Le Sénégal, souvent loué comme un bastion de la souveraineté africaine, a pris la tête d’une initiative surprenante lors de la Conférence des Parties (COP11) de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Agissant comme porte-voix du bloc africain, Dakar a déposé un projet de décision (document FCTC/COP11/P/CONF./7) visant à créer de nouveaux mécanismes de financement extérieur pour soutenir les politiques antitabac dans les Pays à Revenu Faible et Intermédiaire (PRFI).

L'Énigme du « Main Tendue » Souverainiste

Cette démarche, baptisée l'initiative de la "main tendue", détonne et crée un certain paradoxe chez les observateurs. Le Sénégal est historiquement un fervent défenseur de la primauté du choix national et de l'autonomie réglementaire, comme en témoignent ses postures souvent fermes lors de négociations avec des institutions comme le FMI.

"C’est un contraste notable," confie un diplomate, qui s'interroge sur la cohérence de cette nouvelle position en première ligne pour réclamer plus de fonds internationaux.

Certains experts craignent que cet appel à une dépendance financière accrue ne fragilise l'image du Sénégal en tant que champion de l'autonomie, alors même que de nombreux États africains cherchent activement à réduire leur dépendance vis-à-vis des bailleurs traditionnels.

Initialement prévu pour une discussion immédiate, l'examen de la proposition a été diplomatiquement reporté au samedi 22 novembre. Ce report, dû en partie aux réserves substantielles de certaines Parties estimant que le projet dépasse le mandat de la COP, prolonge la tension latente Nord-Sud sur la question du financement.

Les PRFI, menés par le Sénégal, exigent un soutien financier plus structuré. De leur côté, les pays industrialisés prônent l'optimisation des ressources existantes avant d’envisager la création de nouveaux dispositifs.

La séance de samedi s'annonce déterminante. Elle mettra en lumière non seulement l'engagement des Parties envers la mise en œuvre de la CCLAT, mais elle obligera également le Sénégal à naviguer dans un débat stratégique délicat, confrontant son leadership régional à sa posture souverainiste revendiquée.