Calendar icon
Monday 10 November, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Matam - Pas De Famine, L’insécurité Alimentaire Évoquée N’est Pas Spécifique A La Région

Auteur: Pape Moctar NDIAYE

image

Durant le Comité régional de développement (CRD) consacré à la situation de la sécurité alimentaire à Matam, le gouverneur Oumar Mamadou Baldé s’est élevé, avec la plus grande énergie, contre le fait de vouloir positionner les deux départements de la région ou la région de Matam, comme une région où on est inscrit dans un cycle de famine ou d’insécurité alimentaire… Un Comité régional de développement (CRD) tenu ce week-end sur les activités du PAM (Programme Alimentaire Mondial) a servi de tribune au chef de l’exécutif régional pour parler des «informations distillées à travers les médias depuis quelques semaines, desquelles il ressort que deux départements de la région de Matam sont inscrits dans une zone rouge en termes de sécurité alimentaire». Le gouverneur de la région, Oumar Mamadou Baldé, est formel, il n’y a pas de famine à Matam. «Ce que je puis vous dire, avec l’honnêteté qui doit caractériser un commis d’Etat, est que la région de Matam n’est pas inscrite dans un cycle de famine qui peut et qui doit déclencher ce type d’alerte au niveau national, voire international. Avec honnêteté, nous disons qu’il n’y a pas de famine dans la région de Matam», déclare-t-il. Le chef de l’exécutif régional précisera notamment que l’insécurité alimentaire, à laquelle on fait référence ces dernières semaines, n’est pas aussi une particularité ou une spécificité de la région de Matam uniquement... Il reste convenu que cette question se pose partout, «même à  Dakar, en plein centre ville, dans la banlieue aussi de cette région réputée urbaine, comme dans d’autres régions, certaines familles, certaines poches de la population, rencontrent des difficultés pour s’alimenter…» Ensuite, s’exclame-t-il «nous devons également préciser que les notions d’insécurité alimentaire, véhiculées quelques fois par des ressources humaines qui ne sont pas expertes dans ce domaine, doivent être manipulées avec beaucoup plus d’attention». Mettant en cause les organes et les structures qui ont mis les indicateurs incriminés à la disposition des organes de presse, le chef de l’exécutif régional dit «s’élever avec la plus grande énergie contre le fait de vouloir positionner les deux départements de la région de  Matam ou la région de Matam, comme une région où on est inscrit dans un cycle de famine ou d’insécurité alimentaire». UN NDEÜP DES  INTERVENTIONS «Nous savons que les pouvoirs publics ont fait plus qu’il ne fallait pour lancer la région de Matam sur les rampes de l’autosuffisance. Si encore, les résultats ne sont pas obtenus, ce n’est pas la faute de l’Etat et des pouvoirs publics». Selon le gouverneur Oumar Mamadou Baldé, les problèmes de la région, ne sont pas de l’ordre de l’insécurité alimentaire, en ce sens que  le problème auquel on doit s’attaquer porte sur la mise en cohérence des interventions des (23) intervenants directs, dans le cadre de la sécurité alimentaire dans la région.

«Il est inacceptable, avec ce nombre, qu’on soit toujours dans la logique d’accompagner ou d’appuyer les populations. A l’heure actuelle, nous devions être productifs et producteurs, à un niveau où nous devions régler nos problèmes au point d’assister les autres régions», clame-t-il. Face à la situation, le gouverneur de région, informe de la tenue, aux alentours du mois  d’octobre, «d’une évaluation rigoureuse, sans états d’âmes, de l’intervention de tous les projets et les programmes, qu’ils soient publics ou privés, afin de savoir si les ressources destinées à la région de Matam sont allés directement là où elles doivent aller...» L’INITIATIVE DU PAM SALUEE PAR LES ACTEURS DE LA REGION Ce Comité régional de développement dont il s’agissait justement de présenter les activités du PAM, dans le cadre de la sécurité alimentaire, a été rehaussé par la présence du Directeur et Représentant  résident du Programme Alimentaire Mondial  au Sénégal, Guy Adoua, s’est contenue dans un espace de très riches échanges et de débats. Avec des discussions axées sur les enjeux de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la résilience dans la région, qui ont fortement contribué à une réflexion partagée autour des meilleures stratégies à conduire…

Appréciant les travaux du jour, le Directeur et représentant résident du Programme Alimentaire Mondial, a tenu à formuler, à l’endroit des acteurs, «l’engagement du PAM d’accompagner les collectivités dans le cadre de la sécurité alimentaire». Expliquant que, «dans l’optique d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici à 2030, le PAM, s’est engagé dans la révision de la stratégie nationale du Sénégal pour l’élimination de l’insécurité alimentaire et la malnutrition, conformément à l’ODD 2». A savoir, «mettre fin à la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable». REVUE STRATEGIQUE DE L’OBJECTIF «FAIM ZERO» Les conclusions et les recommandations de la Revue Stratégique de l’objectif «Faim zéro» vont contribuer à la planification de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent (PSE) ainsi que la mise en œuvre effective des plans du système des Nations Unies dont celui du PAM… La stratégie du PAM, s’inscrit ainsi dans les efforts du gouvernement et de ses partenaires à renforcer les filets sociaux intégrés et de sécurité saisonniers pour les ménages les plus vulnérables, à développer le secteur agricole en vue d’une autonomie alimentaire en produits de base et à renforcer la résilience aux chocs des communautés rurales.

