc passés tous ces milliards qu’ils devaient verser à l’État en termes de taxes et de droits de douane ? Finalement, les baisses successives sont plus une aubaine pour les commerçants qu’une mesure en faveur des populations.
Si jamais le gouvernement échoue à faire respecter ces prix, il peut renoncer définitivement à une telle mesure. Faute de fermeté, le gouvernement de Macky Sall a échoué à presque toutes les tentatives de baisser les prix. À chaque fois, les montants affichés ont été différents de la réalité sur le terrain. Diomaye et Sonko avaient bien démarré, mais la machine commence à prendre du sable. Il faudra redresser la situation au plus vite, au risque de perdre davantage de crédibilité. Surtout dans ce contexte de premier scandale lié à des nominations familiales.
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