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Nicolas Ndiaye : « Ce plan de redressement est une mise en scène, pas une solution »

Auteur: Yandé Diop

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Invité de l’émission le jury du dimanche sur iradio, Nicolas Ndiaye, secrétaire général de la Ligue démocratique (LD) et ancien député à l’Assemblée nationale, a donné son avis sur le plan de redressement économique présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko. Sur la forme comme sur le fond, il dénonce une opération de communication davantage qu’un véritable projet économique, et alerte sur les risques sociaux d’une telle démarche. C’est selon lui, « un choix de mise en scène plutôt qu’un cadre républicain ». Face à ce qu’il considère comme un exercice autoritaire et désordonné, Nicolas Ndiaye appelle à revenir à un cap républicain, au dialogue social, et à une vision économique inclusive. À défaut, selon lui, le plan du gouvernement risque d’aggraver les fractures plutôt que de redresser le pays.
Pour Nicolas Ndiaye, la présentation du plan au Grand Théâtre au lieu de l’Assemblée nationale en dit long sur l’approche du gouvernement.« Ce plan aurait dû être présenté devant les représentants du peuple, pas devant un public conquis. C’était une mise en scène, pas un exercice républicain ». Il s’étonne également de la présence du chef de l’État à cet événement « Le Président de la République, garant des institutions, n’avait pas sa place dans une telle théâtralisation. Cela revient à valider un contournement des cadres institutionnels ».
Un plan fiscal déguisé, sans vision économique
Sur le fond, Nicolas Ndiaye estime que le plan annoncé manque cruellement de réalisme et d’orientation stratégique. « Parler de mobiliser 5 667 milliards sans recourir à l’endettement, c’est utopique. Ce n’est pas un plan économique, c’est un plan fiscal pur, sans cap ni cohérence » dit-il. Avant de reprocher au gouvernement d’avoir agi en vase clos, sans concertation. « Ni les syndicats, ni les PME, ni le patronat n’ont été consultés. Le pays a besoin d’un dialogue social large, pas d’un monologue gouvernemental » se désole l’invité.
Des responsables en posture de victimes ?
Balayant les discours sur un pays en ruine hérité de la précédente administration, l’ancien député rétorque. « Le Sénégal venait d’être reclassé parmi les pays à revenu intermédiaire. Ce gouvernement a interrompu brutalement les chantiers du BTP, fragilisant toute une chaîne de métiers ». Il accuse les autorités actuelles de jouer avec le feu : « Ils veulent se faire passer pour des pompiers alors qu’ils sont les pyromanes. Leur agressivité envers le FMI, la presse, la magistrature et même la société civile témoigne d’un grave manque de discernement ». S’agissant des mesures fiscales, il dira qu’elles sont contre-productives. Et de s’alarmer des nouvelles taxes annoncées, notamment sur les secteurs du numérique et des jeux de hasard. « Taxer les influenceurs, c’est tuer dans l’œuf un secteur émergent. Quant aux jeux de hasard, je suis pour leur suppression, pas une fiscalisation cynique ». Il déplore par ailleurs l’absence de signaux forts sur les engagements de rupture. « Ils avaient promis de supprimer les fonds politiques. Aujourd’hui, même leur réduction n’est pas à l’ordre du jour. Rien n’a changé »
Populisme sur les visas et les voitures d’occasion
Nicolas Ndiaye critique aussi des mesures qu’il juge électoralistes, à l’image de l’élargissement de l’âge des véhicules importés. « C’est un clin d’œil à la diaspora, mais cela va aggraver la pollution, la congestion urbaine, et mettre en péril les unités locales de montage ». Quant à la réciprocité sur les visas, il met en garde. « Ce n’est pas toujours pertinent. Nous avons besoin de touristes et de partenaires, pas de barrières symboliques » dit-il.
Un climat social explosif : “Le pays risque de se mettre en grève”
S’exprimant sur la grève des greffiers, Nicolas Ndiaye interpelle le gouvernement sur son absence de dialogue : « Une grève qui dure depuis un mois, ça ne se règle pas par des sanctions mais par la négociation. À ce rythme, tout le pays risque de suivre ». Il évoque aussi les conséquences de la suspension des recrutements. « Avec l’arrêt des nouveaux contrats, ce sont déjà plus de 30 000 emplois qui sont menacés. C’est un déguisement pour faire place à leurs partisans » mentionne l’ancien député. Enfin, il juge profondément injustes les ponctions salariales opérées sur les grévistes. « On ne règle pas une crise en punissant. Et que dire des citoyens retenus en détention simplement parce que les greffiers sont en grève ? C’est une défaillance grave de l’État de droit ».
Auteur: Yandé Diop
Publié le: Dimanche 03 Août 2025

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