À Torre-Pacheco, dans la région de Murcie (Espagne), une vague de violences ciblant les immigrés secoue la ville depuis l’agression d’un retraité de 68 ans, attribuée à de jeunes d’origine nord-africaine. Depuis, des groupes d’extrême droite multiplient les expéditions punitives contre des personnes perçues comme étrangères. Interrogés par L'Observateur, des immigrés - notamment des Sénégalais - témoignent d’un climat de peur permanent.
« Ce n’est plus une vie normale, c’est une survie »
Baye Laye Touré, ouvrier sénégalais installé à Torre-Pacheco depuis près de vingt ans, décrit une situation devenue insupportable : « Aujourd’hui, simplement mettre un pied dehors est devenu un acte risqué. L'insécurité n'est plus seulement une crainte lointaine : elle est là, tangible dans nos esprits. [...] Ce n’est plus une vie normale, c’est une survie. »
Il poursuit : « Depuis vendredi dernier, la tension est montée d’un cran. Elle est devenue presque insupportable. Il y a les insultes qui fusent dans la rue, les regards pleins de méfiance, parfois de haine, les propos violents qui circulent sur les réseaux sociaux. [...] Ce climat nous pousse à nous faire tout petits, à marcher la tête baissée. »
« La colère n’a plus de direction. Elle frappe au hasard. Et nous, Africains en général, sommes dans le viseur. [...] Désormais, je ne sors plus de chez moi, sauf pour aller travailler. J’évite les endroits animés, je ne traîne plus dans les rues, je ne reste jamais dehors tard le soir. J’ai mis ma vie sociale entre parenthèses. [...] Nous voulons simplement vivre en paix. Travailler, nourrir nos familles et être respectés comme des êtres humains. »
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