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Cybercriminalité en Afrique de l’Ouest : Un rapport du GIABA révèle les typologies de Blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme

Auteur: Cheikhou AIDARA

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L’Afrique de l’Ouest a connu une augmentation de la connectivité internet supérieure à la moyenne de l’Afrique sub-saharienne. Cette connectivité est cependant variable et dispersée. Le taux de connectivité en Afrique de l’Ouest est aussi élevé que 70% (Cabo Verde) et aussi bas que 15% (Niger). Les progrès réalisés en matière de connectivité à l’internet sont érodés par la vitesse exponentielle à laquelle la cybercriminalité est perpétrée, ce qui a des conséquences désastreuses et dommageables. C’est ce qu’a révélé le rapport régional du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) intitulé : « Typologies de blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme liés à la cybercriminalité en Afrique de l’Ouest, mai 2025 ».
« Les technologies numériques posent des problèmes importants dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, la criminalité organisée et le financement du terrorisme »
Selon le rapport, la surface d’attaque numérique s’est « considérablement élargie du fait de l’évolution vers le travail à distance, de  l’augmentation du nombre de personnes en ligne et de l’interconnexion accrue des ordinateurs et des appareils intelligents » dans le monde entier. Et avec le développement des technologies numériques, « l’utilisation des réseaux d’information et de communication pour faciliter les flux financiers illicites devient l’un des principaux défis à relever pour résoudre le problème des mouvements de fonds illégaux ».
« Les nouveaux outils numériques de transfert d’argent, tels que les services bancaires en ligne et mobiles, les paiements électroniques, les crypto-monnaies, les fournisseurs de commerce électronique et les services de jeux d’argent en ligne, surtout s’ils sont combinés, offrent un nombre incalculable d’opportunités pour éloigner l’argent de sources illégales de profit ou pour transférer illégalement de l’argent à partir de sources légales. La pandémie de COVID-19 a également créé de nouvelles opportunités pour les criminels d’abuser des systèmes financiers par le biais des technologies d’une manière plus innovante et plus complexe », lit-on dans les colonnes du document.
Mieux, il ajoute : « Les technologies numériques posent des problèmes importants dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, la criminalité organisée et le financement du terrorisme, car les cyber-attaques continuent d’évoluer et augmentent en fréquence et en sophistication ».
« D’après les entretiens menés par les chercheurs nationaux, il y a une convergence de vues sur le fait que les forces de l’ordre de toute la région semblent débordées puisque deux infractions sur trois signalées sont liées à la cybercriminalité. Le type de fraude le plus répandu (40%) est celui des frais d’avance. Viennent ensuite les cas liés à l’argent mobile (15 %), puis les combines à la Ponzi (13%). Viennent enfin le piratage de sites web ou de plates-formes commerciales (7%) et la compromission de courriers électroniques d’entreprises (7%). Les cas les moins fréquents sont les fraudes à la carte de crédit/débit et les cas liés au financement du terrorisme », révèle le document.
La nécessité de mettre en place un cadre juridique et institutionnel conforme aux normes internationales en vigueur
Pour que la lutte contre la cybercriminalité soit plus efficace et dissuasive, l’étude propose quelques recommandations à l’intention du public et des autorités compétentes qui luttent contre la cybercriminalité. Il s’agit de la nécessaire de lancer et d’intensifier les campagnes de sensibilisation du public, de promouvoir la culture de la cybersécurité dans la région et d’aider les pays à mettre en place un cadre juridique et institutionnel conforme aux normes internationales en vigueur ; de procéder à une évaluation appropriée des risques et mettre en place un laboratoire de criminalistique numérique pour fournir des preuves médico-légales aux autorités chargées de l’application de la loi ; de renforcer les capacités opérationnelles des enquêteurs en matière de techniques d’investigation numérique et combler le fossé entre le cadre juridique et les lois spéciales sur la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement du terrorisme, afin de faciliter et d’accélérer les poursuites pénales en cas de délit cybercriminel.
Le rapport recommande également la mise en place d’un forum régional des plateformes nationales de lutte contre la cybercriminalité en Afrique de l’Ouest afin de permettre aux autorités compétentes de travailler en réseau, de partager des informations et des renseignements ; et le suivi de la signature, la ratification et la transposition dans le droit national des instruments internationaux et renforcer les capacités en matière de détection, d’enquête, de poursuite et de jugement des affaires de cybercriminalité, ainsi que la manière de suivre l’argent, y compris en menant des enquêtes parallèles et financières.
Conscient de ce défi complexe, le GIABA a mené cette étude typologique sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme liés à la cybercriminalité en Afrique de l’Ouest. Malgré la gravité de ce phénomène, le GIABA estime que « la cybersécurité est encore considérée comme un luxe et non comme une nécessité dans de nombreuses économies  africaines. Et son importance n’a pas encore été suffisamment appréciée ou reconnue ».
D’où la nécessité, pour lui, de mener un tel exercice de typologie qui « alimentera la base d’un fondement structurel et réglementaire de la lutte contre les crimes informatiques en Afrique de l’Ouest ». Il vise, selon le GIABA, à améliorer la compréhension des risques de blanchiment de capitaux liés à la cybercriminalité dans les États membres du GIABA, afin d’améliorer la politique, la conformité et l’application.
A rappeler que le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) est une institution spécialisée de la CEDEAO et un organisme régional de type GAFI qui promeut les politiques de protection des États membres contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive. Et les Recommandations du GAFI sont reconnues comme la norme mondiale de référence en matière de Lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération (LBC/FTP).
Auteur: Cheikhou AIDARA

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