Ziguinchor : Plaidoyer pour la revalorisation et l’institutionnalisation du créole
"La langue créole : lien, identité et perpétuité de la langue". Tel est le thème développé lors des festivités "N’ta Papia Kriol" (je parle créole), sous l'égide de l’association F’Kréol, qui promeut la revalorisation et l’institutionnalisation de la langue, comme l’a recommandé l'UNESCO, selon les organisateurs de ces festivités à caractère culturel.
Le conférencier, Dominique Dabo, professeur de portugais à la retraite et vacataire à l'UASZ, a partagé l’historique de cette langue, jadis très parlée en Casamance, en Ziguinchor notamment, le créole portugais, qui est un mélange du portugais et de langues locales africaines.
"Le créole de Ziguinchor est une langue métissée avec les langues africaines du littoral atlantique, surtout le wolof et le mandingue. Une bonne partie du créole provient du portugais, laquelle provient du latin. Nous avons dans ce créole un mélange du portugais et du portugais des navigateurs qui étaient des villageois analphabètes, plus les langues africaines de la côte ouest-africaine, qu'on appelait la Guinée et qui allait du Sénégal à la Sierra Leone, jusqu'à Lagos, au Nigeria. Mais le créole s'est plus développé entre la Sierra Leone et le Sénégal, surtout le sud de la Mauritanie. Là, on a parlé ce créole pendant 300 ans", selon les explications du conférencier.
Pour Dominique Dabo, il y a un intérêt à valoriser toutes les langues, car "toutes les langues s'équivalent, parce que c'est des moyens de communication. Que chacun, là où il est, parle sa langue et la vivifie à travers des événements culturels. Ça ne fait que nous renforcer, One love, One unity. Si nous nous unissons, chacun dans sa langue, on parle les langues des autres, on s'accepte. C'est ce fait culturel majeur et important qui permet aux gens de se brasser", a-t-il martelé.
Victoria Elisabeth, présidente de l'association F’Kréol, abonde dans le même sens. Elle voit dans ces festivités une manière de connecter tous les peuples créolophones autour du monde. "On sait qu'il y a plus de 30 pays créolophones dans le monde, plus de 12 millions de locuteurs créolophones et on trouve même du créole en zone Asie. Donc, le créole est présent sur quasiment tous les continents. On veut permettre cette connexion parce qu'on est un peu dispersé aujourd'hui".
Pour la présidente de l'association F’Kréol, le but est de redonner au "créole toute sa place au sein de l'humanité. Parce que ce sont des langues qui, bien qu'elles soient présentes partout dans le monde, ont été beaucoup discriminées. Donc, aujourd'hui, on veut les remettre au même niveau que toutes les autres langues et les institutionnaliser de façon à ce que tout le monde s'exprime en créole et se sente à l'aise et légitime de s'exprimer en créole". D'où son appel aux dirigeants des pays où cette langue est parlée à côté du créole français, du portugais, etc.
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