Le capitaine Pape Amadou Sadio est condamné à un an ferme de prison et doit payer 23 millions à la gendarmerie.Une sentence qui lui vaut la radiation de l'Armée, au terme de 23 années de service.
Le tribunal militaire a rendu sa sentence sur le scandale financier survenu au Groupement d'achat de la gendarmerie nationale (Gagn). Le capitaine Pape Amadou Sadio (46 ans), prévenu d'avoir détourné 19 millions 356 mille 251 est condamné à un an de prison. L’homme en bleu ne pourra pas contester cette décision de justice puisque la loi ne lui donne pas la possibilité de faire appel. Seul recours pour casser le verdict : ses défenseurs comptent se pourvoir en cassation. Autre sanction : le pandore doit débourser 23 millions pour le Gagn, cette unité qui assure le ravitaillement en denrées alimentaires et en équipements du personnel militaire de l’Armée.
Le juge est allé au-delà de la peine de dix mois requise par le procureur de la République, lors de l'audience ayant eu lieu au mois de mai. Il faut signaler que le capitaine Sadio avait purgé dix mois en détention préventive avant de bénéficier d'une liberté provisoire, un mois avant l'ouverture de son procès. Il est ainsi reconnu coupable de trois délits militaires : prise illégale d'intérêt, escroquerie, complicité d'escroquerie et faux et usage de faux en écritures privées. On lui tient comptable d'avoir reçu des intérêts dans l'administration du Gagn dont il était le gérant. Aujourd’hui, sa radiation est certaine puisque le Code de justice militaire sur la base duquel les corps militaires et para militaires sont jugés dispose que tout agent condamné à une peine égale ou supérieure à 90 jours (trois mois), avec ou sans sursis, est d'office rayé des contrôles nominatifs de l'Armée active.
L'affaire a été portée sur la place publique lorsque la direction générale de la société Senac a saisi la hiérarchie militaire pour réclamer le paiement des 19 millions 356 mille 251 francs, matérialisés par des chèques tirés à l'ordre du groupement d’achat et revenus impayés. La société estimait que le capitaine Sadio a eu à réaliser, avec elle, un chiffre d'affaires de 183 millions 544 mille 782 francs au titre de bons de commande portant sur la peinture dans la période du 9 août 2009 au 20 mars 2010. C’est sur ces entrefaites qu’un ordre de poursuites sera délivré le 28 juin 2010 par l'ancien ministre des Forces armées, Abdoulaye Baldé, sur demande du procureur de la République adressée au Haut commandement de la Gendarmerie nationale et à la direction de la justice militaire.
Lors du procès, l'intéressé avait reconnu les chèques impayés qu'il justifiait par le retard de versement du trésor public. Et qu'il a hérité d'une situation déficitaire de 225 millions de francs. Mais c'était sans compter avec le témoignage à charge du trésorier du Gagn, Joachim Sagna. Qui révélait qu'il lui arrivait de verser des sommes d'argent dans des comptes personnels du capitaine, avec notamment celui ouvert dans les livres de la Cbeao.
Le procès a été celui où l'impartialité de la gendarmerie a été décriée. Les défenseurs du capitaine Sadio fustigeaient le fait que les pandores ont été juge et partie dans l'enquête. Au motif que la gendarmerie a porté plainte contre un élément de sa troupe et a rédigé le procès-verbal d'enquête préliminaire. D'où le souci de neutralité évoqué. Les largesses accordées à d'autres personnes impliquées dans la cause et qui continuent de circuler librement ont aussi été passées au peigne fin lors du procès. Idem pour l’intervention de l'agent judiciaire de l'Etat qui a été source d'incident d'audience. Les défenseurs militaires criaient à la ‘violation flagrante du droit depuis le début de la procédure’. Ils disaient ne pas comprendre l'immixtion de l'Etat dans le dossier alors que l'affaire concerne des deniers privés et non des deniers publics. Remarque leur sera faite par le procureur de la République et le juge que ‘la gendarmerie est une institution de l'Etat. Elle n'a pas une personnalité juridique différente de celle de l'Etat. Et l'Etat du Sénégal est civilement responsable dans la cause’.
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