Pas loin d’un capharnaüm, la centaine de m2 de la grande salle d’accueil du Consulat du Sénégal, rue Hamelin, dans le chic 16ème arrondissement de Paris, n’était pas encore totalement prête, vendredi dernier dans l’après-midi. Au niveau de la logistique et de la propriété, des mesures étaient envisagées par les autorités consulaires pour un meilleur accueil des nombreux visiteurs souhaitant disposer d’un visa biométrique pour se rendre au Sénégal. Ils étaient partagés entre courroux, impatience, compréhension et reconnaissance de la souveraineté sénégalaise.
« Je suis venue pour une demande de visa. J’ai essayé d’appeler plusieurs fois mais je n’ai jamais réussi à avoir quelqu’un au bout du fil. Je me suis résolu à me déplacer. Je pars au Sénégal dans 2 semaines », soupire Ramalatou Bertrand, une jeune trentenaire accompagnée de son époux, Jean-Philippe. Les propos de ce couple mixte, dont la jeune femme a tenu à préciser qu’elle est Française, est une constance dans la file d’attente devant les quatre guichets que le Consulat a mis en place pour traiter les demandes de visas biométriques devenus obligatoire à partir de ce 1er juillet. « Je pars au Sénégal dans le cadre de mes études pour un échange interculturel avec un hôpital pédopsychiatrique dans la banlieue de Dakar (Thiaroye) », se présente Eléonore étudiante en Psychomotricité.
Dans la mise en vigueur de l’obligation du visa biométrique pour partir au Sénégal, les demandeurs du précieux sésame regrettent les ratés de la communication. « Nous sommes au courant de l’entrée en vigueur de la loi que vers le 15 juin. Nous étions restés sur le schéma de départ qui faisait qu’on avait pas besoin de visas pour partir au Sénégal. Ce que fait que nous avions réservés comme les autres fois », reprend Ramalatou Bertrand. Comme dans un couple il y a souvent le partage des tâches, après avoir campé le décor, le mari Jean-Philippe précise : « Quand on a réservés en avril, il fallait juste un passeport et une carte d’identité. Rien de plus. Nous n’avions appris qu’au mois de mai que la nouvelle législation allait entrer en vigueur ce 1er juillet. Et on nous a dit que nous n’aurions les informations qu’à partir du 15 juin et les premières infos sont tombées le 26 juin. Et nous découvrons qu’il faut s’enregistrer en ligne, payer en ligne, avoir un visa d’une validité dépassant les 6 mois. On ne peut pas payer si on a un passeport avec une validité dépassant 6 mois à la date du retour. Ce qui n’est pas mon cas, mon passeport expire dans 3 mois. Nous sommes bloqués. Si j’avais l’information au mois de mai, j’aurais pu refaire tranquillement mon passeport. Nous devons partir le 13 juillet, pour 10 jours, avec des délais aussi courts, il nous est impossible de refaire un passeport ». Eléonore, la jeune étudiante devant se rendre à l’hôpital de Thiaroye déplore également le manque de clarté au niveau de la communication. « Nous étions partis sur une base de passeport tout simplement et on a eu les informations très tardivement. Entre les informations sur internet et ce qui est annoncé sur place, il y a une différence. Je ne suis pas de Paris, je viens du Mans et si je comprends bien il me faudra revenir car je n’ai pas l’attestation d’hébergement demandé. Le site n’est pas toujours très accessible. Il y a quelques soucis ».
D’après plusieurs témoignages, le site de Snedai, l’entreprise associée à l’Etat dans la mise en place du visa biométrique, ne présente pas certaines garanties. « Pour les frais du visas, la partie paiement du site n’est pas sécurisée, clame une jeune femme préférant garder l’anonymat pour juste informer qu’elle est déjà partie trois fois au Sénégal. Et on ne peut pas partir si on ne paie pas. Regardez (elle montre des photocopies de capture d’écran de la page web du site), sur l’adresse de la page de paiement de Snedai, avant le 3w il n’y a pas le https qui garantit que la page est sécurisée et que notre carte bancaire ne pourra pas être piratée. Il y a un minimum à faire quand on veut mettre sur pied un paiement en ligne. Mais là, on n’est obligé de payer en ligne, c’est cela le pire ».
