Dans une contribution éclairée à l’Agenda National de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI 2050), le Pr Amath Ndiaye, économiste, propose une réorientation stratégique vers les établissements privés agréés pour réduire la pression budgétaire sur les universités publiques sénégalaises. S’inspirant du modèle ivoirien, il explore les marges d’économie potentielles dans cette note intitulée : « Cette note est une contribution à l’Agenda National de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI 2050). Elle vise à analyser les marges budgétaires qu’offre une politique de réorientation stratégique vers les établissements privés d’enseignement supérieur agréés par l’État. »
Le Pr Ndiaye s’appuie sur l’exemple de la Côte d’Ivoire, où « la politique ivoirienne d’orientation vers le privé » a permis d’orienter 71,7 % des bacheliers préinscrits en 2021, soit 49 712 étudiants, vers des établissements privés, notamment pour des formations professionnalisantes comme le BTS. « Ce dispositif repose sur une contractualisation entre l’État et les établissements privés, principalement pour des formations professionnalisantes de courte durée (BTS). Cette stratégie a permis une meilleure absorption de la demande étudiante, tout en réduisant les coûts unitaires de formation », explique-t-il, notant l’efficacité d’un mécanisme de suivi, de régulation et de classement des partenaires.
Au Sénégal, les chiffres parlent d’eux-mêmes selon le Pr Ndiaye : « Au Sénégal, un étudiant dans une université publique coûte en moyenne 1 178 742 FCFA par an, soit 2 357 484 FCFA sur deux ans. Un étudiant orienté par l’État dans un établissement privé agréé coûte 400 000 FCFA/an pour les frais pédagogiques. En tenant compte d’une bourse moyenne annuelle de 282 000 FCFA, le coût total annuel pour l’État est de 682 000 FCFA, soit 1 364 000 FCFA sur deux ans. » Cette différence génère une économie potentielle de 993 484 FCFA par étudiant sur deux ans, une marge qu’il juge cruciale.
Dans ses hypothèses budgétaires, il détaille : « Coût universitaire public (2 ans) : 2 357 484 FCFA par étudiant ; Coût d’un étudiant orienté dans le privé (2 ans) : 1 364 000 FCFA (frais pédagogiques + bourse moyenne) ; Gain pour l’État par étudiant redirigé vers le privé (2 ans) : 993 484 FCFA. » Il propose des scénarios : « Pour 10 000 étudiants, un gain net de 9,9 milliards FCFA ; pour 20 000, 19,9 milliards ; et pour 30 000, 29,8 milliards FCFA. » Comparant les budgets 2024, il note : « Malgré un budget global comparable, la Côte d’Ivoire prend en charge un plus grand nombre d’étudiants avec un coût annuel par étudiant plus faible. Cette efficience s’explique en partie par le recours massif au secteur privé encadré et contractualisé. »
En conclusion, le Pr Ndiaye insiste : « L’analyse met en évidence que le Sénégal pourrait réaliser, tous les deux ans, des économies budgétaires substantielles — allant de 9,9 à 29,8 milliards FCFA pour 10 000 à 30 000 étudiants orientés — tout en améliorant l’accès à l’enseignement supérieur. Le modèle ivoirien peut servir d’inspiration pour une réforme nationale durable, articulée autour de la complémentarité public-privé, de la régulation et de l’efficience. »
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