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DESERTER LES BUREAUX LE LENDEMAIN DES FETES RELIGIEUSES : Une tradition respectée par des fonctionnaires malgré les menaces de Macky Sall contre l'absentéisme

Auteur: Mbaye THIAM (stagiaire)

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Dans une de ses sorties, le chef de l'Etat demandait aux Sénégalais de se départir de certaines mauvaises habitudes comme les retards au travail et les cas d'absentéisme injustifiés. Un appel qui ne semble pas être bien entendu. Au lendemain de la korité, pourtant jour ouvrable, nombreux sont les travailleurs qui ont choisi de rester chez eux, au grand dam des usagers.

Après trois jours (samedi à lundi) passés à célébrer, les uns après les autres, la fête de Korité, nombreux sont les Sénégalais qui ne sont pas partis travailler. Un lot dans lequel il y a des fonctionnaires. Dakar avait les airs d'une ville fantôme. Les rues étaient désertes, les grandes artères jadis abonnées aux embouteillages se retrouvaient du coup avec une fluidité bien exceptionnelle. La capitale respirait à pleins poumons. 

On ne peut pas, toutefois, en dire autant pour ces personnes trouvées devant certaines administrations. En face de l'imposant bâtiment des impôts et domaines faisant face à la brigade de gendarmerie de Thiong, trois hommes sont aux aguets. De rares travailleurs viennent garer leur véhicule avant de rejoindre l'intérieur de l'immeuble. Le trio attendait un inspecteur des impôts, M. N.... Selon l’un d'eux, habillé en kaftan de couleur marron, «M. N... avait bien dit qu'il serait là». D'un geste machinal, il sortit de sa poche une carte de visite au dos duquel il y avait bien un rendez- vous griffonné au stylo à la date du 21 août 2012 à 10h. L'autre monsieur, de marteler : «on a quitté Touba très tôt ce matin pour ne pas être en retard, et là le gendarme nous dit que Monsieur ne sera pas là aujourd'hui». Les trois personnes affirment avoir tenté de joindre l'intéressé par téléphone, mais en vain. «C'est toujours la boîte vocale», lance le plus âgé, la soixantaine. Après plus de trois quarts d'heure d'attente, les trois Diourbelois se décident à rentrer bredouille. Les lendemains de fête sont toujours marqués par les forts taux d'absentéisme constatés dans les lieux de travail. Certains patrons disent donner un signal fort. Dans un restaurant de la place, M. Diagne, un chef de service qui officie dans un ministère nous confie que ce phénomène risque d'avoir de beaux jours devant lui si on n'y prend garde. Selon M. Diagne «ces gens sont généralement issus des régions où ils vont faire la fête en famille». Mais assure-t-il, «je distribue des demandes d'explication à chaque fois qu'ils reviennent». Il considère toutefois que, il y a un problème plus grave encore et «ce sont les personnes qui habitent Dakar, mais qui préfèrent rester chez elles, et elles handicapent le travail en fait». S'absenter après un jour férié est devenu une chose à la mode. Dans le secteur public comme dans celui du privé, les travailleurs sont coutumiers des faits. Ces derniers repartent comme ils étaient venus constatant que leurs interlocuteurs ont «prolongé les fêtes». Cabinets d'avocats, agences de voyage et même dans certaines structures de l'administration, la ponctualité n'est pas toujours respectée. Selon Madame Fall qui vient de se faire signifier que le notaire est absent, «c'est l'Economie sénégalaise qui va prendre un coup de ses nombreux jours que les gens se permettent de chômer». C'est presque énervée qu'elle met en marche le moteur de sa voiture pour disparaître sur une avenue Georges Pompidou vide. Si pour les travailleurs, c'est une joie de grignoter sur les vacances, les usagers de tout bord les vivent dans une grande morosité. Au delà du culte du travail que ces mauvaises habitudes dégarnissent, c'est l'Economie nationale qui risque bien de subir un coup de frein sec. Une économie déjà bien mal en point.

Auteur: Mbaye THIAM (stagiaire)
Publié le: Jeudi 23 Août 2012

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