Il y a eu profusion de critiques, mais d’autres sons de cloches ont été également entendus. « La mise en place du visa (biométrique) est une bonne idée et c’est normal, juge Mélanie une pharmacienne venue d’Yvetot en Normandie, qui a programmé un séjour au Sénégal à partir du 10 août. Mon petit ami est Sénégalais et j’y vais pour visiter toute sa famille. Nous avons appris que le visa devenait obligatoire et nous faisons le nécessaire. Nous avons déjà tout fait sur internet, il nous manque plus que la prise des empreintes ici au consulat ».
« La mise en place du visa biométrique n’est pas un facteur qui nous empêche de partir au Sénégal, dans bon nombre de lieux de vacances, on nous demande des visas, il faut simplement que l’information et la communication sur le sujet fonctionnent mieux », conseille Jean-Philippe Bertrand.
La mise en place du visa ouvre une nouvelle ère de naturalisation sénégalaise. « C’est vrai que cela motive toutes les personnes d’origine sénégalaise à acquérir la nationalité sénégalaise », avoue la jeune anonyme qui a déjà voyagé trois fois au Sénégal. « Je suis née au Sénégal de parents français. Je suis revenu m’installer en France depuis quelques années ou mes enfants sont nés. Je crois que je vais demander la naturalisation sénégalaise », explique Mme Stephan.. Il y a eu beaucoup des personnes de couleur blanche dans ce cas qui, avec la nouvelle loi, en tirent la même conclusion. Et dans ce cas de figure de l’appel au lieu de naissance ou des origines, il n y a pas de monopole de couleur de peau. « J’étais surprise en l’apprenant, je croyais à une blague. Avant je voyageais avec ma mère, elle allait sur le file des Sénégalais et moi sur celle des Français, j’arrivais avant elle…(rires). Et maintenant je ne suis même pas sûr d’y aller. Cette mesure peut m’inciter à être naturalisée sénégalaise. Cela rend les choses plus simples », avoue Awa, étudiante en histoire née en France de parents Sénégalais mais qui n’a jamais demandé la nationalité sénégalaise. Chez les Sénégalais de passage ou accompagnant de Français dans la désormais Salle du visa biométrique du Consulat, il y avait un curieux sentiment que Awa résume bien. « Le fait de faire la queue, de galérer avec la paperasse est une manière de rendre la pièce de la monnaie quand même. Toutes les personnes qui ont déjà eu à demander un titre de séjour ou bien à faire un dossier de naturalisation française connaissent ce sentiment. Et je suis bien placée, car ce fut le cas de mes parents, je comprends maintenant doublement cet agacement ».
Après la photo et les prises d’empreinte et parfois un passage dans les étages du consulat pour complément, les fortunes des demandeurs de visas sont diverses. L’étudiante Eléonore en partance à l’hôpital de Thiaroye « stresse » car n’ayant pas encore un hébergeur pouvant lui fournir l’attestation d’accueil légalisée dans les plus brefs délais. Une recherche de sésame qu’elle partage avec Awa mais si cette dernière peut l’obtenir facilement grâce à ses parents retournées définitivement vivre à Fass, elle déclare ne pas disposer de temps, du fait de son job d’étudiant, nécessaire pour revenir au Consulat d’ici son départ prévu le 16 juillet. Le couple Bertrand est devenu plus discret sur son sort.
