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Monday 18 August, 2025
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Exercice de simulation sur la lutte contre la traite des personnes : Magistrats, gendarmes et policiers renforcent leur arsenal judiciaire

Auteur: Khady Ndoye

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Exercice de simulation sur la lutte contre la traite des personnes : Magistrats, gendarmes et policiers renforcent leur arsenal judiciaire

Ces derniers mois, plusieurs réseaux de traite de personnes ont été démantelés à Kédougou, Mbour et dans d’autres localités du pays. Malgré les dispositions légales mises en place pour endiguer ce fléau, le phénomène persiste et continue de menacer les couches les plus vulnérables de la société.

Face à cette réalité, la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, en partenariat avec le ministère de la Justice, l’Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et Interpol, a initié un exercice de simulation réunissant magistrats, officiers de police et de gendarmerie. Cette formation pratique vise à renforcer les capacités des acteurs judiciaires et à améliorer la coordination de leurs interventions sur le terrain.

Cette approche combinant théorie et pratique, va, selon Mody Ndiaye secrétaire permanent de la Cellule, permettre aux participants d’être mieux outillés pour identifier, enquêter et réprimer efficacement les cas de traite. Elle constitue également un cadre d’échanges d’expériences afin de donner une réponse plus cohérente et durable à ce phénomène criminel.

Magistrats, officiers de police et de gendarmerie vont durant cinq jours renforcer leurs capacités dans la lutte contre la traite des êtres humains, un fléau aux multiples visages qui continue de sévir au Sénégal et dans la sous-région.

"Cet atelier se déroule sous forme d’un exercice de simulation, comme une véritable enquête et un procès, afin d’identifier les failles et d’améliorer nos méthodes. La traite est une criminalité très complexe, qui évolue avec les nouvelles technologies. Les acteurs de la justice doivent être régulièrement formés pour faire face à ces réseaux criminels", explique le secrétaire permanent de la cellule.

Il a rappelé que le Sénégal a déjà enregistré des avancées notables : plusieurs réseaux démantelés, des victimes protégées et de nombreuses campagnes de sensibilisation. Toutefois, des défis persistent, notamment la mendicité forcée des enfants talibés et l’arrivée croissante de prostituées issues de la sous-région.

"La loi existe et elle est appliquée, mais les criminels s’adaptent. C’est un combat de société : familles, citoyens, justice, tout le monde doit s’engager. La dignité humaine n’a pas de prix et ne se vend pas", a insisté Mody Ndiaye.

Il rappelle que la traite des personnes ne se réduit pas à la migration clandestine. Elle repose sur trois dimensions : l’acte (recrutement, transport, hébergement) ; les moyens (menace, contrainte, fraude, abus de vulnérabilité) ; la finalité (exploitation sexuelle, travail forcé, mendicité, esclavage domestique, prélèvement d’organes).

Pour être efficace, le système judiciaire doit non seulement identifier les victimes, mais aussi démanteler les réseaux, sanctionner les coupables et protéger les survivants avec un accompagnement adapté.

L’appui opérationnel d’Interpol

D’après Patrice Kouassi, officier de renseignement criminel à Interpol, "la traite a muté et exploite désormais les technologies numériques". 

"Nous mettons à disposition des acteurs sénégalais des outils modernes : bases de données, systèmes de communication sécurisés et mécanismes de coopération régionale. Cela nous permet de démanteler des réseaux qui opèrent à la fois au Sénégal et au-delà de ses frontières", affirme M. Kouassi. 

En dépit des avancées notées dans la lutte, les autorités appellent à une vigilance accrue, ainsi qu’à une meilleure coopération entre services de sécurité, justice et société civile, afin d’éradiquer définitivement la traite des personnes au Sénégal.

"Ensemble, nous pouvons faire reculer l’esclavage moderne, protéger les plus vulnérables et redonner espoir aux victimes", a indiqué Mody Ndiaye.

Auteur: Khady Ndoye

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