Dans cette logique, le Programme Alimentaire Mondial, appuie le Conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA), le ministère de l’Agriculture, la Cellule de la Lutte contre la Malnutrition (CLM), le Ministère de la Santé, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance et le ministère de l’Education, dans le renforcement opérationnel des programmes nationaux, ainsi que la collecte et l’analyse des données sur la sécurité alimentaire, la nutrition et l’éducation.De ce fait, les cantines scolaires et les programmes de nutrition sont directement mis en œuvre par le gouvernement, avec l’appui du PAM...

«D’abord, nous sentons tous l’accompagnement du PAM, à travers les cantines scolaires, de part l’amélioration de certains de nos indicateurs dans le domaine de l’éducation,  mais également à travers les bons alimentaires, et là, nous avons apprécié, avec les différents acteurs, la particularité au niveau de la région de Matam, qui voit le PAM nouer un partenariat avec les commerçants de la région de Matam qui auront comme obligation d’acheter les produits de la production locale», affirme le gouverneur.

Pour l’autorité de l’exécutif régional, c’est là, un  bon cercle où les producteurs et les commerçants seront intéressés par l’intervention du PAM  et les bénéficiaires qui pourront faire face à cette période de soudure, qui tenaille les ménages en milieu d’hivernage.  AU SENEGAL ET A MATAM : La situation alimentaire en chiffres Une comparaison des résultats de l’ENSAN (Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire et la Nutrition) de juin 2013 à ceux de l’enquête AGVSAN (Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition) d’avril à juin 2010, montre que l’insécurité alimentaire au Sénégal est passée de 15,1% (dont 3,7 % en situation sévère et 11,4% en modéré) à 25,1% (dont 6,5% en situation sévère et 18,6% en modérée). Ce taux, comme le renseigne le document, passe à 28% en octobre 2014 et 25% en février 2016. Au cours de la période 2010-2017, il ressort que, le niveau de l’insécurité alimentaire est plus élevé dans le Sud et Sud-est du pays. A côté de ces zones, ils existent d’autres départements qui se caractérisent par un niveau de l’insécurité alimentaire moyennement élevé (Ranérou, Matam, Kanel, Diourbel et Louga). Un document fourni par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), stipule en effet que «l’insécurité alimentaire demeure encore élevée, même si elle s’est améliorée dans la région de Matam». Il ressort, dans le même rapport, que l’insécurité alimentaire est plus préoccupante dans le département de Matam où elle est passée de 12% en 2010 à 23% en 2017, avec un pic observé en 2013 (74%). La situation alimentaire se serait également dégradée à Kanel où on note que la prévalence d’insécurité alimentaire est passée de 12% en 2010 à 23% en 2017. Elle s’est, par contre, améliorée à Ranérou où elle est passée de 18% en 2010 à 7% en 2017. Les trois départements de la région de Matam, se caractérisent par une diminution de la durée de la saison pluvieuse se traduisant par un retard dans l’installation de l’hivernage et sa fin précoce. Il en résulte un appauvrissement des terres, du fait de l’érosion, au déficit pluviométrique enregistré chaque année dû aux effets climatiques et à l’avancement du désert. Ce qui pousse obstinément à une réduction des rendements agricoles. SITUATION  NUTRITIONNELLE

Comme le renseigne le rapport fourni par le PAM, la situation de la malnutrition aigüe, qui oscille entre 8,8% et 10,1% depuis 2010, demeure précaire au Sénégal. En effet, en 2010, avec l’EDS V (Enquête Démographique et de Santé), la Malnutrition aigüe globale (MAG) était de 10,1%; elle est tombée à 8,8% en 2012 lors du SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transition) et monte à 9,1% au SMART 2015. Une analyse tendancielle montre, en effet, que la région de Matam demeure dans une situation critique; la prévalence de la malnutrition aigüe globale passant de 17,3% en 2010 à 19,3% en 2015. Dans la région, les taux dépassent le seuil d’urgence de 15% fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)…

Auteur: Pape Moctar NDIAYE
Publié le: Jeudi 14 Septembre 2017

Commentaires (0)

Participer à la Discussion