[Billet] Cheikh Touré et le mercato du désespoir
Ils rêvaient de crampons dorés d’Europe, de lumière et de stades pleins. Ils ont trouvé l’obscurité d’un repaire ghanéen et des geôliers sans scrupules. La vidéo devenue virale montre une jeune dame, tremblante et déboussolée, négociant la libération de ses proches, Bamba et Momo.
Au bout du fil, un inconnu à l’accent bancal réclame un transfert d’argent pour, dit-il, « parler aux ravisseurs ». On dirait un film de série B, sauf que le scénario est bien réel et que les acteurs, eux, ne jouent pas.
Depuis la mort tragique de Cheikh Touré, les larmes coulent, les posts de compassion affluent, et les recruteurs de malheur continuent de recruter. Entre Dakar et Accra, les rêves voyagent sans passeport.
L’Afrique devient un open space pour les vendeurs d’illusions : “viens, tu signeras à Chelsea” — mais tu finis dans une cache au fin fond du Ghana. C'est le mercato du désespoir !
Pendant que les ministères “suivent l’affaire de près”, les trafiquants, eux, recrutent de très près. Et pendant qu’on prie pour le retour de “nos fils”, d’autres partent déjà, valise pleine de promesses creuses, convaincus que cette fois, “ce sera différent”.
Ici, on ne joue plus au foot. On joue avec la vie. Et les dribbles les plus meurtriers ne se font plus sur la pelouse — mais dans les téléphones. Car, le vrai drame, c’est qu’à force de vendre des rêves, on a fini par perdre la réalité.
Commentaires (2)
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.