El Hadj Cissé a la baraka. Il a échappé à la mort après avoir été gravement blessé au couteau au niveau de la clavicule droite et reçu une pierre à la tête. Son bourreau présumé, Cheikh T. Cissé, lui a causé qu’une Incapacité temporaire de travail (Itt) de 25 jours. Ce n’est pas rien, mais les choses auraient pu empirer.
Les faits se sont déroulés ce mois de mars. Cheikh T. Cissé évite de serrer la main à El Hadji Cissé, qui est enrhumé. Néanmoins, il tente de lui adresser la parole. Ce dernier l’ignore. Il entre dans une colère subite et lui assène une gifle. La bagarre éclate. El Hadji est atteint à la tête par une pierre. Les voisins interviennent pour séparer les deux protagonistes. Chacun rentre chez lui.
D’aucuns croyaient l’incident clos, mais c’était sans compter avec la rancune tenace de Cheikh T. Cissé. D’après un témoin, il est revenu à la charge, armé de couteau, pour attenter à sa vie. La bagarre reprend. En essayant de désarmer son vis-à-vis, El Hadji se blesse à la main.
Les deux adversaires étaient ce jeudi à la barre du tribunal de Dakar à l’audience des flagrants délits. Cheikh T. Cissé est poursuivi pour Coups et blessures volontaires (Cbv), menaces de mort et rébellion. Devant le juge, il a tenté de se dédouaner en se faisant passer pour une victime de son entourage. Il assure que depuis sa sortie de prison, il est rejeté par ses voisins. Ce qui le rend hors de lui.
Il psychanalyse : «Je suis soudeur métallique au chômage. J’ai eu des problèmes dans ma vie. Je loge seul dans ma maison familiale avec des locataires. Je ne suis pas violent de nature. Je dois me soigner. Si j’étais une personne normale, je ne me serais pas comporté de la sorte. C'est eux qui me poussent à la violence. Je perds vite le contrôle. J’admets que j’ai fait du tort à El Hadji Cissé.»
En effet Cheikh Tidiane Cissé est un repris de justice. Il a connu plusieurs séjours en prison dont un pour meurtre en 2004. Il avait écopé de 10 ans. Il sera libéré après 43 mois. Il prendra par la suite deux ans de prison pour Cbv avant de recouvrer la liberté au bout de 19 mois de détention. À la barre, il a accusé sa nature belliqueuse pour justifier ses déboires avec la justice.
Avocat de la victime, Me Ibrahima Mbengue ne s’est pas montré compatissant avec le mis en cause. Au contraire, il l’enfonce : «Quand j'ai vu les blessures (d’El Hadji Cissé), je me suis rendu compte qu'il a échappé à la mort. Le prévenu est quelqu’un d'une violence extrême. C’est quelqu'un qui peut tuer avec froideur. C’est un habitué du prétoire. Il a menacé mon client. Il lui a dit que même si on le condamne à 10 ans ferme, à sa sortie, il le tuerait.»
Me Mbengue, qui souhaite que Cheikh T. Cissé soit envoyé en prison, lui réclame 10 millions de F Cfa de dommages et intérêts. Le parquet a apporté de l’eau à son moulin. «C'est un homme dangereux. Personnellement, je ne voudrais pas l'avoir comme voisin», déclare le procureur avant de requérir une peine d’aménagement de 4 ans dont 3 mois ferme.
Le prévenu a fait son mea culpa. Verdict : jeudi 6 avril 2017.
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