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Amadou Séga Keïta : « La traite des personnes à Kédougou exige une réponse efficace et rapide »

Auteur: Awa FAYE

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Amadou Séga Keïta : « La traite des personnes à Kédougou exige une réponse efficace et rapide »

Représentant du ministère de la Justice, hier, lors de l’atelier sur Mobilisation de ressources pour l’éradication de la traite à des fins d’exploitation sexuelle des filles et femmes dans le secteur d’extraction minière d’or à Kédougou, organisé par Free the slaves, Amadou Séga Keïta, explique les défis liés à cette lutte. Il plaide pour un renforcement des ressources et de la coopération judiciaire afin d’assurer la protection et la justice pour les victimes. Ce, tout en indexant la porosité des frontières, la vulnérabilité des victimes et les lenteurs judiciaires.

 

Quels sont les principaux défis rencontrés par le ministère de la Justice dans la lutte contre la traite des personnes à Kédougou ?

 

Nous faisons face à des difficultés multiformes. Kédougou est une région frontalière avec le Mali et la Guinée, avec des frontières longues et poreuses. L’instabilité politique dans ces pays, ainsi que le phénomène du terrorisme, pousse beaucoup de jeunes à chercher des opportunités ailleurs. Les réseaux criminels profitent de ces vulnérabilités pour exploiter les filles et les garçons dans des activités telles que la prostitution et le trafic de drogues dans les sites d’orpaillage. Il y a presque 19 nationalités qui affluent dans la région de Kédougou aujourd'hui, qui viennent d'horizons divers, pas que des pays africains. On peut citer l'Australie, la Corée, un peu partout.

Comment ces réseaux opèrent-ils concrètement ?

Ils attirent les jeunes avec de fausses promesses de salaire ou de voyages vers l’Europe ou les États-Unis. Et certains viennent pour la recherche de l'or. On leur fait miroiter qu’ils peuvent avoir des salaires assez élevés, trois fois plus que dans votre pays. Les réseaux ne disent pas la vérité. Une fois sur place, ils retirent les papiers d’identité et forcent les filles à se prostituer et les garçons à vendre de la drogue. Les victimes deviennent alors vulnérables et dépendent entièrement des réseaux pour survivre, ce qui complique énormément le travail de la justice. Ils leur disent : ‘’nous avons suffisamment dépensé pour votre voyage, nous avons même peut-être donné des fonds à vos familles en attendant votre retour. Nous souhaitons aussi que vu nos charges qui s'augmentent, il faudra vraiment aussi vous engager à faire un travail pour nous, le temps de continuer le voyage’’.

Quelles sont les difficultés dans le traitement judiciaire de ces affaires ?

Les victimes sont souvent les principaux témoins. Si elles disparaissent avant ou pendant l’enquête, il devient impossible de poursuivre efficacement les auteurs. Il faut donc que les centres d’accueil soient capables de les protéger et de les héberger tout au long de la procédure judiciaire. Les lenteurs des enquêtes et le manque de coopération internationale sont également des freins à une lutte efficace. C'est pourquoi souvent, dans la plupart des cas, des enquêtes qui n'aboutissent pas.

Que peut faire le ministère pour améliorer la situation ?

 

Nous devons renforcer les capacités financières et administratives des centres d’accueil, améliorer la coopération judiciaire entre pays, et assurer un suivi strict des enquêtes. Il est crucial que les forces de défense et de sécurité puissent mettre sous mandat de dépôt les membres des réseaux pour garantir que les victimes restent disponibles pour témoigner et que la justice soit réellement rendue. Il faut que les acteurs d'enquête, la gendarmerie, la police, les procureurs de la République, puissent aussi, pour établir vraiment la culpabilité des personnes incriminées, puissent les établir de façon assez justifiée, assez claire.

Quel message souhaitez-vous adresser aux partenaires et au public ?

 

La dignité humaine est sacrée et bafouée à Kédougou. Il est urgent que tous les acteurs, gouvernementaux et partenaires techniques, s’engagent pour la protection des victimes et le démantèlement des réseaux criminels. La lutte contre la traite des personnes exige une réponse coordonnée, efficace et rapide.

Auteur: Awa FAYE
Publié le: Jeudi 23 Octobre 2025

Commentaires (1)

  • image
    Avis il y a 15 heures

    il faut encourager ces personnes dans leurs missions

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