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Troubles neurologiques : Comment éviter 11 millions de décès dans le monde par an

Auteur: Yandé Diop

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Troubles neurologiques : Comment éviter 11 millions de décès dans le monde par an

Les troubles neurologiques sont désormais responsables de plus de 11 millions de décès chaque année. Dans son Rapport de situation sur la santé neurologique dans le monde, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) révèle que plus de trois milliards de personnes, soit 40 % de la population mondiale, vivent avec une affection neurologique. Ces chiffres font des maladies du cerveau et du système nerveux la première cause de mortalité et de handicap dans le monde. Et pourtant, moins d’un tiers des pays disposent d’une politique nationale pour y faire face. Trois milliards de personnes vivent avec un trouble neurologique, 11 millions de décès chaque année, 80 fois moins de neurologues dans les pays à faible revenu, 32 % seulement des pays ont une politique nationale, 25 % intègrent ces soins dans la couverture maladie universelle.

« L’OMS invite à agir maintenant, pour éviter des millions de morts évitables et redonner au cerveau la place qu’il mérite dans les politiques de santé ».

Une crise sanitaire mondiale encore sous-estimée

Le rapport de l’OMS, premier du genre, affirme que la majorité des pays n’accorde ni budget, ni stratégie nationale, ni même infrastructures adaptées à la prise en charge des affections neurologiques. Parmi les dix principales affections responsables de décès et de handicaps figurent les accidents vasculaires cérébraux (AVC), la maladie d’Alzheimer, la migraine, la méningite, la neuropathie diabétique et les cancers du système nerveux. « Ces maladies ne sont pas une fatalité », rappelle le Dr Jeremy Farrar, sous-directeur général de l’OMS. « Bon nombre d’entre elles peuvent être prévenues, diagnostiquées et traitées efficacement. Mais pour cela, il faut des systèmes de santé plus solides, une volonté politique forte et des investissements durables ».

Le fossé reste abyssal entre les pays selon leur niveau de revenu. Les États à faible revenu comptent jusqu’à 80 fois moins de neurologues que les pays à revenu élevé. En Afrique, certains pays n’ont qu’un seul neurologue pour plusieurs millions d’habitants. Seuls 32 % des pays membres de l’OMS disposent d’une politique nationale, et à peine 18 % affectent des ressources financières spécifiques à la lutte contre ces affections.

Quant à la couverture maladie universelle, elle ne prend en charge les troubles neurologiques que dans un quart des pays du monde. « Des millions de malades sans diagnostic ni traitement, en particulier dans les zones rurales, et une stigmatisation persistante qui isole encore davantage les personnes atteintes sont les résultats directs ». Les proches aidants souvent des femmes constituent la première ligne de soutien aux personnes atteintes de maladies neurologiques.

Pourtant, seuls 46 pays disposent de programmes de soutien et 44 de dispositifs de protection juridique. Cette absence de reconnaissance aggrave les inégalités sociales et fait peser une lourde charge émotionnelle et financière sur les familles.

Ce que recommande l’OMS : prévenir, diagnostiquer, investir

Face à cette situation, l’OMS appelle à un sursaut mondial et propose une feuille de route claire à travers le Plan d’action intersectoriel sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques, adopté en 2022. Les leviers d’action prioritaire identifiés vont dans le sens de faire de la santé neurologique une priorité politique mondiale, avec un financement durable, renforcer les systèmes de santé pour garantir un diagnostic et des soins accessibles à tous, promouvoir la santé cérébrale tout au long de la vie, en agissant sur les facteurs de risque (nutrition, hypertension, traumatismes, pollution, stress, infections), améliorer la recherche et les systèmes d’information, afin d’orienter les politiques publiques sur la base de données fiables. « L’enjeu est colossal : prévenir la perte de millions de vies, mais aussi réduire le poids des handicaps et des souffrances silencieuses que ces maladies infligent aux familles ».

Une urgence de santé publique mondiale

Avec plus d’un décès sur dix dans le monde lié à une affection neurologique, le rapport de l’OMS place la santé cérébrale au cœur des priorités du XXIe siècle. Sans action concertée, le nombre de personnes touchées pourrait encore augmenter, notamment en raison du vieillissement démographique et de la montée des maladies chroniques. « La santé cérébrale doit devenir une priorité de santé publique mondiale », insiste l’OMS. « Chaque pays doit agir, non seulement pour sauver des vies, mais pour préserver le potentiel humain ».

Auteur: Yandé Diop
Publié le: Mercredi 22 Octobre 2025

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