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Thursday 04 September, 2025
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Drame à Bambey : une jeune mère de 19 ans lutte pour sauver ses triplés malnutris

Auteur: Yande DIOP

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Un drame silencieux de la malnutrition infantile au cœur de la région de Diourbel. Bambey n’est pas en reste. La structure sanitaire visitée par la caravane des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) dans le cadre du projet « Santé en lumière » en dit beaucoup. Au centre de récupération nutritionnelle, des triplés malnutris attirent l’attention. Les mômes luttent contre la maladie, leur maman, très jeune, est déboussolée.
En effet, le 22 novembre 2024, à Thiès, Astou Faye, une jeune maman de 19 ans, a donné naissance à trois petits garçons, nés par césarienne. Une triple naissance souvent synonyme de joie, mais qui s’est très vite transformée en parcours du combattant, dans une localité où la natalité multiple rime rarement avec accompagnement structuré.
Huit mois plus tard, les triplés sont gravement malnutris et hospitalisés, avec leur mère et une tante paternelle, au centre de récupération nutritionnelle de Bambey. Tous trois présentent un retard de croissance sévère, un état alarmant confirmé par les soignants. « Quand ils sont arrivés ici, l’un pesait 3,8 kg, l’autre 3,9 kg. À presque huit mois, c’est dramatique », déplore la responsable du centre. « Ils ont frôlé le kwashiorkor. Sans intervention, ils risquaient la mort », dit-elle désespérée.
Des débuts difficiles et un isolement médical
Astou Faye, originaire du village de Kaba, se dit dépassée. Elle n’a jamais vraiment pu allaiter ses enfants : après l’accouchement par césarienne, elle n’avait pas de lait. Les nourrissons ont été alimentés au lait artificiel, coûteux et difficilement accessible. « Il fallait nourrir trois enfants, acheter du lait en permanence. Mon père et mon mari m’ont aidée, mais cela ne suffisait pas », confie la jeune femme, visiblement épuisée. Cette dernière ne porte même pas l’âge qu’on lui prête, elle semble mineure et très immature pour jouer le rôle d’une mère de trois enfants malades, sans moyens financiers pour parvenir à leur besoin hospitalier. Face à cette situation, vers cinq mois, les bébés ont commencé à manger de la bouillie, puis des farines de mil et de riz. Mais rien n’y fait : les enfants restent maigres, souffrent de fièvre persistante, vomissent, pleurent sans arrêt, et n’ont pas l’air de se développer comme les autres bébés de leur âge, raconte par exemple la tante paternelle de leur maman. C’est en quête d’aide qu’Astou s’est rendue chez les sœurs chrétiennes, connues dans la région pour leur appui aux femmes en détresse. Ce sont elles qui l’ont orientée vers le centre de Bambey, où elle a été admise mercredi dernier à 14 heures.
La responsable du centre ne mâche pas ses mots
« On voit trop de cas comme celui-là. Il y a à la fois un manque de moyens et un déficit de sensibilisation. Les jeunes mères ne savent pas toujours où aller. Et souvent, par désespoir, elles se tournent vers la mendicité à Dakar, exposant encore plus les enfants », dit-elle cash.
Elle rappelle l’importance d’un suivi postnatal, notamment pour les naissances multiples. « Une pesée régulière à la case ou au poste de santé aurait permis de détecter plus tôt la malnutrition ». Elle rassure tout de même. « Aujourd’hui, ils sont pris en charge et on va essayer de les récupérer progressivement. Ce qui m’inquiète, c’est le suivi une fois chez eux, parce que nous ne pouvons pas les retenir tout le temps. La situation est tendue. Pendant l’hivernage, les lits sont saturés, et une seule salle est réservée aux enfants malnutris. Les moyens matériels sont limités : biberons, produits d’hygiène, lait thérapeutique... tout fait défaut », se désole-t-elle. Et d’ajouter, « On fait ce qu’on peut, mais le personnel est débordé. Il faut des ressources, de la formation, des équipements », plaide la responsable.
Les triplés d’Astou, eux, auront besoin d’un suivi nutritionnel rigoureux, de lait enrichi, de vitamines et surtout d’un environnement stable et soutenant. Chaque jour de retard peut peser lourd dans leur avenir. Le cas d’Astou Faye est symptomatique d’un système qui peine à prendre en charge les enfants vulnérables. Il met en lumière l’absence de dispositifs solides pour accompagner les naissances multiples et la carence en relais sociaux communautaires. « Avant, les religieuses prenaient en charge ce type de situations. Aujourd’hui, les relais manquent. L’État doit prendre ses responsabilités. Ces enfants sont ceux de la République », martèle la responsable du centre. Elle espère d’ailleurs pour cette femme une âme charitable pour parvenir à une meilleure prise en charge, mais surtout une bonne nutrition.
Auteur: Yande DIOP

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