Déficit de médecins, chômage des jeunes et fuite des cerveaux : le paradoxe dénoncé par le Dr. Mamadou Demba Ndour
Alors que le Sénégal fait face à un déficit criant de médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans ses structures sanitaires, des centaines de jeunes professionnels de santé, formés localement, peinent à trouver un emploi décent. Un paradoxe que le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a vigoureusement dénoncé lors de son congrès national tenu ce samedi à Dakar.
Placée sous le thème « Recrutement, motivation et rétention des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes : quelles réponses syndicales durables ? », cette rencontre a été l’occasion, pour le secrétaire général du Sames, Mamadou Demba Ndour, de dresser un diagnostic sans concession du système de santé sénégalais.
Selon le SG sortant du Sames, le Sénégal compte déjà très peu de médecins, de pharmaciens et de chirurgiens-dentistes au regard des normes internationales." Des ratios historiquement bas, aujourd’hui encore plus fragilisés par la fuite des compétences vers l’étranger ou vers des opportunités plus attractives hors du système public" dit-il.
Pour cause, «L’hôpital public sénégalais n’est pas attractif », tranche Mamadou Demba Ndour. Il dénonce, "des traitements salariaux insuffisants, des conditions de travail difficiles et un manque de perspectives professionnelles".
Malgré près de vingt ans de luttes syndicales pour l’amélioration des rémunérations, le fossé demeure, poussant de nombreux praticiens à chercher «un ailleurs meilleur» pour subvenir à leurs besoins et exercer dignement leur métier.
Le contrast est d’autant plus frappant que, dans le même temps, de jeunes médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes formés dans les facultés et UFR de santé du pays se retrouvent au chômage ou plongés dans une grande précarité. Le syndicat dénonce la réticence de l’État à recruter ces jeunes professionnels, pourtant indispensables au renforcement du système de santé.
«Certains sont contraints d’accepter des contrats léonins, déshumanisants, qui ne respectent ni la dignité ni la responsabilité d’un professionnel de santé », déplore le SG du Sames. Pour le syndicat, cette situation illustre les incohérences profondes du système de santé sénégalais : d’un côté, des structures publiques en sous-effectif ; de l’autre, des compétences disponibles mais non intégrées.
Revenant sur le pacte de stabilité signé avec le gouvernement, Mamadou Demba Ndour estime que le SAMES a respecté ses engagements, contrairement à l’État. « Depuis la signature du pacte, la partie gouvernementale n’a tenu aucune de ses promesses », affirme-t-il, rappelant le rôle moteur joué par le syndicat dans les négociations et la pacification du climat social.
Face à l’absence de réponses concrètes, le ton se durcit. Le SAMES annonce que 2026 sera une année hautement syndicale, marquée par des revendications fortes si les questions essentielles liées au recrutement, à la motivation et à la rétention des ressources humaines en santé, ne sont pas réglées.
À travers ce congrès, le Sames appelle l’État à une introspection profonde et à une prise de responsabilité pour stopper l’hémorragie des compétences, absorber le chômage des jeunes diplômés et redonner de l’attractivité au service public de santé.Car pour le syndicat, "l’enjeu dépasse les revendications corporatistes : il s’agit de préserver la souveraineté sanitaire du Sénégal et de garantir un accès équitable à des soins de qualité pour les populations".
Il faut noter que ce Congrès va en même temps servir de cadre de renouvellement des instances du syndicat.
Commentaires (6)
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.