Des états d’âme que le témoignage des membres de la famille Stéphan (la mère de famille, sa fille, son fils et sa nièce) rassemblent : « C’était un peu long mais ça s’est bien passé finalement. Je pense que le système va se mettre au point avec le temps. La mise en place de la machine qui prend la photo et les empreintes n’est pas encore totalement au point. Nous devons partir le 5 juillet au Sénégal, on vient de nous rassurer que allons avoir les visas le mardi 2 juillet ».
Le coût de 50 euros du visa auquel s’ajoutent 2,5 euros de frais bancaire ou postaux a été diversement apprécié selon le statut social des demandeurs. « Nous sommes six personnes d’une association étudiante donc pas beaucoup de moyens. Il faut dire que nos maigres ressources supportent juste les frais. Cela fait un petit budget en plus », informe Eléonore, l’étudiante en partance à l’hôpital de Thiaroye. Des frais qui ne dérangent pas le couple Bertrand. « Ce n’est pas un facteur décourageant pour le choix des vacances au Sénégal. Dans beaucoup de lieux de vacances, on nous demande des visas, il faut simplement que l’information et la communication sur le sujet fonctionnent mieux », confie Jean-Philippe.
La réciprocité, une mesure de souveraineté nationale
Toute personne titulaire d’un passeport de pays demandant aux Sénégalais un visa pour entrer sur son territoire a l’obligation désormais de demander un visa pour aller au Sénégal. C’est le résumé de la loi appelé « réciprocité des visas » ou bien « visa biométrique ». La mesure est entrée en vigueur depuis hier, 1er juillet. Sa mise en place n’a pas été toujours facile avec tout d’abord les hésitations sur le fait ou non d’y inclure les bi nationaux, le fait ou non d’exonérer les touristes se déplaçant avec des Tours operators.
Finalement ni les bi nationaux, ni les tours operators – pour cette année en tout cas – ne seront obligés faire les files d’attente des 13 centres tests de la mesure (4 en France : Paris – Bordeaux – Lyon et Marseille, un en Belgique, un aux Etats-Unis, deux au niveau des frontières terrestres nationales, un à l’aéroport Leopold Sedar Senghor de Dakar et les autres en Afrique). Tout demandeur de visa biométrique, pour entrer sur le territoire sénégalais, devra constituer le dossier suivant : l'original du reçu de paiement des frais du visas (50 euros soit près de 32 000 F Cfa) à acquitter sur le site de Snedai, l’entreprise partenaire de l’Etat sénégalais dans ce PPP, un formulaire de demande de visa dûment rempli et signé par l'intéressé, une photo d'identité, un passeport en cours de validité pour six mois minimum + la photocopie des cinq premières pages, le titre de voyage aller/retour ou une attention détaillée de réservation de billet d'avion, la réservation d'hôtel ou le certificat d'hébergement et une autorisation parentale signée et légalisée u parent s'il s'agit d'un enfant mineur.
Il faudra aussi se présenter dans l’un des centres tests pour la prise des empreintes biométriques. Avec ce démarrage, les autorités nationales et consulaires assurent faire preuve de « souplesse » dans les délais d’obtention du visa, pour tout le mois de juillet, pour compenser une communication en plus du portage technique et administratif du projet qui n’ont pas toujours été sous le sceaux de la sérénité et de la clarté.
Amadou Diallo, Consul général du Sénégal à Paris : « Au-delà de l’argent généré par les visas d’entrée, il s’agit d’une question de sécurité nationale »
Le Consul général du Sénégal à Paris, Amadou Diallo, est arrivé en poste en janvier 2013, soit un mois après l’annonce de la loi sur la réciprocité des visas d’entrée au Sénégal. Il sait que la mise en place du visa biométrique est une étape fondamentale pour son exercice.
Monsieur le Consul général, ce 1er juillet est entré en vigueur le visa dit de réciprocité pour les étrangers désirant se rendre au Sénégal. Ou en êtes vous sur les éléments de sa mise en place ?
