Le partage de repas en famille, une pratique en voie de disparition
La tradition sénégalaise du partage de repas en famille tend à disparaître des pratiques quotidiennes des Sénégalais. Ce, à cause de différents facteurs surtout socio-économiques. Dans la banlieue dakaroise notamment à Gounas, Thiaroye, Texaco etc.., ils sont nombreux, célibataires ou mariés, à prendre d'assaut les gargotes et restaurants pour dîner en solitaire. Les vendeurs, eux, ne se plaignent pas malgré les difficiles conditions de travail. Seneweb a fait un tour dans ces localités à la rencontre des adeptes des gargotes et restaurants de fortune.
Il est 21 heures, nous sommes à Pikine-Texaco. Sur place on aperçoit des tentes faites de draps sur les trottoirs. Une odeur de soupe envahit l'atmosphère et s'invite à nos narines. Baba fait partie des doyens qui s’activent sur ces lieux. Il tire son épingle du jeu grâce à la vente de viande communément appelée "forokh thiaya". Le voilà déjà à l'épreuve pour servir ses clients. " J'ai vécu plus de 20 ans au Sénégal malgré les difficiles conditions de vie. Mais la téranga sénégalaise est une réalité ", confie l’expatrié bien installé au pays de la téranga.
Autre lieu, autre décor. A Gounass, un des quartiers populeux de la banlieue situé dans le département de Guédiawaye, Kh. Seck tient un restaurant. Ici, chaque employé s'occupe de sa tâche. De l'autre côté de la pièce, son assistant se charge des livraisons des commandes déjà confirmées. Modou Sarr, marié et père de deux enfants fait partie de ses clients. Il porte son choix sur les restaurants surtout la nuit afin de procurer à sa famille quelque chose à se mettre sous la dent. Toutefois, la cherté de la vie alimente les débats sur les lieux. "Le coût de la vie est trop élevé. On se débrouille pour prendre nos familles en charge. Le panier de la ménagère doit être une priorité pour le nouveau gouvernement", confie le père de famille.
A côté, une veille dame, la soixantaine révolue, estime que ces pratiques ne sont pas en conformité avec l'héritage solide légué par nos ancêtres. Elle révèle que la culture occidentale a effacé toute une manne de souvenirs de son royaume d'enfance. " Le partage de repas était un moyen pour unir les familles. Et ça permet aussi de raffermir les liens entre les enfants. Maintenant, chacun se soucie de ses propres problèmes. La nouvelle génération aime trop la culture occidentale, le respect de la tradition doit être une obligation pour chacun. Quand je me rappelle des bons moments qu'on vivait à l'époque, une immense joie m'habite" se remémore-t-elle, regrettant que la tradition du partage de repas en famille peine aujourd’hui à résister face à la réalité socio-économique du pays. Une situation accentuée par la prolifération des restaurants et gargotes dans les coins et recoins de grandes villes.
Auteur: Adiouma Ndiaye (correspondant) Pikine-Guédiawaye
Publié le: Lundi 19 Septembre 2022
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