PACASEN : l’ADM outille les collectivités territoriales pour une meilleure gouvernance environnementale
L’Arène nationale a accueilli ce mardi 7 octobre 2025 une rencontre d’un genre particulier. Loin des combats de lutte qui font vibrer ses gradins pendant la saison, le lieu s’est transformé en espace d’échanges et de renforcement des capacités sur la gestion environnementale et sociale dans les collectivités territoriales.
Cette mission de coaching territorial continu (CTC), initiée par l’Agence de Développement municipal (ADM) dans le cadre du Programme d’Appui aux Communes et Agglomérations du Sénégal (PACASEN), a réuni les représentants des départements de Rufisque, Keur Massar et Pikine.
Yacine Tine Dieng, directrice de l’Agence régionale de développement (ARD) de Dakar donne les enjeux : « Nous sommes aujourd’hui réunis dans le cadre du coaching territorial continu du PACASEN, relativement à la gestion environnementale et sociale, mais également à la promotion de la participation citoyenne et à la mise en œuvre du mécanisme de gestion des plaintes ». Elle précise que l’objectif de ces journées est « de renforcer les capacités des collectivités territoriales, donc 51 au niveau de la région de Dakar, afin qu’elles puissent mieux prendre en charge les aspects environnementaux dans les projets financés par le PACASEN ».
Depuis 2019, les communes engagées dans le programme sont accompagnées pour intégrer les impératifs liés aux changements climatiques dans leurs plans de développement. « C’est important de les inciter à prendre en compte tout ce qui est changement climatique dans leurs projets », poursuit Yacine Tine Dieng, qui salue le partenariat entre l’ARD, les experts de l’ADEME et les divisions techniques locales.
Cette démarche, explique Ndeye Sagne, spécialiste senior en sauvegardes environnementales à l’ADM, repose sur un cadre réglementaire précis. « Depuis l’avènement du Code de l’environnement de 2001, actualisé en 2023, tout projet de développement ou programme doit faire l’objet d’une évaluation environnementale et sociale. Et dans le cadre du PACASEN, ce principe est incontournable », dit-elle.
L’ADM a ainsi élaboré un manuel de gestion environnementale et sociale décrivant les procédures à suivre pour intégrer les considérations environnementales dès la phase de planification. « Ce manuel précise les rôles et les responsabilités des collectivités territoriales », indique Ndeye Sagne tout en rappelant que le respect de ses dispositions constitue une condition minimale obligatoire du programme. « Aujourd’hui, toutes les collectivités territoriales pilotes du PACASEN ont l’obligation de faire le screening environnemental de leurs projets avant toute réalisation », insiste-t-elle.
Ce travail d’accompagnement s’étend également à la participation citoyenne, pilier du dispositif. « La participation citoyenne constitue un thème transversal du PACASEN. L’ADM s’est inspirée du Code général des collectivités territoriales pour élaborer un guide de participation citoyenne et de mécanisme de règlement des plaintes », explique Ndeye Sagne. Ce guide prévoit que les communautés soient impliquées dès le choix des projets, mais aussi dans leur exécution. Elle précise : « Les populations ont la possibilité, en cas de nuisances ou de désaccords, de saisir leur collectivité territoriale. Ces plaintes sont traitées sans difficulté grâce à un dispositif local et à la désignation de points focaux ».
Les communes disposent désormais d’un mécanisme de gestion des plaintes harmonisé et de commissions locales pour veiller à sa bonne application. « Nous travaillons avec les directions régionales de l’environnement et du changement climatique pour accompagner les communes et harmoniser ces dispositifs », ajoute la spécialiste qui évoque, par ailleurs, un partenariat institutionnel solide.
Pour les élus locaux, cette mission de coaching apparaît comme un levier essentiel. Ousseynou Fall, représentant de la mairie de Thiaroye-sur-Mer, estime que « ce coaching territorial continu est extrêmement important pour les collectivités territoriales ». Selon lui, il permet d’améliorer la qualité des projets tout en favorisant l’appropriation citoyenne : « Nous devons associer les populations au choix des projets. C’est ce qui justifie la tenue de réunions publiques d’information ».
Les collectivités élaborent leurs projets sur la base de plans de développement communaux (PDC) et de plans triennaux d’investissement (PTI), validés par les populations et les conseils municipaux. « Ce coaching est d’autant plus important qu’il suit les plans de renforcement des capacités et l’exécution des projets », poursuit Ousseynou Fall. Il rappelle que ces initiatives contribuent à « faire face aux défis environnementaux tels que les inondations ou la préservation de la biodiversité ».
L’engagement des collectivités s’accompagne d’un objectif de performance. « Nous voulons que toutes les collectivités passent à la fin de l’année, car celles qui réussissent obtiennent leur allocation de performance », fait savoir le représentant de Thiaroye-sur-Mer. Il revient sur l’importance d’une communication accrue autour de ces initiatives : « Nous avons besoin de la presse pour nous accompagner, parce que quand on parle de la presse, on parle des populations ».
Sur le plan technique, le dispositif environnemental s’appuie sur un processus rigoureux. Abdourahmane Ndour, chef de la division régionale de l’environnement et des établissements classés (DREEC) de Dakar, en détaille les étapes. « Dans le cadre du PACASEN, les investisseurs sont désormais assujettis aux investissements socialement responsables. L’environnement est devenu un passage obligatoire ».
« Le screening environnemental permet de faire une visite de terrain, d’identifier les aspects à corriger et ceux à renforcer, avant de donner un accord de mise en œuvre avec des recommandations précises », explique-t-il.
Ce suivi se prolonge après l’autorisation, en coordination avec l’ADM : « Nous faisons un suivi environnemental pour vérifier la conformité des projets aux recommandations formulées ».
Pour Abdourahmane Ndour, cet engagement traduit une évolution : « Les collectivités ont compris que l’environnement n’est plus une option. Elles ne peuvent pas réaliser un projet sans identifier les impacts potentiels et s’assurer que le site choisi est réellement apte à accueillir le projet ».
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