Le rush constaté depuis quelques jours au marché Hlm n’est pas sans conséquences fâcheuses pour les vendeurs. Ils sont les cibles de voleurs particuliers : des femmes. Le phénomène de ces Arsène Lupin aux formes généreuses drapées dans des jupes, pagnes ou grands boubous prend de l’ampleur et inquiète. Au marché Hlm, les voleuses font la razzia non sans en subir les conséquences pour celles qui sont prises. Et depuis peu, il est difficile de passer une journée sans voir des femmes prises la main dans le sac.
Futées, elles profitent souvent de l’euphorie générale pour accomplir leur sale besogne. Selon une vendeuse de tissus trouvée devant son étal, tous les commerçants de ce marché se sont fait voler un jour ou l’autre. «Les vols sont plus fréquents ; pendant cette période, à chaque fois, ce sont les femmes qui commettent ces larcins. Je me suis fait voler des tissus 3 fois cette semaine, mais je n’ai jamais eu la chance de mettre la main sur la fautive», raconte la dame.
Autre vendeuse de tissus, Marie Claire Ba révèle que ce ne sont pas seulement les jeunes filles qui sont coupables. Mais qu’il y a aussi des femmes d’âge mûr. Elle nous raconte la scène dont elle a été témoin, il y a quelques jours. «Une femme était venue faire des achats avec un sac. Faisant semblant de chercher sa copine qu'elle disait avoir perdue, elle a sorti une lame pour découper le sac d'une jeune fille dans le dessein de lui chiper son porte-monnaie et son portable». Selon la vendeuse, n’eût été l’arrivée d'une autre cliente qui a assisté à la scène, la voleuse aurait réussi son coup sans que la victime ne s’en rende compte. «L’autre jeune fille l’a attrapée, la main dans le sac, et s’est jetée sur elle pour récupérer ce qu’elle avait déjà eu à prendre. Ensuite les gens qui passaient sont venus lui prêter main-forte. La voleuse s’est par la suite mise à les supplier de ne pas la conduire à la police sous prétexte qu’elle avait des enfants qui l’attendaient à la maison», poursuit la commerçante.
Les boutiques et les étals de tissus sont les cibles des voleuses. Dans la mesure où les tenanciers de ces commerces sont souvent débordés par l’afflux de monde et ne peuvent pas contrôler les faits et gestes de tous les clients.
Aby Ndiaye, vendeuse de tissus dans une grande boutique, a reçu la visite des voleuses à deux reprises cette semaine. Elle nous relate qu’elle a attrapé, il y a 4 jours, un groupe de jeunes filles qui voulaient lui voler des coupons de tissus. «Elles viennent d’habitude en groupe. L’une marchande afin de détourner mon attention tandis que les autres essaient de dérober un paquet. Cela n’avait pas été facile de les démasquer. Heureusement, j’ai eu le réflexe de compter les paquets avant qu’elles n’aillent loin», explique-t-elle. D’après Aby, elle leur a aussitôt demandé de revenir pour qu’elle procède à une fouille dans leurs sacs. «Finalement, c’est sous son voile que l’une d’elles avait caché le paquet de tissus. Nous ne sommes pas loin du poste de police et je l’ai immédiatement conduite là-bas» dit-elle.
Vendredi 19 août dernier quand il y avait la grande pluie, raconte une couturière établie au marché, une dame a été humiliée devant sa fille qui l’accompagnait. «Elle était entrée dans un magasin, a acheté un tissu «gani lah», mais en a volé un autre. On ne savait pas ce qui se passait. On a simplement vu le vendeur l’interpeller pour lui dire qu’elle a oublié quelque chose dans sa boutique. Quand elle est retournée sur place, il l’a sommée de rendre le «gani lah» qu’elle a volé. Elle s’est mise à nier, mais le vendeur l’a si violemment giflé avant de soulever le grand boubou où le tissu était camouflé. Les gens ont voulu presque la lyncher, mais ce sont les pleurs de sa fille qui les ont retenus. Finalement ils l’ont laissé partir».
Cleptomanie ou simple manifestation de la conjoncture avec l'obsession de satisfaire le paraître quels que soient les moyens, le fait pour les femmes de voler dans les marchés les expose, au-delà de la honte, à des risques de correction sévère. Surtout que la justice populaire est la règle la plus usitée dans ces milieux.
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