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Joola, 23 ans après : les familles exigent la réouverture du dossier

Auteur: Moustapha TOUMBOU, Dieynaba DIOP et Oumar PENE

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Joola, 23 ans après : les familles exigent la réouverture du dossier

À la Place du Souvenir, ce jeudi 18 septembre, le Comité d’initiative pour l’érection du mémorial musée « Le Joola » a fait face à la presse. Vingt-trois ans après la catastrophe maritime qui a endeuillé le Sénégal, la quête de justice et de mémoire reste entière. Le porte-parole du comité, Samsidine Aidara, a longuement pris la parole pour rappeler les engagements non tenus, exposer les attentes et dévoiler le programme de la commémoration de l’anniversaire.

« Dans une semaine, nous célébrerons encore une fois l’anniversaire de la plus grande catastrophe maritime civile de l’histoire. En cette 23ème célébration, votre amitié et votre soutien dans notre lutte contre l’oubli n’ont pas fait défaut et nous vous en remercions encore très sincèrement au nom de toutes les familles de victimes », a-t-il déclaré.

Pour cette année encore, la question judiciaire demeure au cœur du combat. « L’année dernière nous attirions l’attention sur les questions de justice comme nous n’avons jamais cessé de le faire. 2025 ne fera pas exception. La raison est toute simple. Le système judiciaire peut être complexe et compliqué à comprendre pour le citoyen ordinaire, ce dernier n’en possède pas moins ce qu’on appelle le sentiment de justice. Les familles de victimes sont convaincues que l’on ne peut ramener les fautes et manquements liés au naufrage du Joola, à la responsabilité d’une seule et unique personne », a poursuivi le porte-parole.

Pour rappel, le 1er octobre 2002, dans un discours à la Nation, le président de la République avait promis que toute la vérité serait révélée. Trois rapports furent alors commandés. Il s’agit de celui du ministère des Forces armées, celui du ministère de l’Équipement et des Transports et, enfin, celui de la Commission technique présidée par le professeur Seydou Madani Sy, alors Médiateur de la République. Les deux premiers rapports ont été qualifiés de partisans, tandis que le troisième a pointé les défaillances à plusieurs niveaux de la hiérarchie militaire et civile.

Malgré cela, le procureur de la République avait décidé de classer le dossier, au motif que le commandant du bateau, identifié comme unique responsable, avait péri dans le drame. « Du reste, l’argument du procureur n’a pas convaincu. Il s’oppose aux conclusions des différents rapports. D’ailleurs, sa version qui considère que le seul responsable du drame est le commandant du bateau est contredite par son homologue de la Cour d’Appel de Paris », a indiqué Samsidine Aidara.

La Cour d’Appel de Paris avait reconnu trois niveaux de responsabilité pénale : l’autorité politique, l’autorité militaire et l’autorité maritime. Elle avait toutefois prononcé un non-lieu et invoqué l’immunité des États et de leurs agents pour des actes de souveraineté. Pour les familles, la réouverture du dossier reste indispensable : « Justice doit être rendue par l’État du Sénégal : il faut rouvrir le dossier de justice de l’affaire Le Joola et juger tous ceux qui sont impliqués dans la survenue du naufrage, quel que soit leur rang ». Cette année, le thème choisi est : « Joola an 23 : pertinence de la réouverture du dossier ».

Le naufrage, survenu le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes, a emporté près de deux mille vies. La rapidité du drame, conjuguée à l’absence totale de secours, en a fait la catastrophe maritime civile la plus meurtrière de l’histoire contemporaine. Pour le comité, cette tragédie ne saurait être reléguée au passé. Elle révèle, selon son porte-parole, « le laxisme, la corruption, l’incompétence, la cupidité, l’indiscipline, le clientélisme, le népotisme et autres tares caractéristiques du Sénégal de 2002 ».

Autre point de revendication évoqué, la question du renflouement du navire. Vingt ans après, l’épave demeure immergée, malgré les promesses répétées des autorités. « Renflouer le bateau est aussi une question de justice sociale. Vingt ans après le naufrage, le bateau n’est toujours pas renfloué malgré les engagements répétés de l’État à le faire. Le renflouement est aussi un acte de respect de la dignité humaine », a rappelé le porte-parole du comité.

À partir une référence religieuse, il a mis en avant l’importance de rites funéraires pour les victimes : « Dans le Coran, l’histoire de Caïn et d’Abel raconte le premier meurtre de l’humanité. Au-delà de souligner la gravité du meurtre, cette histoire enseigne la nécessité d’enterrer les morts. Toutes les religions insistent sur l’importance des rites funéraires et du deuil. C’est simplement un devoir de respecter la dignité humaine. En effet, donner une dernière demeure aux victimes serait une marque de respect de la dignité humaine ».

Il ajoute :« Alors, est-il possible, un seul instant, de penser que les familles acceptent, l’esprit apaisé, de laisser leurs proches coincés dans l’épave du bateau, sous prétexte que renflouer créerait de nouveaux traumatismes ou coûterait cher ? Non ! Le renflouement de l’épave du Joola n’est pas juste une question technique et financière. C’est aussi et surtout une occasion unique de faire véritablement le deuil et de connaître toute la vérité sur le naufrage ».

Enfin, le comité a regretté l’absence de réforme profonde après le drame. « De toutes les causes invoquées pour expliquer la survenue du naufrage du bateau le Joola, aucune ne semble avoir fait l’objet d’une introspection ni avoir servi de déclic à l’adoption de nouveaux comportements piliers d’une nouvelle citoyenneté », a affirmé Samsidine Aidara. L’an passé, le comité avait exprimé son espoir à la suite des assises de la justice. Douze mois plus tard, il attend toujours des actes concrets.

Auteur: Moustapha TOUMBOU, Dieynaba DIOP et Oumar PENE
Publié le: Jeudi 18 Septembre 2025

Commentaires (4)

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    Jay jay il y a 1 heure

    Le dissier apres 23 ans c est la cloture un accudent que la peuple apres 23 continue de payer prions pour nos morts et allez travaillez cette tragedie est tegrattable mais fait partie de la vie

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    Leumin il y a 1 heure

    Vous n'avez rien Compris.!!
    Y'a une dévaluation pacifique qui s'est déroulé sans que personne n'ai au courant.

    Au marché, nos mamans sont entrain d'acheter Bénn Yaboy a 700 cfa. Le yaboy qui coutait le tas de 4 pieces a 100 fcfa aujourd'hui elles l'achetent a 700 fcfa l'unité?
    Une carotte a 300 fcfa? Damnnn!!!!!

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    Joola il y a 1 heure

    Vraiment ces fainéants qui au lieu d’aller travailler veulent vivre en exploitant le filon des victimes du bateau Diola . L’état a déjà dédommagé les parents des victimes depuis belles lurettes mais ils continuent de réclamer encore et encore des sous. Bande de fainéants. Allez travailler !!!

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    Focus il y a 1 heure

    Le dossier du naufrage du bateau le Diola n'a jamais été clôturé. Il est resté ouvert parce que des gens en ont fait leur gagne pain. C'est même une vache à lait pour certains. Ils ne veulent pas tourner la page après 23 ans.
    1 - Renflouer le bateau pour le ramener à quai : NON.
    2 - Un mémorial : pourquoi faire ? Une stèle suffit.

    Paix aux âmes des victimes.

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