«En effet ce 1er juillet est entré en vigueur la loi sur le visa biométrique. Ce n’est pas un visa réciproque ou de réciprocité. Nous sommes prêts pour le démarrage même s’il reste des choses à finaliser nous respectons le rendez-vous pris avec le monde et les Sénégalais».
Est-ce qu’au niveau de la logistique, de la formation des agents, tout est fin prêt ?
«Non tout n’est pas en place mais ce sera le cas dans les premiers jours car c’est une volonté réelle des autorités. Le matériel est sur place. Nous sommes en train de faire la formation du personnel. Avec ce démarrage, nous allons certainement avoir des difficultés, il ne faut pas les nier mais nous allons les parfaire car nous n’avons pas le droit de rater ce rendez-vous qui est une première pour notre pays».
Quel est le nombre d’agents réquisitionnés et celui de guichets ouverts pour ce démarrage ?
«Il y a 4 guichets ouverts. Nous allons démarrer avec un léger déficit de personnel requis pour faire le travail mais j’engage les forces humaines sous notre responsabilité pour que tous les guichets soient fonctionnels de 9h à 17h30 (sans interruption). Selon l’affluence, nous allons faire en sorte qu’un service minimum soit effectué entre 12h et 14h pour que les agents puissent prendre leur pause à tour de rôle. Nous nous attendons à avoir beaucoup de monde car les usagers ne sont pas préparés à cela. Je dois reconnaître qu’il n y a pas eu la rigueur qui sied à l’information quand on aborde un projet majeur pour notre pays de cette nature. Cependant, pour l’heure, il y a quand même satisfaction. Elle est au niveau du nombre de réservation sur le site de paiement du visa biométrique. Il s’élève à plus de 1500 pour ce début juillet».
Ce chiffre est juste pour Paris ou pour l’ensemble de la diaspora
«Cette information n’a pas été précisée à mon niveau. L’essentiel est ailleurs car on voit que la mise en place du visa biométrique n’est pas un facteur bloquant. A nous d’être réactif, souple et d’attribuer les visas le plus rapidement possible et informer, de la manière la plus rassurante possible, le public».
Pourquoi n’avez-vous pas mis au point des journées tests à la veille de l’entrée en vigueur de la mesure ?
«La conduite du projet n’a pas été facile. C’est un partenariat privé public. Il y a eu des complexités dans le portage du projet. Je rappelle que ce que nous sommes en train de faire (la mise en place du visa biométrique, ndlr) constitue une phase test donc il y a des centres tests. Il y a 13 centres test de visa biométrique à travers le monde. Quatre en France, un en Belgique, en Afrique, un aux Etats, un à l’aéroport du Sénégal, deux au niveau des frontières terrestres du Sénégal. C’est vrai qu’on pouvait finaliser le projet à temps et passer à une période test de pré enrôlement et de formation. Je me répète peut être mais c’est quelque chose qui n’a pas été facile à gérer».
Ce manque de facilités, à quoi l’imputez-vous ?
«Aux difficultés inhérentes à ce tout nouveau projet. Le discours politique a été très clair, les instructions politiques ont été très claires depuis 6 mois, elles étaient connues. Dans le processus du portage, je constate qu’il y a eu une lenteur de la mise en œuvre du projet».
Quels sont les critères d’obtention du visa ?
«Toute personne titulaire d’un passeport de pays demandant aux Sénégalais un visa pour entrer sur son territoire a l’obligation désormais de demander un visa pour aller au Sénégal. Pour ce qui est spécifique à la France, il y a les ressortissants français, ceux qui sont en transit et les réfugiés politiques. La mesure ne concerne pas les bi nationaux. Je parle de ceux qui peuvent justifier leur nationalité sénégalaise par carte d’identité nationale ou par passeport. Ils sont dispensés de demande de visas pour aller au Sénégal. Dans le cadre d’accords internationaux avec d’autres pays, le Sénégal avait règlementé depuis longtemps l’obligation de visa avant l’entrée sur notre territoire. En Afrique, je peux citer le Cameroun, il y a beaucoup de pays sud américains comme le Brésil ou l’Uruguay. Pour tous ces cas, la durée de la demande du visa va aller plus vite comparée à ce qui se faisait avant. Pour l’instant nous partons sur des bases d’une semaine alors qu’avant cela pouvait prendre des mois».
