Aminata Touré : "L’Afrique, jeune et riche, doit dominer l’IA, pas la subir"
À l’occasion du 9e Symposium on Effective Governance and Artificial Intelligence Transformation, qui s’est tenu du 24 au 26 septembre 2025 à Incheon, Dr. Aminata Touré, ancienne Première ministre et Haut Représentant du Président de la République du Sénégal, a livré un discours visionnaire ce vendredi. Partageant une perspective africaine, elle a mis en lumière le potentiel transformateur de l’intelligence artificielle (IA) pour le continent, tout en plaidant pour une approche souveraine et inclusive.
Aminata Touré a débuté en soulignant la jeunesse démographique de l’Afrique : « L’estimation de la population de l’Afrique en 2025 est d’environ 1,5 milliard de personnes, représentant environ 18 % de la population mondiale », avec 75 % des habitants âgés de moins de 35 ans (âge médian de 19,3 ans, contre 44,7 en Europe ou 39,1 aux États-Unis). Elle a évoqué l’histoire douloureuse de l’esclavage et de la colonisation, affirmant : « Nous sommes de jeunes survivants, très résilients et déterminés à rattraper le reste du monde, et l’intelligence artificielle est un très bon allié pour nous. »
Selon elle, l’IA pourrait booster l’économie africaine de 2,9 à 4,8 milliards de dollars d’ici 2030, dans un continent dont le PIB nominal atteindra 2,83 trillions de dollars en 2025, surpassant celui de la Corée (1,79 trillion).Elle a vanté les atouts de l’Afrique – 60 % des terres arables mondiales, 30 % des réserves minières – et une classe moyenne de 313 millions de personnes avec un pouvoir d’achat de 2,5 trillions. « Je dis tout cela pour rappeler que l’Afrique est un très bon endroit pour les affaires. Pour des affaires équitables dès maintenant, sur une base gagnant-gagnant, particulièrement dans le domaine des technologies, y compris l’IA », a-t-elle déclaré, tout en reconnaissant les défis de la pauvreté et des retards dans les Objectifs de développement durable (ODD).Touré a salué l’Afrique Declaration on Artificial Intelligence, endossée par 49 pays africains en avril 2025, alignée sur la stratégie continentale de l’UA de 2024.
Cette initiative, portée par l’Union africaine et Smart Africa, engage sept axes (talent, data, infrastructure, marché, investissement, gouvernance, coopération) et annonce un fonds de 60 milliards de dollars et un Africa AI Council. « Les décideurs africains visent à s’assurer que le développement de l’IA est aligné sur les besoins du continent et reflète fidèlement les perspectives de ses peuples », a-t-elle insisté, soulignant la nécessité de réduire la dépendance aux technologies importées pour assurer la souveraineté.Elle a illustré son propos avec des exemples concrets : au Kenya, Twiga Foods optimise les chaînes d’approvisionnement avec l’IA ; au Nigeria, Nomba favorise l’inclusion financière ; en Afrique du Sud, Harambee crée des emplois via Digilink (75 % de diplômés employables). En éducation, des outils comme uLesson au Ghana et AI4D en Afrique de l’Ouest (traduction en bambara, reconnaissance de langue des signes) améliorent l’accès en zones rurales.
En santé, KERA au Sénégal intègre des données pour une meilleure prise en charge, tandis que PROMPTS au Kenya répond à 10 000-12 000 questions quotidiennes sur la santé maternelle à 74 cents par patiente.Sur la démocratie, elle a cité Afriwitness en Afrique du Sud et l’app I Vote au Ghana, tout en alertant sur les risques (surveillance, biais algorithmiques). « Le vrai défi pour l’Afrique sera de savoir si l’IA peut être développée avec des cas d’usage réels qui servent les Africains, particulièrement les jeunes, améliorent leurs vies et positionnent l’Afrique comme leader global dans l’ère de l’IA », a-t-elle souligné.
Pour conclure, Aminata Touré a proposé d’adapter le modèle coréen « ABCDE’s of AI » (Algorithm, Business Case, Compute and Communication, Data, Electricity) en ajoutant un « F » pour Funding, créant un cadre ABCDF. Elle a salué la stratégie « New Technological Deal » lancée par le Président Bassirou Diomaye Faye en février 2025, axée sur la souveraineté numérique, la digitalisation des services publics, l’économie numérique et le leadership africain. « Je lance un appel aux investisseurs et développeurs du monde entier pour venir en Afrique, vous pourriez commencer au Sénégal, connu pour sa démocratie vibrante et sa stabilité », a-t-elle conclu, invitant à un partenariat gagnant-gagnant.
Commentaires (13)
Afrique au cœur Rek Nguéne guéne
Khalasse
Focus sur le developpement dans un avenir pas lointain.
DIEU est juste et a arbitré entre Vous et Macky qui n'ose même pas revenir au Sénégal.
En tout cas Macky Sall môme dafa périmé. 😂😂
Focus ,le meilleur reste à venir .ce n était pas pour rien que Macky sall t avait nommé premier ministre du Sénégal .ndax xamna sa capacité
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