Imaginez un reggae boosté à l'intelligence artificielle, où les rythmes ancestraux rencontrent les algorithmes du futur. C'est l'expérience que la légende ivoirienne Alpha Blondy a partagée lors de la 20ᵉ édition du Festival Timitar, tenu du 17 au 19 décembre sur la place Al Amal et au Théâtre de Verdure. Au-delà d'une simple performance enflammée aux côtés d'artistes comme Fatima Tabaamrant et Krys M, Alpha Blondy transforme son art en vision prospective pour l'Afrique. Rencontré à l'hôtel Hilton, il nous livre un discours qui fusionne technologie, spiritualité et unité continentale – un angle rafraîchissant pour repenser l'avenir africain.

L'IA, un "outil divin" pour révolutionner la musique africaine

Alpha Blondy n'hésite pas à embrasser le numérique : « Avec mon ingénieur, on a essayé de faire un reggae avec l'intelligence artificielle. C'est incroyable ! » Pour lui, cet outil n'est pas une menace, mais une bénédiction : « Dieu a mis cet outil pour donner les moyens de parfaire le travail des créateurs. Les jeunes musiciens, en collaborant avec l'IA, ça va être génial. »

Il pointe du doigt l'opportunité pour la jeunesse digitale : « Avant, il fallait un gros studio ; maintenant, dans ta chambre avec un petit ordinateur, tu deviens une star. Les musiciens africains ont accès aux technologies sans partir en Europe. Nous avons la qualité, la quantité et surtout l'inspiration. » Une perspective qui résonne particulièrement en Afrique de l'Ouest, où des talents comme ceux du Sénégal émergent via des plateformes accessibles.

Timitar, vitrine d'une Afrique qui s'exprime et s'unit

Le festival Timitar n'est pas qu'une fête ; c'est un catalyseur d'expression culturelle. « Aujourd'hui, l'Afrique peut s'exprimer à travers des grands festivals comme Timitar. Que les artistes viennent de partout pour célébrer la culture, faire la fête ensemble, ça n'a pas de prix », affirme-t-il. Pour Alpha Blondy, c'est l'occasion de montrer une Afrique positive : « Il ne faut pas que l'Afrique soit toujours associée aux mauvaises nouvelles. Timitar met l'Afrique à l'honneur par ses compétences culturelles et son unité. »

Il appelle à un échange pan-africain : « Des pays comme le Maroc, avec leur développement technologique, peuvent contribuer au développement des autres. Mais il faut un échange : que ceux du sud du Sahara apportent aussi. Ce sont les Africains qui construiront l'Afrique. Le paradis est à notre portée. »

La paix comme fondation, la CAN comme symbole d'espoir

Ambassadeur de paix pour la CEDEAO et ex-messager de l'ONU, Alpha Blondy lie tout à la paix : « Là où il y a la paix, il y a l'espoir. C'est une dimension divine. Sans paix, pas de respect des droits de l'homme. » Son reggae ? Un « médicament » pour guérir les plaies de l'esclavage et de la colonisation : « L'histoire de l'Afrique ne commence pas par ces événements accidentels. C'est pour reconstruire l'homme africain. »

À l'aube de la CAN 2025 au Maroc, il soutient deux nations : « La Côte d'Ivoire et le Maroc, par reconnaissance – grâce au Maroc, la Côte d'Ivoire a ressuscité lors de la précédente CAN. Si elles se rencontrent en finale, il faudra prier ! » Un soutien qui illustre l'unité sportive comme levier de fraternité.

Une mission spirituelle dans un monde accéléré

Au cœur de tout, la spiritualité : « Avant d'être humain, c'est un être spirituel créé par Dieu. Amour, paix, grande spiritualité – voilà mes inspirations. » Rétrospectivement, son succès ? « Alpha Blondy n'a aucun mérite. L'inspirateur suprême, c'est Dieu. Je ne fais que transmettre. Chacun a une mission divine ; excellez-y, comme Michael Jackson ou James Brown. »

Dans un monde qui tourne à vive allure – « La Terre à 118 000 km/h autour du Soleil, Dieu est un Dieu rapide » –, Alpha Blondy invite à l'optimisme : « Les outils modernes aident à aller vite, c'est dans notre ADN. »

De Timitar à la CAN, en passant par l'IA, Alpha Blondy dessine une Afrique dynamique, où tradition et innovation se marient pour un avenir brillant. Un message qui, depuis Agadir, inspire le Sénégal et tout le continent.