Le retour des populations dans plusieurs villages du Nord Sindian dans le département de Bignona s’intensifie, chaque année, depuis la grande accalmie notée en 2022 jusqu’à ce jour, même si dans certaines zones les populations hésitent à rentrer. Ce retour des populations déplacées accéléré par de nombreuses initiatives de l’État est aujourd’hui marqué par l'exécution du Plan Diomaye pour la Casamance. Ce plan cherche à accompagner davantage ce processus de paix dans cette région meurtrie par 4 décennies de crise.

L'initiative a été saluée par les populations déjà de retour dans le Nord Sindian. Cependant, le déminage non effectif dans plusieurs secteurs suscite encore des interrogations pour le retour massif des habitants. Ces déplacés ont besoin de l’adduction adéquate en eau pour assurer convenablement toutes les tâches.

A Djigoudiar, à des kilomètres de la commune de Sindian, les populations après 20 ans d'exil ont repris le chemin du retour en 2022.

Les habitants de ce village ont accueilli positivement le Plan Diomaye pour la Casamance, selon Ibou Badji, habitant de Djigoudiar, dans le Nord Sindian.

" L'urgence à Djigoudjar, c’est l’eau. On a du mal à en disposer une grande quantité . On a voulu faire du maraîchage, à côté pour améliorer un peu la qualité de la nourriture, mais on a du mal à utiliser cette eau. Quand ça ne suffit pas pour boire, alors on ne peut pas l'utiliser pour d'autres choses. ", a indiqué le sieur

En outre, Ibou Badji informe qu’ils vivent dans l’insécurité avec la non dépollution complète de la zone des mines.

" S'agissant du déminage, ils sont venus travailler, mais concrètement, ils n'ont pas déminé. Nous vaquons à nos occupations, tout en nous souciant de ces engins. Pour le moment, il n'y a pas eu de dégâts.", a-t-il déclaré.

Même son de cloche chez la jeunesse. Le président estime qu'il est impératif de déminer la zone pour la sécurité de la population.

" La zone doit être déminée. Parce que cette zone a été abandonnée depuis une vingtaine d'années. ", a lancé Abdou Badji, président jeunesse de Djigoudiar, Nord Sindian

Dans le village de Katimorou Kayagol, le retour n’est pas d’abord effectif. Seul le chef de village a pris la responsabilité de rentrer au bercail pour encourager les habitants du village à entreprendre le retour. Zakaria Diédhiou, chef du village de Katimorou Kayagol Nord Sindian, renseigne que dans ce village; 5 quartiers sont confrontés aux problèmes d'approvisionnement en eau.

"Dans Katimorou Kayagol, il y a cinq quartiers. Il s'agit Katinoro, de l'autre côté il y a Kaigoro, i Tambaf,, Bassène et Djjwenki. Il y a cinq quartiers qui sont éloignés. La priorité ici d’abord, c’est l'eau. Je viens ici pour puiser, ce sont les militaires qui m'aident.", a dit le chef de village de Katimorou Kayagol.

Il explique que les populations souhaitent rentrer quelle que soit la situation.

Iba Sané, Directeur Général de l’ANRAC, l’agence qui supervise les exécutions techniques du comité de pilotage du Plan Diomaye pour la Casamance a tenu à apporter des précisions sur le déminage.

" Le déminage est un sujet confié au CNAMS, pas à l'ANRAC. Et depuis fin octobre, Handicap International ou Humanité Inclusion a arrêté ses activités. Donc, il n'y a plus de déménage en ce moment en Casamance. C'est une question lancinante, parce qu'aujourd'hui certains villages ne peuvent pas retourner tant que la question du déminage, tant que les terres polluées par les mines ne sont pas libérées.", a expliqué le Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Relance des Activités Économique et Sociales en Casamance.

Iba Sané a salué la descente sur le terrain du conseil de surveillance de l’ANRAC pour comprendre les enjeux et aider dans la prise de certaines décisions, surtout dans la mise en œuvre du Plan Diomaye pour la Casamance.