29 morts et 363 cas en un mois. Face à cette flambée inquiétante de la fièvre de la Vallée du Rift, l’Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé (ASAS) – And Gueusseum – tire la sonnette d’alarme et fustige la manière dont le ministère de la Santé gère la crise sanitaire.

Une épidémie meurtrière et mal maîtrisée

Dans un communiqué rendu public ce 2 novembre 2025, And Gueusseum s’est incliné devant la mémoire des victimes de la fièvre de la Vallée du Rift, tout en exprimant sa profonde inquiétude devant l’ampleur de la situation : 29 décès et 363 cas recensés en un mois, principalement à Saint-Louis.

Le mouvement syndical déplore les « mécanismes défaillants » de diagnostic et de traitement, notamment à l’hôpital régional de Saint-Louis, où la majorité des décès ont été enregistrés.

Selon And Gueusseum, cette tragédie était pourtant prévisible. « Nous avions déjà alerté sur le risque d’indemnisation de cette zoonose, conséquence directe d’une gestion tatillonne et inadaptée de la part du ministère de la Santé », peut-on lire dans le communiqué.

Une politique sanitaire jugée incohérente

Le syndicat met en cause la stratégie gouvernementale, accusée de négliger les trois piliers essentiels de la lutte épidémique : la communication de masse, la formation du personnel et la protection des agents de santé, notamment les infirmiers chefs de poste.

And Gueusseum déplore également l’évacuation systématique des malades vers Saint-Louis, alors que les transfusions sanguines nécessaires pourraient être réalisées dans les centres de santé périphériques.

Le mouvement pointe en outre les difficultés d’application de la loi n°2023-06 sur la transfusion sanguine et de son décret d’application, qui posent selon lui de sérieux problèmes d’hémovigilance et d’approvisionnement en sang conforme aux normes de l’OMS.

Une prévention défaillante et des contradictions criantes

Pour And Gueusseum, la prévention doit être la clé de voûte de la réponse sanitaire. Le syndicat dénonce une « juxtaposition de programmes » sans coordination réelle et regrette que « l’épicentre de la maladie se situe précisément dans une zone où le Programme national de lutte contre le paludisme a distribué le moins de moustiquaires imprégnées ».

Le mouvement plaide pour une approche intégrée fondée sur le concept One Health, qui relie santé humaine, animale et environnementale. Il appelle à une meilleure synergie entre les services de santé, d’élevage, d’agriculture et d’environnement, tout en rappelant le rôle crucial de l’Action sociale dans la sensibilisation et le suivi des familles.

Des menaces sanitaires multiples

La fièvre de la Vallée du Rift n’est pas le seul danger. Selon And Gueusseum, le pays est également confronté à la dengue et à la variole du singe, deux maladies encore mal connues du grand public mais responsables de nombreux décès évitables.

Le syndicat préconise une lutte antivectorielle plus vigoureuse, la vaccination des animaux en dehors des périodes épidémiques et une gestion rigoureuse des carcasses contaminées pour briser la chaîne de transmission.

Un climat social tendu

Au-delà de la crise sanitaire, And Gueusseum rappelle qu’il reste en désaccord avec le ministère de la Fonction publique et du Travail, qu’il accuse d’ignorer le préavis de grève déposé depuis le 19 octobre.

Le mouvement prévoit ainsi un sit-in le 21 novembre, suivi d’une grève les 25 et 26 novembre 2025, pour exiger l’application des accords signés mais restés sans suite.