Pour revenir à ma question sur les critères…
«Il faut avoir un passeport en cours de validité, payer en ligne ou par virement postale 50 euros plus les frais bancaires ou postaux (2,5 euros) et avoir les billets d’avion aller et retour, avoir une attestation d’hébergement ou une réservation d’hôtel. C’est à peu près les mêmes documents qu’on demande aux Sénégalais qui veulent venir en France sauf que pour le moment nous ne demandons pas une justification financière. Vous voyez que c’est vraiment souple c’est pour cela que je l’appelle visa payant. Car dès que vous avez payé en ligne sur le site (de Snedai, la société gestionnaire du service, NDLR), le reçu équivaut à un laisser débarquer. Vous pouvez embarquer dans l’avion et faire votre visa à Dakar au niveau du centre des visas de l’aéroport Léopold Sédar Senghor). Mais cela n’est pas conseillé pour éviter un engorgement ou le risque de rester des heures à l’aéroport avant de recevoir son visa. Les guichets à l’aéroport sont faits pour les ressortissants qui viennent de pays ne disposant pas de centre de test».
C’est une mesure qui a quand même été vidée de sa substance première. On peut en avoir un aperçu avec l’exemple des Tours Operators. Dites-nous exactement s’ils sont concernés par la mesure ?
«Je n’ai pas de documents officiels me permettant de dire que les Tours opérators ne font pas partie de la mesure. Il semble qu’une notification allant dans ce sens a été envoyée à des représentations nationales. Personnellement, je ne l’ai pas reçu. Je ne peux pas commenter autrement la déclaration du ministre Youssou Ndour qu’en disant qu’il faut prendre sa parole comme telle (à propos d’une déclaration visant à exonérer les voyagistes de l’obligation de visa pour entrer au Sénégal pour 2013, ndlr). C’est une voix autorisée qui en parle, mais étant donné que je n’ai pas de documents officiels, je ne pourrai pas m’avancer sur le dossier».
C’est quand même de la cacophonie…
«Non pas du tout, n’oubliez pas que c’est un projet du président de la République. C’est une volonté politique et de souveraineté nationale. Nous sommes un pays qui soumet des exigences avant d’entrée dans son territoire. Cela me semble important eu égard aux questions de sécurité nationale. Pour avoir un visa biométrique, il faut se soumettre à quelques obligations : les empreintes, la photo biométriques seront enregistrées. L’opinion nationale et même internationale est favorable à la mesure. Au delà de l’argent qui entre dans le pays c’est une question de sécurité nationale. Toute personne qui entre sur le territoire nationale est identifiée».
Est-ce qu’on peut avoir une estimation de l’argent que va rapporter la mesure aux caisses de l’Etat ?
«C’est difficilement faisable à l’heure actuelle de l’avancement du projet. Le Sénégal est la première destination africaine, nous avons beaucoup de touristes, de missions officielles. Le Sénégal reçoit de grandes personnalités, la dernière en date fut le président américain Barack Obama qui est venu avec une forte délégation. Si toutes les visites ne sont pas de la même teneur que celle du président Obama, le Sénégal est très prisé à ce niveau. L’axe Dakar Paris est majoritaire en terme de trafic aérien. Paris est un centre important et fait 50% de ce trafic aérien. Le cout des 50 euros est moins cher à ce qui se fait dans beaucoup de pays comme la Côte d’Ivoire par exemple. L’exigence nationale et internationale est pour une bonne gestion pas d’ordre financière».
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