La semaine dernière, une pirogue contenant des ossements de 14 migrants - des Sénégalais pour la plupart - a échoué sur les côtes de la République dominicaine. D’après les dernières informations, l’embarcation aurait quitté le Sénégal à Mbane (Richard-Toll) depuis janvier 2024. Des morts qui viennent rallonger la liste interminable de migrants morts en mer.
Analysant cette situation, le président de l’association Présence chrétienne, Paul Dominique Corréa, met l’accent sur la dimension « criminelle » que celle macabre semble reléguer au second rang. « Il y a une dimension criminelle dans cette affaire sur laquelle il va falloir s’arrêter. Il y a des gens qui s’enrichissent dans ce trafic. Il paraît qu’avec un convoi où chaque voyageur donne 500 mille francs CFA, ces trafiquants peuvent se retrouver avec plus de 50 millions de francs CFA. (…) Ce sont ces trafiquants-là que j’invite les autorités à traquer et à arrêter », lance M. Corréa, invité de l’émission "Objection" de ce dimanche sur Sud Fm.
Esquissant des pistes de solution face à ce flux migratoire mortifère, il estime qu’il faut d’abord déconstruire la perception de l’Eldorado qu’on fait miroiter à notre jeunesse désorientée. « Déconstruire, c’est travailler avec les parents. Ces jeunes qui ont tenté l’aventure et disent qu’ils ne supportaient plus ce regard de leur entourage qui leur faisait sentir que leur vie était un échec. Et très souvent, si par malheur quelqu’un dans le quartier avait réussi à entrer en Europe par la pirogue, automatiquement, c’était un effet de contagion dans tout le quartier », confie-t-il.
Sur le plan diplomatique, Paul Dominique affirme également qu’il y a un travail à faire. « Il y a un débat que nos États doivent avoir avec ceux du Nord. Il y a un travail de régulation à faire pour que nos citoyens puissent voyager. Eux (les Occidentaux), ils peuvent venir chez nous en toute tranquillité. Il faut que cela soit réciproque. Il faut que ces pays se préparent à accueillir non pas toute la misère du monde -comme disait l’autre-, mais des humains comme eux », fulmine-t-il.
Cela est d’autant plus nécessaire, selon lui, car « de l’autre côté de l’Atlantique il y a un besoin de bras ». « Je pense que cela peut s’organiser à travers un dialogue civilisé entre les États », suggère-t-il.
Auteur: Thiebeu Ndiaye
Publié le: Dimanche 11 Août 2024
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