Suite à sa merveilleuse prestation samedi dernier au Grand Théâtre, des voix s’élèvent pour qualifier Pape Diouf de nouveau «roi du Mbalax». Beaucoup de fans voient déjà en lui, le successeur de Youssou Ndour devenu ministre de la Culture et du Tourisme. Cependant ses collègues artistes ne sont pas aussi catégoriques. Le 4 novembre dernier, Youssou Ndour mettait sur le marché son dernier album Mbalakh Dafay Wakh (le mbalax parle). Sur l’opus, le titre Fékkée Maci bolé, dessinait déjà la nouvelle trajectoire du «Roi du mbalax». Cet album très attendu par ses fans après Dakar-Kinstong, devrait faire sensation. Mais ce ne fut pas le cas. A nos jours, certains mélomanes ne savent même pas que Youssou a sorti un dernier produit avant d’entamer sa carrière politique. Une petite enquête faite, l’on découvre que presque personne n’a souvenance du titre de cet album encore moins du contenu. Pourtant le produit, dans l’imagination de son auteur, véhicule «les mille et une histoire du mbalakh». Etait-ce donc la chute du roi ? C’est tout comme. Puisqu’au même moment où Youssou Ndour mettait dans les back son dernier album, son jeune «frère» Pape Diouf présentait au public sa dernière création intitulée Casse Casse. Cet album contrairement à celui de «You» a fait tabac. L’artiste a véritablement muri ce produit, qui continue de tout «casser». Pour certains observateurs, cette dernière trouvaille du leader de la Génération consciente a tellement cartonné qu’elle a éclipsé la dernière sortie du «roi du mbalakh». A la lecture de ces évènements et surtout en comparant l’impact de ces deux albums, on aurait même pu déjà soupçonner que le «roi du mbalakh» quittait le podium et qu’un nouveau «roi» prépare son intronisation. La preuve, pendant que Youssou Ndour finalisait son dernier bébé musical, «les mille et une histoires du mbalakh», le jeune prodige, clamait «Casse Casse», comme pour dire qu’il est venu pour tout casser, tout prendre. Il s’est depuis lors installé sous les feux des projecteurs poussant son ingéniosité au fil des mois. Et, samedi dernier, après son élogieux spectacle au Grand Théâtre, ce fut, pour ses fans, «la consécration du nouveau roi du mbalakh». Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de l’inviter à marcher vigoureusement sur les pas de son aîné Youssou. Ces mélomanes semblent bien décidés à trouver un remplaçant à l’ex-n°1 du Super Etoile. «Pape Diouf Bercy !», ont-ils scandé au cours de cette soirée anniversaire, qui marque encore les esprits. Au final, sans forcément l’attendre et surement sans le vouloir, le leader de la Génération Conscience se voit donc attribué la succession de Youssou Ndour comme leader de l’arène de la musique locale. Toutefois, ceux qui aujourd’hui, plébiscitent déjà Pape Diouf, comme «nouvel homme fort du Mbalakh», ont-ils véritablement des raisons de le faire ? Les acteurs évoluant autour de la musique au Sénégal ne sont pas de cet avis. Nombreux parmi eux, pensent qu’il s’agit juste d’ «affirmation somme toute gratuite». Les musiciens et promoteurs de spectacle sont plus prudents. «Il est prématuré de dire que Pape Diouf est le nouveau roi du mbalax», confient-ils, à l’unanimité. Le chanteur Yoro Ndiaye, affirme d’ailleurs qu’il n’y a aujourd’hui aucun critère qui puisse permettre de dire que tel ou tel est le roi du mbalakh. «Cela ne va pas être facile», croit savoir pour sa part, le doyen Ouza Diallo. «Youssou a beaucoup bourlingué sur le plan national et international avant de devenir le «roi du Mbalax», a indiqué le chanteur, qui conseille plutôt à Pape Diouf de commencer à bâtir sa réputation en dehors du pays. C’est aussi l’avis de Kiné Lam. La diva reconnaît à Pape Diouf un grand talent. Mais elle affirme qu’il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Un talent reconnu par ses pairs Nonobstant cela, tous les artistes sont unanimes sur un fait : l’auteur de Casse-Casse a du talent et fait partie des chanteurs qui cartonnent en ce moment. «Il a les prédispositions pour devenir une grande figure de la musique sénégalaise», a commenté Yoro Ndiaye. Cependant pour ces artistes, en arrivant sur la scène musicale sénégalaise, Pape Diouf a trouvé des chanteurs qui se sont déjà fait un nom et dont le talent est reconnu. Par conséquent, il ne peut devenir du jour au lendemain, le «roi du mbalakh». «Qu’il soit hommes ou femmes, beaucoup d’artistes ici au Sénégal, sont tous aussi dignes d’être nommés «Roi du Mbalakh». Assane Ndiaye, Viviane, Titi et même Coumba Gawlo sont bien placés pour être couronnés. Même si Pape a une bonne longueur d’avance sur eux» analyse Guissé Pène. Pour le Secrétaire général de l’association des musiciens du Sénégal, «Sur le plan méthode, Pape Diouf est bien loti et bien entouré avec une grande communication. Aujourd’hui, il peut être la figure de proue». La compétition à la succession au titre de «roi du mbalakh» semble finalement toujours ouverte.
Auteur: Gilles Arsène TCHEDJI et Awa GUEYE
Publié le: Jeudi 19 Juillet 2012
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